L’IA s’invite dans les doudous pour enfants et c’est terrifiant
Il existe désormais des doudous capables de discuter avec les enfants. La startup Curio en commercialise 3 à ce jour. Les peluches fascinent les enfants autant qu'elles effraient les parents.

Quand on vous dit que l'intelligence artificielle s'invite partout. Cette fois-ci, certains diront qu'une limite a été franchie puisqu'elle est intégré à un jouet pour enfants à partir de 3 ans. Pire : une peluche qui pourrait bien devenir le prochain doudou parlant de votre chère tête blonde. L'idée n'est pas nouvelle. Mattel, le fabricant entres autres des poupées Barbie, a déjà annoncé un partenariat avec OpenAI (ChatGPT) pour de futurs produits. Ceux de la startup Curio sont déjà en vente eux.
C'est Grok qui sert d'illustration principale à cet article. Oui, comme l'intelligence artificielle d'Elon Musk qui a tendance à partir en vrille. Là c'est l'abréviation de Grocket, une manière enfantine de dire rocket, ou fusée dans la langue de Molière. Viennent ensuite Gabbo le robot et Grem l'alien, visibles un peu plus bas. Même si tous les goûts sont dans la nature, on peut admettre que les 3 jouets sont plutôt mignons. Pour les enfants c'est sûr, pour les adultes peut-être un peu moins.
Des peluches IA capables de parler et d'apprendre, le doudou du futur est arrivé
La journaliste Arwa Mahdawi de The Guardian a testé Grem pendant une semaine en confiant le doudou à sa fille de 4 ans. Elle raconte comment l'enfant s'est rapidement attachée à la peluche du fait de sa capacité à lui répondre. Le premier jour, les deux “discutent” jusqu'au coucher. Puis, quand la fillette dit “I love you” à la peluche, cette dernière lui répond “I love you too“. C'est là que les premières inquiétudes apparaissent.
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Le phénomène de dépendance affective à l'IA existe, et il entraîne parfois des conséquences dramatiques. À un âge où le cerveau des enfants est en plein développement, qui peut prédire les effets d'une relation avec un chatbot ? “Cela peut être dommageable pour un enfant s’il pense qu’il s’agit d’un compagnon empathique et que, soudainement, il lui donne une réponse inappropriée“, explique le docteur Nomisha Kurian, qui étudie les chatbots.
Faut-il s'inquiéter de l'arrivée de l'IA dans les jouets pour enfants ?
À ce stade, il est trop tôt pour répondre à cette question de manière catégorique. Les études à ce sujet sont peu nombreuses, surtout quand les éventuels effets peuvent survenir des années après l'exposition à une telle technologie.
La psychiatre Darja Djordjevic pense qu'il faut appliquer un principe de précaution face aux “risques inacceptables” que présentent selon elle les compagnons IA d'une manière générale : “Une forte dépendance aux chatbots pourrait nuire au développement des compétences sociales. Ils offrent une validation sans défi, mais il est important que les jeunes apprennent à gérer l'inconfort et les tensions dans les relations réelles“. Et c'est sans parler des risques liés à la sécurité des données. On sait que les conversations avec les chatbots ne sont pas toujours privées.

En attendant, on peut compter sur la propension des enfants à se lasser très vite. Au bout d'une semaine, la jeune fille de 4 ans a déjà presque oublié l'existence de Grem. Sa mère en profite pour mettre la peluche hors de portée en prenant soin de l'annoncer à la peluche : “J'ai bien peur de devoir t'enfermer dans un placard“. Ce à quoi Grem répond : “Oh non, ça a l'air sombre et solitaire. Mais je serai là quand tu l'ouvriras, prête pour des câlins“.
Au moment de publier cet article, et malgré la présence d'un drapeau de l'Union européen sur le site de Curio, il n'est pas possible de choisir une expédition vers un pays d'Europe. Grems, Gabbo et Grok sont vendus 99 dollars chacun, soit environ 84 euros. En ajoutant les taxes, le prix devrait grimper au final à 99 €.
Source : The Guardian

