Test du Nokia 8110 : la nostalgie en version reloaded

Après la réédition du 3310, Nokia récidive avec le 8110 qui connut son heure de gloire à grands coups de placement produit dans le film Matrix. Pour être plus précis, ce n’est pas Nokia qui commercialise cette version remise au goût du jour, mais plutôt HMD Global, l’entité finlandaise qui a racheté en 2015 l’activité téléphonie mobile de Microsoft, que Nokia lui avait vendue en 2014 (vous suivez ?)HMD aurait tort de se priver de ce type d’initiative, le rétro et le vintage étant actuellement autant à la mode que le « detox » numérique. Que vaut vraiment le 8110 nouvelle version ? Pour le savoir, nous avons vécu avec lui pendant quelques semaines.

Descendant direct du 8110 originel, la version que nous testons ici affiche un air de famille. Celui-ci provient essentiellement de la courbure de la coque et de la présence d’un clapet coulissant sous lequel se dissimule le clavier. Cette forme caractéristique lui avait valu le surnom de « Banana Phone », impression ici renforcée par la déclinaison jaune vif de la version 2018. Hormis cette forme générale, les deux parents n’ont pas grand-chose en commun.

Fiche technique

CARACTERISTIQUES PRINCIPALES
Format du téléphoneCandy bar
Système d’exploitationKaiOS
Processeur Qualcomm SnapDragon 205
Mémoire interne512 Mo
Mémoire de stockage4 Go Flash (2 Go disponibles pour l'utilisateur)
Support cartes mémoiresMicro SDHC jusqu'à 64 Go
Commandes vocalesGoogle Assistant
Dimensions133,45 x 49,3 x 14,9 mm / 117 g
Étanchéitécertification IP52 (résistance aux éclaboussures)
ÉCRAN
Taille2,4'' incurvé, 240 x 320 pixels (167 ppp)
Tactilenon
MULTIMÉDIA
Appareil Photo Intégréoui
Capteur photo2 Mpxls
Flashoui, LED mono-ton
Lecture musiqueoui
Radio FMoui
Enregistrement vidéooui
RÉSEAU /CONNECTIVITÉ
RéseauLTE Cat. 4, SKU 1(Europe)
2G : 900, 1800
3G : WB-CDMA 1, 5, 8
4G : FDD-LTE 1, 3, 5, 7, 8, 20
SKU2 (APAC, MEA,SSA)
2G : 900, 1800
3G : WB-CDMA 1, 5, 8, 39
4G : FDD-LTE 1, 3, 5, 7, 8, 20
TDD-LTE 39, 40, 41(38)
SIM1 x micro SIM + 1 x Nano SIM
BluetoothBluetooth 4.1
Support de l’infra-rouge (IrDA)non
Prise casquejack 3,5 mm
USBmicro USB 2.0
GPSAssisted GPS
AUTONOMIE
Capacité de la batterie1500 mAh
Autonomie en veille (constructeur)17,7 jours
Autonomie communications (constructeur)7h00 (3G), 9,3 h (VoLTE)

Nokia 8110 (2018) : un air de famille avec l'ancêtre, mais guère plus

Nokia 8110 lancé en 1996
Crédit image : krystof.k (Twitter) & nmuseum (via Wikipedia)

Moins grand et surtout beaucoup plus fin que l’original, le 8110 (2018) se fait rapidement oublier dans une poche. Il est équipé d’un écran non tactile de 2,45’’ légèrement incurvé affichant 320 x 240 pxls (soit 167 ppp) qui reste assez lisible en plein soleil. Le clapet coulissant fait passer automatiquement l’écran en veille lorsqu’il sec ouvre le clavier. Ce dernier est constitué d’une matrice de touches contiguës rétroéclairées, surplombé par une rosace de commande entourée de quatre touches de pilotage (deux de fonctions sous l’écran, deux pour prendre ou terminer un appel). Ce clavier est certes esthétique, mais à notre avis peu commode à utiliser surtout si l’on a de gros doigts et son exiguïté constitue l’un des principaux reproches que l’on adressera au 8110 (2018).

Nokia 8110 (2018) : à l’intérieur, tout change

Le 8110 (2018) est équipé de deux emplacements pour cartes SIM (une micro et une nano) et d’un logement pour carte micro SD (limitée à 64 Go). Le processeur embarqué est un SnapDragon 200 dual-core cadencé à 1,1 GHz épaulé par 512 Mo de mémoire de travail. Le stockage est assuré par une mémoire flash de 4 Go dont un peu plus de la moitié est effectivement disponible pour l’utilisateur. Autre gros changement, la batterie amovible d’une capacité de 1500 mAh (contre 400 mAh pour l’original) censée assurer une excellente autonomie électrique.

Une autonomie très satisfaisante

En activant Bluetooth, Wifi et le GPS, en utilisant régulièrement les fonctions gourmandes en énergie (synchro email et calendrier, visualisation de vidéo, prise de photo) et en passant quelques appels téléphoniques, on tient presque deux jours. Si l’usage est plus modéré (notamment en désactivant le Wifi et le GPS ou en réduisant la visualisation des vidéos), on peut compter entre trois et cinq jours d’autonomie avec une seule charge. En veille et sans être utilisé, deux bonnes semaines sont envisageables. Le 8110 (2018) est donc l’un des téléphones les plus autonomes du moment à condition de se contenter des fonctions de base.

Wifi, VoLTE, modem 4G : le 8110 (2018) s'y connait en réseaux

Le 8110 (2018) en connait un rayon en matière de réseaux : 4G, Wifi b/g/n et Bluetooth 4.1 répondent présent à l’appel, tout comme le GPS. L’ensemble ouvre des possibilités que l’on aurait jamais osé espérer sur le 8110 d’origine : partage de connexion internet par le mode modem (catégorie 4), connexion d’écouteurs sans-fil, mais aussi compatibilité VoLTE (qualité supérieure des appels vocaux, passage de la voix sur le réseau 4G plutôt que 2G ou 3G) pour certains opérateurs. Au moment où ce test est réalisé, HMD nous indique que la VoLTE est disponible pour le 8110 (2018) sur le réseau SFR et le sera sur celui de Bouygues Telecom à la rentrée (pas un mot sur Orange ni Free). Les appels vocaux sont agréables, le son reçu comme celui émis étant de bonne qualité.

Nokia 8110 (2018) et la photo : pas vraiment copains!

Nous n'aimons pas citer les grands penseurs de notre époque, mais c'est parfois indispensable. En l'occurence, le 8110 (2018) nous ramène irrésistiblement vers le  “non mais allooooo, quoi” de Nabila dès que l'on s'intéresse à ses  capacités photo et vidéo. Ainsi, on qualifiera par pure charité de « très vintage » la qualité des images produites par le capteur de 2 Mpxls. Si elles font illusion sur l’écran du téléphone, elles sont nettement moins convaincantes dès qu'on veut les partager ou recadrer.

èn plein soleil, l'image peut encore faire illusion si l'on ne s'intéresse pas au moutonnement apparaissant dans le ciel et à la perte de détails.

 

La gestion des forts contrastes est désastreuse.

 

L'autofocus peine à faire le boulot, même lorsque les conditions de prise de vue sont bonnes.

Le bruit numérique et le manque de piqué sont flagrants. Médiocres en forte luminosité (notamment en cas de forts contrastes sur la scène), les images sont difficilement inexploitables dès qu'elle baisse, notamment si on a le malheur d'activer le flash LED qui brûle alors consciencieusement les couleurs. Sans parler de l'autofocus à la fois lent et imprécis. On l’a compris : on ne choisira pas le 8110 (2018) pour la qualité des photos produites. Ni pour celles de ses vidéos, quasiment inexploitables à force de compression.

Photo réalisée sans filtre, ni truquage…

 

Dans la vie réelle, la pierre est d'un gris uniforme.

Nokia 8110 (2018) : KaiOS inside

On l’a vu plus haut, le 8110 (2018) n'est pas un monstre de puissance selon les critères actuels. Il peut toutefois faire tourner sans encombre KaiOS. Vous ne connaissez pas ce système d’exploitation ? Rassurez-vous : vous n’êtes pas le seul. KaiOS est un OS mobile basé sur un noyau GNU/Linux destiné aux téléphones non tactiles. Il est conçu sur la base de l’OS libre FirefoxOS de Mozilla Corporation et s’appuie essentiellement sur le moteur Gecko supportant les trois standards que sont CSS, HTML5 et JavaScript. L’objectif de KaiOS est d’apporter aux téléphones des fonctionnalités jusqu’ici réservées aux smartphones. KaiOS 1.0 est apparu en mars 2017, suivi en juillet de la version 2.0 puis de la version 3.0 en février 2018.

La jeunesse de KaiOS explique entre autres sa diffusion pour l’instant assez faible. Hormis le 8110 (qui en exploite une variante baptisée Smart Feature OS), il n’est actuellement utilisé que sur le OneTouch Go Flip d’Alcatel, le 7060 de Doro et le Jio Phone de l’opérateur indien Jio. L’interface de KaiOS est très intuitive et simple à manipuler grâce aux touches de commandes.

Par défaut, il offre un nombre limité de fonctions, vite enrichies par l’inévitable Google. Le 8110 (2018) est ainsi équipé d’un client YouTube, de Google Maps et utilise par défaut le moteur de recherche Google. Ajoutez à cela Google Assistant (actuellement disponible qu’en anglais, le français sera supporté à partir de septembre) et vous aurez l’impression d’être face à un feature phone conçu par Google. Seul manque à l'appel le navigateur Chrome qui ne remplace pas (pour l’instant ?) le navigateur Web de KaiOS.

Nokia 8110 (2018): des fonctions très classiques

Les autres applications proposées sont de grands classiques de la téléphonie mobile : carnet d’adresses, galerie photo, lecteurs multimédias, SMS/MMS, radio FM (si !), calculatrice, e-mail et agenda. Celui-ci se synchronise avec les calendriers de Google, Yahoo et toute plateforme CalDAV. Petite frayeur lorsque nous avons souhaité ajouter un calendrier Google : la connexion est bloquée par le serveur et un e-mail nous avertissant qu’une « tentative de connexion à votre compte Google depuis une application présentant un risque pour ce dernier » avait été détectée…

Pour autoriser le malheureux 8110 (2018) à accéder au serveur, il faut alors impérativement tripatouiller les paramètres du compte afin d’accorder l’accès aux « applications moins sécurisées » en gardant à l’esprit que cela peut « rendre votre compte vulnérable. » Ça fait un peu désordre.

La question de la synchronisation des contacts est vite réglée puisqu’elle est inexistante. On pourra simplement les importer depuis un compte Gmail, Outlook ou depuis des archives de type VCF (monocontact uniquement, bon courage pour en importer plus d’une dizaine).

Signalons aussi la présence de quelques jeux préchargés, dont l’inévitable Snake dans sa version modernisée (et sans grand intérêt) déjà vue sur le 3310 (2017). Enfin, une boutique applicative autorise l’installation de quelques applications. Elle offre pour l'instant une petite dizaine de jeux, mais devrait d’après HMD s’enrichir rapidement de titres populaires comme WhatsApp, Facebook ou Twitter, actuellement en cours de développement.

Prix et disponibilité

Le Nokia 8110 (2018) est disponible en France au prix de 89 € : le prix de la nostalgie et du vintage est donc élevé pour un produit qui n'est plus vraiment un téléphone et presque un smartphone (comme on le définissait à la fin des années 90). Comme pour le 3310 (2017), HMD a des arguments à faire valoir : le design est réussi, l'appareil résiste aux éclaboussures (certification IP52), dispose d'une bonne autonomie et offre un ensemble de fonctions plutôt convaincantes pour qui ne souhaite pas posséder un smartphone.

Les dernières infos sur le Nokia 8110 :

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Note finale du test : Nokia 8110

Plus vraiment feature phone mais pas totalement smartphone (il lui manque principalement la synchronisation des contacts), le Nokia 8110(2018) à la sauce HMD surfe sur l'intérêt actuel pour les produits vintage. Il a pour lui une très bonne autonomie, un design original et une grande simplicité d'utilisation. Vaut-il les 89 € qu'en demande son constructeur ? Oui, si l'on souhaite bénéficier d'un produit léger, raisonnablement performant et qui ne ressemble pas aux smartphones actuels. Non si l'on s'en tient uniquement à ses performances (notamment photographiques).


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