Interdire les smartphones à l’école ? Celle-ci a une idée plus subtile

Plutôt que d'interdire purement et simplement les smartphones à l'école, l'une d'elle a mis en place un système plus nuancé. Au bout d'un an, force est de constater que les résultats sont positifs. Mais la méthode n'est pas forcément applicable dans tous les établissements.

Smartphone pendant les cours
Crédits : 123RF

Pour ou contre le smartphone à l'école ? Non, le but n'est pas que votre repas finissent en bataille rangée. De toute manière, le gouvernement a voté l'interdiction des mobiles dans les écoles et les collèges en 2018 et la grande majorité des français était pour. Ce n'est pas le seul pays à agir de la sorte d'ailleurs. En Europe, d'autres ont fait de même en ajoutant les montres connectées à la liste des appareils à bannir. Si l'on pose la question, c'est pour imaginer des solutions alternatives à l'interdiction pure et simple. Est-ce que ça pourrait fonctionner ?

Un collège américain situé dans le Massachusetts a lancé une expérience qui dure maintenant depuis un peu plus d'un an. Précisons d'emblée qu'il s'agit d'un établissement privé, dont les moyens sont différents de leur pendant public. Au sein de la Buxton boarding school, c'est son nom, personne n'a de smartphone sur lui, enseignants et personnels inclus, mais tout le monde a un mobile.

La différence est que celui-ci est loin d'être “smart”. Il s'agit d'un Light Phone, un téléphone portable permettant de passer des appels, d'envoyer (lentement) des SMS… et c'est à peu près tout. Il possède bien un genre d'application musicale et un GPS, mais tellement basiques qu'ils en deviennent inutiles.

Cette école remplace les smartphones par autre chose et ça change tout

Quand l'annonce est faite aux élèves, c'est la panique. Comment vont-ils faire ? Mais après la tristesse et la colère vient l'acceptation. Tout le monde s'habitue à l'absence de smartphone et les résultats sont visibles rapidement au niveau social. “Les gens se parlent dans les salles de pause. Ils s’attardent après les cours pour discuter. Toutes ces interactions en face-à-face, leur fréquence a explosé”, constate Peter Beck, directeur du collège. Il n'a jamais autant discuté avec les élèves et les équipes que depuis le passage aux Light Phone.

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Autre effet notable, les inscriptions à certains cours ont parfois triplé. C'est le cas du cours de photographie où l'on apprend à utiliser un appareil à pellicule argentique. Le téléphone portable de prêt n'a pas de capteur photo après tout. En revanche, impossible de savoir si la nouvelle politique de la Buxton boarding school a eu un effet sur les performances scolaires. L'établissement utilise un système de notation spécifique qui ne permet pas les comparaisons de ce type.

Interdire les smartphones ou les remplacer ? La question est complexe

Appliquer cette méthode aux écoles publiques est tentant. Comme le dit Nina Marks, enseignante, en parlant des smartphones : “si vous considérez les gens comme des drogués, vous devez remplacer ça par autre chose”. Se pose alors la question du financement d'une telle opération à grande échelle, d'autant que l'enveloppe pourrait être utilisée ailleurs. “S'il y avait plus d'argent à dépenser, plutôt que d'acheter un autre appareil à chaque enfant, je leur donnerais un journal et des marqueurs peinture”, imagine Marks.

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Et il ne faut pas croire que tous les professeurs veulent bannir les smartphones, au contraire. En 2022, un sondage effectué auprès d'écoles dans l'Illinois montre que 70 % d'entre eux pensent que les étudiants devraient être autorisés à en avoir un au sein de l'établissement. Un anonyme résume son raisonnement : “Nous ne leur apprenons pas à être responsable en les gardant [les mobiles, ndlr] pour la journée”.

Pourquoi ne pas s'en servir comme d'un support justement ? C'est ce que pense Ian Tomombulak, conseiller d'orientation. “Ils ont du mal avec le téléphone, mais ils ne l’ont pas inventé. Ils ne l'ont pas acheté. Si l’école est un endroit où l’on est censé apprendre à faire des choses, alors l’utilisation des technologies doit faire davantage partie du programme scolaire”. Au final, même Joe Hollier, l'un des fondateurs de Light Phone, estime qu'il s'agit surtout de “trouver l'équilibre qui vous correspond, que ce soit un Light Phone, un iPhone simplifié ou autre chose”. Le débat reste ouvert.

Source : The Guardian


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