La découverte de cette “licorne cosmique” défie les lois de l’espace, voici pourquoi
Un corps céleste aux propriétés exceptionnelle vient d'être découvert. Face à toutes ses particularités, les chercheurs admettent qu'il s'agit d'un mystère. Ils cherchent désormais à le percer.

“L'univers a ses mystères” chantait Mylène Farmer en duo avec Seal en 2011. Des paroles totalement d'actualité 14 ans plus tard, alors que les découvertes scientifiques sur ce qui nous entoure s'enchaînent au grès des avancées en matière d'observation de l'espace.
Ce qui frappe, c'est que dans l'immense majorité des cas, on se “contente” de repérer un astre au comportement totalement atypique, sans pouvoir l'expliquer. Celui dont il est question ici est tellement unique qu'il défie les lois de l'astrophysique telles que nous les connaissons.
Appelé CHIME J1634+44, du nom du télescope qui a permis sa découverte, il s'agit avant tout d'une étoile morte. Qu'elle soit à neutrons ou bien des naines blanches, elles présentent des particularités communes.
Par exemple leur masse extrême, une à deux fois celle du Soleil, le fait qu'elles tournent sur leur axe à une vitesse élevée qui ralentit au fil du temps, ou encore qu'elles émettent des ondes radio. Celui-ci ne fait rien comme les autres.
Des scientifiques ont découvert un corps céleste unique en son genre
Déjà, CHIMEJ1634+44 est ce qu'on appelle un transitoire radio à longue période, ou LPT en anglais (Long Period Radio Transient). C'est une catégorie récente encore méconnue regroupant les objets célestes émettant des impulsions d'ondes radio répétées, sur des intervalles allant de quelques minutes à quelques heures. Bien plus long que ce à quoi on est habitué avec les pulsars, des étoiles à neutrons tournant très rapidement sur elles-mêmes.
Ici, les signaux sont réglés comme du papier à musique. “On pourrait qualifier CHIME J1634+44 de « licorne », même parmi les autres LPT. Les pulsations semblent se répéter toutes les 14 minutes, ou 841 secondes, mais il existe une période secondaire distincte de 4 206 secondes, soit 70 minutes, exactement cinq fois plus longue“, explique Fengqiu Adam Dong de l'observatoire de Green Bank. Ce n'est pas la seule particularité de l'astre cela dit.
CHIME J1634+44 recèle énormément de secrets
Au lieu de présenter une vitesse de rotation de moins en moins rapide, celle de CHIME J1634+44 accélère. Cela a déjà été observé dans le cas d'étoiles mortes accompagnées d'une seconde dont elles se “nourrissent”, les deux orbitant chacune autour de l'autre. Ce mouvement provoquent l'envoi de vagues gravitationnelles.
C'est le cas ici, sauf qu'encore une fois, CHIME J1634+44 se distingue par l'émission de vagues à la trajectoire parfaitement circulaires. Imaginez un tire-bouchon pour vous la représenter. Un phénomène extrêmement rare et surtout jamais vu chez une étoile à neutrons ou une naine blanche.

Comme si ça ne suffisait pas, ces pulsations arrivent par paires, et à un intervalle particulier. “Le temps entre les paires d'impulsions semble suivre un schéma chorégraphié“, observe Harish Vedantham, astronome d'ASTRON. “Nous pensons que ce schéma contient des informations cruciales sur la manière dont le compagnon déclenche l'émission d'ondes radio par la naine blanche“.
Repéré simultanément par deux équipes distinctes à l'aide d'appareils différents, CHIME J1634+44 est en effet considérée comme une étoile à neutrons par l'une, comme une naine blanche par l'autre. Une divergence qui n’empêche pas les scientifiques d'être d'accord sur un point : le corps céleste est une énigme.
“La découverte de CHIME J1634+44 élargit la population connue de LPT et remet en question les modèles existants d'étoiles à neutrons et de naines blanches, suggérant qu'il pourrait y avoir beaucoup plus d'objets de ce type en attente de découverte“, précise Fengqiu Adam Dong.
“Une surveillance continue devrait nous aider à décoder ces comportements, mais pour l’instant, nous avons un véritable mystère entre les mains“, résume de son côté Harish Vedantham, l'un des astronomes ayant découvert l'objet. Il reste du temps pour arriver à comprendre comment fonctionne CHIME J1634+44, l'univers n'est pas prêt de disparaître.

