Si nous n’avons encore jamais rencontré d’aliens, on sait déjà comment les classifier

De Perseverance à Ingenuity, en passant par Cassini-Huygens, la quête de traces de vie extraterrestre est l’un des moteurs de l’exploration spatiale. Mais comment détecter les aliens si nous n’en avons jamais rencontrés ? Et s’il existait une classification qui le permettrait… On vous explique.

Disque d’accrétion incliné autour d’un trou noir par un artiste.
Crédit : ICRAR

L’Univers est une énigme insondable, surtout lorsqu’il s’agit de détecter des civilisations aliens. Pourtant, notre galaxie est âgée de 13 milliards d’années et quelques 100 000 mondes présumés pourraient abriter des civilisations extraterrestres intelligentes au sein de la Voie lactée.

Cependant, le grand silence des civilisations aliens interroge : malgré les avancées majeures des dernières années, la recherche de traces de vie extraterrestre reste vaine. Mais pour trouver des aliens, encore faudrait-il savoir quoi chercher. Et si certains scientifiques extrapolent les conditions nécessaires au vivant sur Terre pour trouver des stigmates de vies extraterrestres ; d’autres imaginent une classification des civilisations. Mais sur quel principe est-elle fondée ?

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Une échelle pour classifier les civilisations

Trouver des traces de vie alien dans un Univers aussi vaste et ancien revient à chercher des civilisations pouvant émerger à des millions d’années d’intervalle, à des années-lumière les unes des autres et exister selon différents stades d’évolution.

Plusieurs critères permettent d’évaluer l’évolution d’une civilisation : sa transition démographique, ses progrès technologiques… Il serait donc possible de déterminer une classification des civilisations, terrestres comme extraterrestres. L’objectif ? Établir un cadre conceptuel permettant de mieux détecter les aliens. Encore faut-il trouver un critère de comparaison du progrès fiable et quantifiable.

On peut mesurer les progrès de l'Humanité de façon très précise grâce à la quantité d’énergie utilisée et la manière dont on l’a rendue exploitable :  de l’énergie musculaire, aux énergies fossiles, en passant par celles éolienne ou hydraulique, notre capacité à consommer de l’énergie a été exponentielle. Ainsi, plus une civilisation serait avancée, plus sa capacité à exploiter de l’énergie accroîtrait. Il est facile d’imaginer que de potentielles civilisations aliens suivent un schéma semblable.

L’idée serait donc de classifier les civilisations extraterrestres selon leur niveau de consommation d’énergie. C’est sur ce principe que repose cette célèbre méthode de classification : l’échelle de Kardachev.

L'échelle de Kardachev : une classification des civilisations en trois types

L’astronome Nikolaï Kardachev publie en 1964 « Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations ». Il y propose une classification des civilisations selon leur capacité énergétique. Ainsi naît l’échelle de Kardachev :

  • Type I : civilisation planétaire capable de consommer toute l’énergie disponible sur sa planète, soit environ 1016 W (c’est-à-dire 10 millions de milliards de watts).
  • Type II : civilisation stellaire capable de consommer toute l’énergie de son étoile, soit environ 1026 W. Être capable d’exploiter et stocker une telle énergie relèverait quelque peu de la science-fiction, mais cela serait concevable avec des concepts tels qu’une sphère de Dyson, une structure hypothétique immense enveloppant l’étoile.
  • Type III : civilisation galactique capable de capter toute l’énergie émise par sa galaxie, soit environ 1036W.
Estimation de la consommation d'énergie dans les trois types de civilisations définis par l'échelle de Kardachev
Crédit : Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0

Et on pourrait même envisager un quatrième échelon « multigalactique », où l’énergie serait issue d’un ensemble de galaxies. Mais une fois que l’on sait cela, qu’en est-il de la civilisation humaine ?

Où en est la civilisation terrienne ?

Si l’on reprend les trois types de l’échelle de Kardachev et qu’on les applique à l'Humanité, voici ce que cela donnerait :

  • Pour être une civilisation planétaire, l’Humanité devrait être capable de consommer les 1,74 x 1016W de la Terre (énergies fossiles, nucléaires, solaires…).
  • Pour être stellaire (type II), ce serait les 4 x 1026W du Soleil.
  • Pour être galactique (type III), ce serait les 1037W de la Voie lactée.

En 2019, l’Humanité était au palier 0,729 sur l’échelle de Kardachev d’après Jonathan H. Jiang dans son article de 2022, « Avoiding the Great Filter : Predicting the Timeline for Humanity to Reach Kardachev Type I Civilization », disponible sur arXiv. Avec son équipe, l’astrophysicien au Jet Propulsion Laboratory de la NASA a mis en place un modèle fondé sur la formule K de Carl Sagan, qui a affiné l'échelle en 1973, afin de la rendre plus exploitable. Elle permet de rendre plus compréhensibles les nombres de l’échelle de Kardachev : on distingue les types de civilisations comme KI, KII et KIII et on admet des valeurs intermédiaires.

Trois sources d’énergies principales ont été prises en compte par les scientifiques pour estimer la date à laquelle l’Humanité atteindrait KI : les énergies fossiles, nucléaires et renouvelables. Ils les ont pondérées selon les limites environnementales nécessaires pour préserver la planète, c’est-à-dire privilégier le nucléaire et les énergies renouvelables pour réfréner l’usage des combustibles fossiles.

Selon leurs estimations, l’Humanité n’atteindrait le type I « pas avant 2371 ». Encore faut-il que la Terre reste viable d’ici là

Réussirons-nous à franchir le grand filtre pour atteindre le type I ?

2371 : cette date est une estimation fiable, mais elle pourrait être amenée à évoluer selon les événements à venir :

  • La maîtrise de la fusion thermonucléaire serait un bond technologique qui accélérerait le processus ;
  • En revanche, un astéroïde l’avorterait.

Pour Jiang, le principal problème reviendrait à franchir le Grand Filtre, une hypothèse à double tranchant postulant la fin ou l’essor de l’Humanité vers l’infini et l’au-delà. Il s’agit donc désormais d’estimer nos chances de survie.

Évolution de l'Humanité
Crédits : Adobe Stock

Pour ce faire, les scientifiques ont bâti leurs simulations sur différents scénarios catastrophes : guerres nucléaires, pandémies, impacts d’astéroïdes ou encore intelligence artificielle. Les simulations semblent converger dans un même sens : la fin de la civilisation terrienne avant qu'elle n'atteigne l’échelon KI. Afin de survivre et ainsi espérer que l’Humanité soit un jour une civilisation planétaire, notre évolution ne pourra se faire qu’au profit d’un changement majeur de notre mode de vie énergétique.

Échapperons-nous au Grand Filtre ou est-il déjà trop tard… Seul l'avenir nous le dira.

Source : Science et Vie


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