Les États-Unis ont peur des nouvelles puces Huawei, mais pourquoi ?

Le gouvernement américain annonce vouloir agir de la manière la plus forte possible après la sortie du Mate 60 Pro de Huawei en août dernier. Qu'est-ce qui explique une telle réaction ?

Huawei Mate 60 Pro (4)
Le Huawei Mate 60 Pro

Le gouvernement américain, par l'intermédiaire de la Secrétaire au Commerce Gina Raimondo, explique que l'avancée technologique de Huawei en matière de puces mobiles est “profondément inquiétante”. Pour comprendre ces propos, il faut remonter quelques années en arrière, en 2019 pour être précis. À ce moment-là, Donald Trump est le président des États-Unis. En mai, il signe un décret interdisant aux entreprises de télécommunication américaines de traiter avec des entités étrangères jugées “à risque”. Aucune n'est nommée, mais le constructeur chinois Huawei est clairement dans le viseur. La firme finit d'ailleurs sur liste noire.

C'est un coup dur pour Huawei qui ne peut plus compter sur l'importation de composants et de machines afin de fabriquer des smartphones 5G. Les modèles sortis par la suite comme la série des P50 ou les Mate 50 embarquent bien une puce Qualcomm, donc américaine, mais modifiée pour ne pas pouvoir capter la 5G. Sachant que Huawei a quand même dû obtenir une autorisation préalable. L'embargo a également abouti à la suppression des services Google sur les mobiles de la marque, l'obligeant à développer son propre système d'exploitation, HarmonyOS.

Huawei contourne illégalement les sanctions américaines selon les Républicains

Malgré toutes les mesures prises par les États-Unis, Huawei semble trouver le moyen de passer outre. Pour fabriquer ses propres puces 5G, la firme a besoin de machines de lithographie, la plupart du temps protégées par des brevets américains. Elle embauche alors d'anciens employés de la société néerlandaise spécialisée ASML.

Huawei récupère ainsi des machines DUV (Deep Ultraviolet Lithography) et crée le processeur HiSilicon Kirin 9000S 7nm en s'associant à l'entreprise chinoise Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC). On retrouve la puce dans le Mate 60 Pro sorti en août 2023, et c'est un smartphone 5G. Théoriquement, cela n'aurait pas dû être possible.

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Voilà pourquoi les États-Unis s'inquiètent : selon le gouvernement, Huawei a délibérément violé les mesures américaines pour parvenir à créer une puce 5G. Mais est-ce vraiment le cas ? La question est complexe et se joue au millimètre près, au sens littéral.

Techniquement, les fabricants de machines EUV (Extreme Ultraviolet Lithography) ont l'interdiction d'en fournir à la Chine. Ce sont ces engins qui servent à fabriquer les puces 3 ou 4nm, que l'on retrouve dans les Pixel 8 ou les iPhone 15 par exemple. En revanche, exporter des machines DUV vers l'Empire du Milieu est généralement autorisé. Elles sont limitées à une finesse de gravure de 7nm.

Les États-Unis veulent prendre des mesures fortes contre Huawei

Les Républicains n'ont que faire de ces considérations et appellent la Secrétaire du Commerce à lancer une enquête formelle. Gina Raimondo n'a ni confirmé, ni infirmé le déclenchement d'une procédure : “nous devons recueillir des informations. Donc à ce stade, tout ce que je dirai, c'est que c'est préoccupant et que nous prendrons toutes les mesures les plus fortes possibles afin de protéger l'Amérique”, déclare-t-elle à la presse.

De son côté, la Chine y voit une énième manière de freiner le pays dans son développement technologique. Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, estime que “les États-Unis ont abusé à maintes reprises des mesures de contrôle des exportations, ce qui n’est pas dans l’intérêt des chaînes d’approvisionnement mondiales et industrielles”. Les Républicains souhaitent que Huawei et SMIC, qui a fabriqué la puce, ne puissent plus du tout se fournir auprès d'entreprises américaines. Un embargo total en somme.

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À ce stade, difficile de prévoir ce qu'il va se passer. Les regards se tournent également vers la société néerlandaise ASML. Lorsque l'on demande à Gina Raimondo si une collaboration est envisagée dans le cadre d'une investigation potentielle, elle botte en touche. Si enquête il y a, “nous parlerions avec nos alliés, nous parlerions avec les entreprises, nous parlerions avec nos sources sur le terrain, etc”. La Secrétaire précise toutefois : “nous sommes en contact assez régulier avec les Pays-Bas et avec ASML car ce sont nos partenaires dans ces contrôles des exportations. Je leur parle assez régulièrement, pas seulement de cette [possible] enquête”.

Source : Bloomberg


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