Les enfants apprennent mieux sur papier que sur écran, cette étude pourrait faire du bruit

Alors que les écoles accélèrent leur adoption des nouvelles technologies, une étude jette un pavé dans la mare en démontrant que les enfants apprennent mieux à partir d'un support papier que depuis un écran. Des conclusions qui pourraient avoir des conséquences importantes.

Enfant qui etudie
Crédits : 123RF

L'école doit-elle forcément s'équiper des nouvelles technologies ? Chacun aura son opinion sur la question, mais force est de constater que dans les faits, la réponse est plutôt oui. Les manuels imprimés et les stylos sont de plus en plus remplacés par des PC portables, des Chromebooks ou des tablettes, tandis que de nombreux outils numériques sont utilisés pour établir l'emploi du temps des élèves, récolter les devoirs, les noter… Dans certains cas, cela prend des proportions assez extrêmes, comme cet établissement où le principal a été remplacé par une intelligence artificielle.

L'adoption des appareils modernes et des méthodes d'enseignement qu'ils permettent de mettre en place a connu un boom forcé durant l'année scolaire 2019-2020, fortement impactée par la pandémie mondiale de Covid-19. Pas question d'approuver ou non, l'apprentissage à distance par écrans interposés était alors une obligation. Spontanément, nous avons tendance à nous dire que ce ne sont pas des conditions idéales, mais encore faut-il pouvoir le démontrer. Une équipe du Teachers College de l'université Columbia à New York a justement voulu en avoir le cœur net.

Chez les enfants, l'apprentissage est plus efficace depuis un support papier que depuis un écran

Pour mener leur étude, les chercheurs ont sollicité 59 enfants âgés entre 10 et 12 ans. Une tranche qui n'a pas été choisie au hasard puisqu'elle correspond à une période “critique dans le développement de la lecture”, où l'on passe du “apprendre à lire” à “lire pour apprendre”. Chaque participant enfile sur sa tête un filet parsemé d'électrodes mesurant les variations des réponses cérébrales.

Dans un premier temps, les enfants lisent un texte imprimé sur du papier, ou le même, mais affiché sur un écran. Après chaque lecture, ils effectuent des “tâches de jugement sémantique sur un seul mot” afin de mesurer la profondeur de codage sémantique. En clair : est-ce que les enfants ont bien compris ce qu'ils ont lu ou non.

Les résultats “mettent en évidence des différences dans les réponses cérébrales aux textes présentés sous forme imprimée et numérique, notamment un codage sémantique plus profond pour les textes imprimés que pour les textes numériques”. Les enfants apprennent donc mieux à partir d'un format papier. L'étude montre en effet que “la lecture de textes explicatifs et complexes sur papier semble systématiquement associée à une compréhension et un apprentissage plus approfondis”.

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Les conclusions de la recherche, qui pourraient potentiellement remettre en cause l'adoption massives des nouvelles technologies dans les écoles, sont cependant nuancées. “Nous pensons qu'il est trop tôt pour formuler un ensemble de recommandations pour l'adaptation [des résultats de l'étude] en classe. Cependant, nous pensons que […] nous ne devrions pas encore jeter les livres imprimés, puisque nous avons pu observer […] un avantage dans la profondeur du traitement lors de la lecture à partir d’une impression”.

Les équipes précisent aussi que “l’observation d’un potentiel avantage [pour le support imprimé] n’annule pas l’avantage d’un accès rapide à l’information qui pourrait être soutenu par la lecture numérique”. Elles soulignent enfin que les supports numériques peuvent être bénéfiques aux enfants présentant des troubles de la lecture.

L'utilisation des nouvelles technologies à l'école est déjà remis en question

Il existe plusieurs exemples d'établissements ayant choisi de résister aux sirènes du tout numérique. En Suède, une école a vite déchanté après l'introduction des tablettes, qu'elle accuse de faire chuter les performances des élèves. On se souvient également du projet un peu fou d'Altschool, où tous les professeurs étaient des ordinateurs. L'aventure a rapidement pris fin après son lancement. Et que dire de l'utilisation des smartphones en classe, sources de distraction importantes. Certaines écoles testent des solutions alternatives, tandis que des organisations cherchent simplement à les bannir.

Notons enfin un point important : la recherche dont il est question ici est en phase de pré-publication. Cela veut dire qu'elle doit être analysée par plusieurs experts afin de vérifier qu'elle ne présente pas de faille méthodologique ou d’interprétation. Ce n'est qu'après qu'une revue décidera de publier l'étude, ce qui équivaut à une validation de sa légitimité.


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