Tesla : pourquoi la baisse des prix n’est pas une bonne nouvelle pour l’industrie automobile chinoise

La guerre des prix déclarée par Tesla depuis ces derniers mois n'est pas sans conséquence sur la santé de l'industrie automobile chinoise. Pour rester compétitifs et répondre aux exigences toujours plus élevées des constructeurs, les fournisseurs chinois multiplient les mesures drastiques, entre réduction des salaires, travail de nuit et fermetures d'usines dans les cas les plus graves.

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Crédits : Tesla

Depuis le début d'année 2023, Tesla s'est lancée dans une guerre des prix sans merci. Pour Elon Musk, la stratégie est simple : pousser les prix toujours plus bas afin de maintenir un niveau de ventes élevé. Une tactique qui va directement à l'encontre de celle adoptée par la majorité des marques après la fin de pandémie : énormes marges et production extrêmement réduite.

Seulement, quand une guerre des prix est lancée par le premier constructeur mondial de voitures électriques, les concurrents sont forcés de prendre les armes à leur tour. Que ce soit Renault ou encore Volkswagen, ces marques essaient de trouver des solutions pour rester compétitives face à la marque américaine.

Or et d'après une étude publiée par nos confrères de Reuters, ces réductions perpétuelles des coûts des production ont déjà des conséquences dramatiques sur la santé de l'industrie automobile chinoise. Dans le cadre de son enquête, l'agence de presse britannique s'est entretenue avec 10 dirigeants de constructeurs automobiles chinois et de fournisseurs de pièces détachées, ainsi qu'avec sept ouvriers qualifiés (sous couvert d'anonymat).

La guerre des prix de Tesla met à genoux l'industrie chinoise

De ce qu'il en ressort, les témoignages font état d'une industrie à l'agonie et prise à la gorge. Une détresse qui se manifeste par l'instauration de mesures drastiques pour faire des économies, partout où cela est possible. Le cas de Mike Chen, ouvrier pour une coentreprise menée par le géant chinois SAIC et le groupe Volkswagen, est édifiant.

Après l'instauration du travail de nuit et l'arrêt de l'air conditionné (pour réduire les factures d'électricité), les dirigeants de son usine ont effectué des coupes drastiques sur ses primes et sur les heures supplémentaires. Au total, son salaire mensuel a fondu de 30 % par rapport à ce qu'il gagnait en 2016 lors de son embauche. Bien entendu, le cas de Mike Chen est loin d'être isolé. Des millions d'ouvriers spécialisés et de fournisseurs en Chine ressentent déjà les terribles effets de cette guerre des prix sur les voitures électriques.

D'après le média d'état China Automotive News, on compterait plus de 100 000 fournisseurs de pièces automobiles dans le pays. Or et selon une enquête publiée en mars 2023 par la plateforme de vente de pièces Gasgoo, 74 % des acteurs de l'automobile chinoise ont reçu des demandes de la part des constructeurs de réduire leurs coûts de 5 à 10 %.

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Des réductions plus fréquentes et toujours plus importantes

Un pourcentage bien supérieur aux années précédentes, avec des objectifs généralement fixés entre 3 et 5 %. Qui plus est, ces réductions sont d'ordinaire négociées une fois par an, mais en 2023, ces fournisseurs ont été contraints de revoir leur prix à chaque trimestre. D'après des économistes cités par Reuters, le problème est le suivant : si des investissements conséquents ont été réalisés dans les capacités de production chinoises, la demande intérieure est restée à un niveau très faible, la faute notamment à des revenus moyens en berne.

Ainsi, si les exportations ont explosé entre janvier et septembre 2023 de l'ordre de 81 %, les ventes sur le territoire national ont grimpé de seulement 1,7 %, et ce malgré des prix incroyablement bas. Une VW ID. 3 coûtait seulement 16 000 euros en Chine contre 43 000 € en France en juillet 2023 par exemple.

Résultat, plusieurs constructeurs de renom comme Mitsubishi ou Toyota ont décidé de licencier des milliers de personnes après l'effondrement des ventes en Chine. De leur côté, Tesla et son partenaire CATL ont fortement diminué les nouvelles embauches, tandis que Hyundai cherche à se débarrasser de son usine à Chongqing. D'après Reuters, la mauvaise santé de l'automobile chinoise pourrait freiner drastiquement la croissance économique de toute l'industrie au niveau mondial si la situation persiste. 

Source : Reuters


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