Cette photo est historique, c’est la première fois qu’on faisait atterrir une sonde sur un astre aussi lointain et mystérieux

Apollo 11, Voyager 1 et 2, Curiosity… L’exploration spatiale fascine et les missions se multiplient. Mais avant 2005, jamais une sonde n’avait atterri sur un astre aussi lointain et mystérieux. Le récit de cette folle épopée dans 3, 2, 1… Décollage !

La descente de Huygens vers la surface de Titan
Crédit : ESA/NASA/JPL/University of Arizona

14 janvier 2005 : c’est la première fois qu’une sonde se pose sur un astre aussi lointain. Ce n’est pas la première mission spatiale, mais elle est l’une des plus folles jamais accomplies.

Tout commence avec Voyager 1. Bien avant de faire rêver les milliardaires, l’exploration spatiale répondait à l’appel du progrès scientifique. Initialement lancée pour étudier les confins du système solaire et ses planètes géantes, les scientifiques dévient sa trajectoire, intrigués par un astre singulier. Et leur découverte va donner naissance à une mission encore plus ambitieuse…

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La mission la plus titanesque de l'histoire de l'exploration spatiale

15 octobre 1997 : une fusée Titan IVB Centaur, le lanceur le plus puissant de l’époque, décolle de Floride. À son bord, le fruit d’une collaboration historique entre la NASA, l’ESA et l’ASI :

  • Cassini, vaisseau-orbiteur de la Nasa : quasiment 7 mètres de haut pour 4 de large, près de 6 tonnes (soit 7 fois plus que Voyager !), sonde et carburant compris.
  • Huygens, sonde de l’aérospatial français.

Ce sont deux bijoux technologiques : mémoire numérique, radars, spectromètres infrarouges… et moteurs d’une poussée de 50 kg (un record de puissance pour l’époque !).

La sonde Huygens intégrée à l'orbiteur Cassini
Crédit : ESA/NASA

Un périple de 7 ans s’amorce, mais ce n’est pas la géante aux anneaux qui intéresse les scientifiques… Pour accélérer et atteindre Saturne, Cassini a dû jouer avec la gravité des autres planètes : c’est la fronde gravitationnelle.

Tension palpable, silence inquiet… La mission a connu son lot de défis, rebondissements et péripéties :

  • L’endommagement du bouclier thermique de Huygens menaçant le lancement,
  • Une incompatibilité de fréquences pouvant compromettre la communication des deux engins,
  • Une traversée des anneaux saturniens pour la mise en orbite de Cassini risquant la destruction,
  • Trois semaines de silence suivant le largage de Huygens

14 janvier 2005 : Huygens réussit à se poser sur cet astre, catalyseur de la curiosité et de la détermination d’une centaine de scientifiques de 18 pays. Pour la première fois, une sonde atterrit sur Titan.

TITAN, ASTRE LE PLUS LOINTAIN JAMAIS ATTEINT

Titan, c’est :

  • Un astre de -180 °C à la surface, découvert en 1655 par Christiaan Huygens – Jean-Dominique Cassini ayant découvert que les anneaux de Saturne étaient plusieurs.
  • Une lune de 5 150 km de diamètre, plus grande que Mercure,
  • La plus grande lune de Saturne et la deuxième plus grande du système solaire,
  • Une énigme insondable des siècles durant

En 1982, sans pouvoir la percer, Voyager 1 confirme l’existence de l’exceptionnelle atmosphère de Titan. Pour contrer l’opacité, Cassini est équipé de caméras infrarouges. Flous, mais révolutionnaires, les premiers clichés arrivent.

La diversité de la surface sur Titan, premières données radar, 26 octobre 2004
Crédit : NASA/JPL.

Huygens révèle en 2005 un paysage déroutant, fait de galets de glace et de dunes organiques. En 13 ans et comme un puzzle, plus de 60 % de la surface de Titan est cartographiée, grâce aux données inédites collectées.

Voir Titan avec des yeux infrarouges
Crédit : NASA/JPL-Caltech/University of Nantes/University of Arizona

Son atmosphère, ses paysages étonnants, sa structure géologique et sa chimie organique confèrent à Titan une singularité qui en fait le candidat idéal pour la quête d’une vie extraterrestre.

Titan, candidat parfait à la quête de la vie extraterrestre ?

L’atmosphère titanienne riche en azote et méthane suscite une hypothèse : l’atmosphère primitive de la Terre était-elle similaire ? Par extrapolation des conditions terrestres nécessaires au développement du vivant, les scientifiques scrutent la présence d’eau, nutriments, sources d’énergie et d’un environnement stable.

Nouvelle surprise en 2006 : Cassini découvre au pôle nord de Titan des étendues d’hydrocarbures liquides, surtout du méthane, qui obéit à un cycle dynamique semblable à celui de l’eau sur Terre : évaporation, condensation, pluies…

Mers et lacs sur Titan
Crédit : centre : NASA/JPL-Caltech/ASI/USGS ; gauche et droite : NASA/ESA. Remerciements : T. Cornet, ESA

En 2009, Cassini observe même des saisons et la formation de dunes de tholine, que les scientifiques parviennent à reproduire en laboratoire. Ce matériau polymérique est une macromolécule complexe composée de carbone, azote et hydrogène essentielle à la formation des acides aminés, piliers du vivant. Titan pourrait-il héberger la vie ? Faudrait-il encore y trouver de l’eau… Et il se pourrait bien que sous sa croute de glace, Titan abrite un océan d’eau. Il serait donc structuré ainsi :

  • Un noyau rocheux,
  • Une couche de glace,
  • Un océan d’eau liquide,
  • Une croute de glace en surface recouverte de matière organique complexe.
Possible scénario de la structure interne de Titan
Crédit : Angelo Tavani

Titan est donc un objet unique dans le système solaire et l’astre offrant les conditions d’habitabilité les plus propices.

De terriens à titaniens ?

Septembre 2017 : fin de cette épopée avec le crash programmé de Cassini. Une ultime précaution pour protéger de potentielles trace de vie, si elles existent. Mais une nouvelle étude publiée dans la revue Astrobiology s’avère pessimiste quant à la possibilité que Titan puisse abriter la vie : les simulations réalisées suggèrent un impact beaucoup trop faible de comètes pour voir le transfert suffisant de matière organique vers l’océan souterrain. Affaire à suivre…

Et après ? Certains rêvent de colonies humaines sur Titan, de la naissance d’une nouvelle civilisation titanienne, pionnière de l’exploration interstellaire. Mais pour ce faire, de nombreux obstacles devraient être surmontés :

  • Réduire les coûts (avec des fusées réutilisables comme le propose Space X),
  • Raccourcir les temps de voyage (avec des concepts comme le moteur hélicoïdal de David Burns)
  • Protéger les astronautes : radiations, gravité, isolement…
  • Construire des bases autonomes et pérennes: centrales électriques, habitats, permacultures…

Pour l’heure, la prochaine étape semble être le lancement de DragonFly, un drone hélicoptère électrico-nucléaire, en 2028 par le Flacon Heavy de Space X.

L’aventure titanienne ne fait que commencer…

Source : ESA


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