Amazon : nouvelle amende de 32 millions d’euros pour avoir espionné ses employés en France

Amazon, le géant du commerce en ligne, a été condamné en France à une amende de 32 millions d'euros pour avoir violé le droit à la vie privée de ses employés dans ses entrepôts. L'amende a été imposée par la CNIL qui a accusé Amazon de surveiller excessivement ses employés et de ne pas supprimer correctement leurs données.

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La CNIL, l'autorité française chargée de la protection des données, a déclaré qu'Amazon, par l'intermédiaire de sa filiale Amazon France Logistique, utilisait des scanners pour suivre les performances et le comportement de ses travailleurs. Amazon surveillait notamment la vitesse à laquelle ils scannaient les articles, le nombre de pauses qu'ils prenaient et le temps qu'ils passaient à ne rien faire.

La CNIL a déclaré que ces indicateurs ne reposaient pas sur un intérêt légitime, mais plutôt sur une surveillance excessive qui soumettait les travailleurs à une pression constante et permettait à Amazon de réaliser des gains économiques.

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Amazon surveillait les performances des employés de ses entrepôts

Amazon aurait notamment suivi la vitesse à laquelle les travailleurs scannaient les articles, la norme étant de 1,25 seconde, afin de différencier les erreurs probables de la production d'un travail de qualité. Tout article scanné moins de 1,25 seconde après le scannage de l'article précédent indiquait un plus grand risque d'erreur de la part du travailleur.

La CNIL a également indiqué qu'Amazon avait conservé les données pendant au moins 31 jours, ce qui était trop long, et qu'elle n'avait pas informé les travailleurs et les visiteurs de la surveillance, ce qui constituait une violation du RGPD. Pour rappel, le RGPD est la loi sur la protection des données de l'Union européenne qui est entrée en vigueur en 2018, et qui donne aux gens plus de contrôle sur leurs données personnelles et impose de lourdes amendes aux organisations qui en font un mauvais usage.

Il en va de même pour les mesures des temps d'arrêt de l'entreprise, qui, selon la CNIL, exigent des travailleurs qu'ils justifient chaque interruption, même si elle n'est que d'une minute. Chaque employé était donc véritablement espionné toute la journée.

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La CNIL a indiqué qu'elle avait décidé d'infliger une amende importante à Amazon parce que le contrôle des travailleurs était différent des méthodes traditionnelles, car il était mis en œuvre à grande échelle, de manière exhaustive et permanente, et conduisait à un contrôle très étroit et détaillé du travail des travailleurs. La CNIL a ajouté que ce type de contrôle était illégal et nuisait à la dignité et aux droits des travailleurs.

Amazon réfute les accusations de la CNIL

Amazon a déclaré dans un communiqué être en profond désaccord avec les conclusions de la CNIL, qu'elle a qualifiées de “factuellement incorrectes”. Amazon a déclaré qu'elle se réservait le droit de faire appel de l'amende et que ses systèmes de gestion d'entrepôt étaient conformes aux normes du secteur et nécessaires pour garantir la sécurité, la qualité et l'efficacité. Amazon a déclaré qu'elle respectait la vie privée de ses travailleurs et qu'elle se conformait au RGPD.

L’entreprise affirme également qu'une telle efficacité serait impossible sans l'utilisation de ces scanners, car elle vise à déplacer des dizaines de milliers d'articles en permanence tout en garantissant des normes de qualité minimales. Amazon a aussi fait valoir que l'utilisation de systèmes de gestion d'entrepôts était une pratique courante dans le secteur et que ses systèmes étaient conformes aux réglementations européennes et françaises applicables.

Ce n'est pas la première fois qu'Amazon est confronté à des problèmes sérieux en France. En 2020, le géant de la technologie a temporairement suspendu toutes ses activités dans le pays après qu'un tribunal français a estimé qu'il ne faisait pas assez pour protéger ses travailleurs contre le virus Covid-19.


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