Test du Asus ZenFone 8 : petit à l’extérieur, grand à l’intérieur

Notre avis

Si le très ambitieux ROG Phone 5 est dans l’absolu un vrai successeur au ROG Phone 3, Asus prend un risque avec le ZenFone 8. Le ZenFone 8 a la double responsabilité de remplacer le ZenFone 7 Pro et de convaincre qu’il y a un vrai marché pour les petits flagships. Concurrent du Xperia 5 III et de l’iPhone 12 Mini, le ZenFone 8 ne veut faire aucune concession. Est-ce vraiment le cas ? Réponse dans ce test complet.

Un smartphone peut-il être petit et puissant en même temps ? Dans l’absolu, la réponse est oui, évidemment. Des représentants de ce segment très particulier sont actuellement proposés dans les catalogues d’Apple et de Sony. La firme américaine propose l’iPhone 12 Mini. La marque japonaise commercialise le Xperia 5 II, lequel sera bientôt remplacé par le Xperia 5 III. Grandes performances. Et taille relativement réduite.

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Si le Xperia 5 II conserve des dimensions presque normales, avec un écran de 6,1 pouces, l’iPhone 12 Mini passe en dessous des 6 pouces, avec un écran de 5,4 pouces, et devient une exception dans le monde des smartphones puissants. Une exception qui a évidemment provoqué certaines questions. Peut-on gérer suffisamment la chaleur du SoC dans un espace aussi réduit ? Peut-on tirer toute la puissance d’un SoC haut de gamme sans risquer la surchauffe ? Peut-on profiter d’une bonne autonomie quand le SoC est gourmand et que l’espace interne ne permet pas d’intégrer une grosse batterie ?

Le ZenFone 8 Flip et le ZenFone 8

Au-delà des contraintes techniques, à l’issu du test sur l’iPhone 12 Mini, nous nous sommes interrogés sur l’usage. Quels sont les usages qui demandent un SoC puissant ? L’usage principal est évidemment le jeu vidéo. Mais peut-on réellement jouer aujourd’hui sur un écran de 5,4 pouces ? La réponse est oui. Mais ce n’est pas confortable. L’intégration d’un processeur puissant dans un smartphone de petite taille se justifie-t-elle ? C’est là tout le paradoxe.

Un paradoxe auquel nous sommes à nouveau confrontés avec Asus cette année. La marque taïwanaise a présenté le ZenFone 8, un smartphone haut de gamme de petite taille, avec toutes les contraintes que cela induit. Un smartphone à l’équilibre précaire, mais qui promet de ne faire aucune concession. La promesse est-elle tenue ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans ce test complet de la version 16/256 Go (RAM et stockage), soit la meilleure.

Notre Test vidéo

Fiche Technique

Asus ZenFone 8
Dimensions et poids148 x 68,5 x 8,9 mm
169 grammes
Ecran5,9"
Super AMOLED
FHD+ (2400 x 1080 pixels)
446 pixels par pouce
Rafraichissement 120Hz
Echantillonnage : 240 Hz
Gorilla Victus
HDR10+
ChipsetQualcomm Snapdragon 888 (5nm)
OSAndroid 11 + ZenUi 8
RAM8/16 Go
Stockage128/256 Go
microSDNon
Capteur principal64 MP, f/1.8, 0,8 µm, 2x PDAF, OIS
12 MP, f/2.2, 2x PDAF, 113˚, 1,4 µm, 123°
Vidéo 8K @ 24 ips
Capteur selfie12 MP, f/2.45, 1,22 µm, 2x PDAF
Batterie4000 mAh
Charge rapide filaire 30 watts
5GOui
BiométrieScanner d’empreinte optique sous l'écran
AudioDouble haut-parleur optimisé Dirac
Port jack 3,5 mm, DAC hi-fi
Trois microphones
Résistance à l'eauIP68

Prix et disponibilité

Le ZenFone 8 se décline en quatre versions. La première est dotée de 6 Go de RAM et de 128 Go de stockage (sans extension). La seconde est proposée avec 8 Go de RAM et 128 Go de stockage. La troisième profite de 8 Go de RAM et 256 Go de stockage. La dernière est la mieux lotie, avec 16 Go de RAM et 256 Go de stockage. Soit autant de RAM et d’espace interne que le meilleur ROG Phone 5 classique.

Le prix de départ du ZenFone 8 est très agressif, puisque le smartphone est commercialisé est 699 euros, bien loin des prix pratiqués par la concurrence sur leur flagship. A ce prix, Asus concurrence frontalement les experts du rapport qualité-prix tels que Xiaomi, Oppo et OnePlus, entre autres.

En France, les quatre versions ne seront pas commercialisées. La version 6+128 Go ne sera vendue. Contacté par nos soins, Asus nous a expliqué que les taxes tricolores ne lui auraient pas permis de proposer cette version sous la barre des 600 euros. Les trois autres seront proposés. Leur prix est de 699 euros, 749 euros et 819 euros, respectivement. Le Galaxy S21, autre concurrent naturel du ZenFone 8, est proposé plus cher.

Coque livrée dans la boîte

Dans la boite, vous retrouvez le smartphone, une coque de protection, un chargeur 30 watts et un câble USB. Aucune paire d’écouteurs n’accompagnait notre unité de test. Mais la marque Asus nous a confirmé qu’un kit mains libres serait pourvu en France.

Le ZenFone 8 sera proposé en France à partir du 31 mai 2021. Notez qu’Asus organise une campagne de précommande durant laquelle les acheteurs du ZenFone 8 pourront bénéficier d’une ODR de 100 euros. Cette campagne démarrer le 12 mai.

Coque Rhinoshield pour le ZenFone 8

Design

Entrons maintenant dans le vif du sujet. Le ZenFone 8 est clairement petit. Vous pouvez découvrir ci-contre d’autres modèles d’Asus : le ZenFone 7 Pro, le ROG Phone 3, ainsi que le ZenFone 8 Flip dont vous pouvez également retrouver le test dans nos colonnes. Le ZenFone 8 est un adorable petit smartphone, facile à manipuler et plutôt joli à regarder.

De gauche à droite : ZenFone 7 Pro, ROG Phone 3, ZenFone 8 et ZenFone 8 Flip

A l’arrière, le smartphone adopte un design sobre. La coque est en verre minéral Gorilla 6 de Corning. Elle est incurvée sur les côtés. Le verre est poli. Ce qui a deux avantages : c’est doux au toucher et cela ne retient pas les traces de doigt. Au centre, un simple marquage « Asus Zenfone ». Et dans le coin supérieur gauche, un bloc photo rectangulaire très « 2020-2021 » avec plusieurs éléments. Nous reviendrons dessus dans le courant de ce test.

Le châssis est en aluminium, sans surprise, avec de belles séparations pour isoler les antennes. Sur la tranche inférieure, vous retrouvez le port USB type-C, le micro principal, le haut-parleur principal, le tiroir pour les deux cartes SIM et une LED de notification, toujours déporté comme avec le ZenFone 7 Pro. A l’opposé se trouvent l’un des deux micro secondaires (l’autre étant placé dans le bloc photo) et un port jack 3,5 mm. Belle surprise que de le retrouver ici. Nous verrons dans la partie audio si ce retour est aussi intéressant que dans le ROG Phone 5. A droite, vous retrouvez le bouton de mise en marche et les contrôles du volume. Enfin, rien à gauche…

En façade, vous retrouvez donc cet écran relativement petit. Dans le coin supérieur gauche, vous pouvez voir un capteur selfie logé dans un poinçon. Le contour de ce capteur est réfléchissant : c’est un détail étonnant, car, habituellement, les constructeurs préfèrent cacher la présence de ce trou dans l’écran. Nous verrons dans la partie photo les caractéristiques de ce capteur. Notez qu’Asus ne préinstalle pas de protection supplémentaire d’écran, contrairement à Oppo ou Xiaomi.

Autour de l’écran, vous retrouvez des bordures proportionnellement assez épaisses. Cela est dû à la nature plate de l’écran. Au dessus de la couche tactile se trouve une dalle de verre pour la protection de l’écran. Il s’agit ici de Gorilla Victus, dernière génération de matériau minéral de la firme américaine Corning. Dans l’épaisseur entre le verre et le contour en aluminium, vous retrouvez l’écouteur téléphonique où est intégré le haut-parleur secondaire.

La prise en main du smartphone est non seulement très agréable, mais elle nous rappelle ce que c’est un téléphone qu’il est possible d’utiliser à une main. Sans forcer, vous pouvez accéder au trois quart de l’écran, sans avoir à changer le téléphone de position. C’est bien plus que tous les autres flagships du marché.

Ecran

A l’avant, nous retrouvons donc cette « petite » dalle plate de 5,9 pouces (petit faisant référence ici à la moyenne du marché qui tourne plutôt autour des 6,5 pouces). Cet écran est fourni par Samsung Display. Cela veut dire qu’il s’agit bien évidemment d’une dalle AMOLED, avec la promesse de contrastes profonds, ce que nous avons évidemment vérifié avec notre sonde.

Avant cela, passons en revue les différentes caractéristiques de l’écran. La définition est Full HD+. La résolution de l’écran est donc de 446 pixels par pouce. Ce qui très bien pour tous les usages possibles : lecture de texte, visionnage de vidéo et de photo, jeu en 3D, etc. Certaines polices de caractères pourraient demander une résolution un peu plus élevée pour s’afficher dans les moindres détails. Mais il s’agit là d’une exception.

Le taux de rafraichissement de la dalle est de 120 Hz. Vous pouvez bien évidemment réduire cette fréquence à 90 Hz ou 60 Hz. Vous pouvez aussi choisir de fixer ce taux à 120 Hz, avec les conséquences induites en terme de batterie, ou de profiter d’un taux variable avec le réglage automatique (lequel est activé par défaut). Ainsi, la fréquence baisse quand vous n’avez pas besoin qu’elle soit élevée et remonte quand cela est nécessaire. C’est le meilleur compromis entre fluidité et autonomie.

La fréquence d’échantillonnage est de 240 Hz, soit deux fois le taux de rafraichissement. Cette fréquence est relativement élevée en comparaison de tous les smartphones du marché, mais elle n’est que dans la bonne moyenne sur le segment des flagships. Le ROG Phone monte bien plus haut. Le Mi 11 de Xiaomi aussi.

La luminosité annoncée est de 1100 nits maximum. Il s’agit d’une mesure locale et sous certaines conditions. Lors d’un usage normal, la luminosité est de 800 nits environ en mode automatique, en extérieur et sous le soleil. Et la luminosité maximale manuel (quand le réglage automatique est donc désactivé) est comprise entre 450 et 500 nits selon les modes d’affichage.

Ecran Samsung AMOLED Diamond Pixel du ZenFone 8

Parlons justement des modes d’affichage : ils sont cinq. « Par défaut », « Naturel », Cinématique, Standard et Personnalisé. Le mode par défaut et le mode naturel profitent de l’échantillon DCI-P3, tandis que les autres optent pour l’échantillon sRGB. Notez aussi la présence d’un curseur pour réchauffer ou refroidir les couleurs selon vos gouts. Le mode personnalisé propose un second curseur qui agit sur le contraste. Nous aurions préféré un peu plus de réglage dans ce mode personnalisé, comme chez Xiaomi, par exemple. Notez que l’écran est certifié HDR10+.

Côté couleur, nous sommes donc face à une dalle AMOLED. Et plus précisément face à une dalle Samsung Diamond Pixel, avec quatre sous-pixels en croix (deux verts, un rouge et un bleu). Vous pouvez voir ci-dessus l’enchevêtrement des pixels pris en photo avec le microscope du Find X3 Pro (nous lui trouvons de plus en plus d’usages à ce microscope finalement…). Il y a quatre modes d’affichage (plus un mode « personnalisé ») : défaut, cinéma, naturel et standard. Asus promet un Delta E inférieur à 1. Ce qui serait excellent en vrai. Regardons cela de plus près avec notre sonde.

Les modes les plus respectueux des couleurs sont les modes cinéma et standard. Le Delta E mesuré est de 3 environ. Ce qui est plutôt bien. Et la température moyenne des couleurs est de 6600°. Ce qui est presque parfait. Le rouge, le vert clair et le bleu clair sont les couleurs les moins bien respectées. Le mode naturel et le mode défaut sont moins respectueux. Le Delta E frôle les 4. Et la température moyenne est de 8000° environ. Ce qui est très élevé. Le bleu clair et le vert clair sont trop vibrants. Le violet, le rouge et le vert foncé aussi. Notez que certaines couleurs sont quasi parfaites dans tous les modes, comme le jaune, l’orange ou le magenta.

Au-delà des chiffres, notre impression visuelle sur cette dalle est excellente. Elle est non seulement très réactive, mais aussi très agréable à regarder. De beaux contrastes. Une bonne fluidité. Dernière remarque, sous la dalle, vous retrouvez un lecteur d’empreinte digitale pour assurer la sécurité biométrique. Sachez que le téléphone est également équipé d’un logiciel de reconnaissance faciale (même si cela n’est pas toujours très pratique avec les masques).

Interface

Une fois le téléphone allumé, vous arrivez sur Zen UI 8, l’interface habituelle d’Asus, basée ici sur Android 11. Pas de choix entre ROG UI et Zen UI ici, évidemment. L’expérience est donc visuellement beaucoup plus sobre que celle des ROG Phone. Ce n’est cependant qu’une façade, puisque vous retrouvez pratiquement les mêmes options d’affichage, de son, de batterie et même de performances.

Quand vous lancez le ZenFone 8 pour la première fois, vous remarquerez que les applications préinstallées sont peu nombreuses. Outre une brochette relativement légère de logiciels de Google, vous y retrouvez quatre applications commerciales : Facebook, Facebook Messenger, Instagram et Netflix. Les logiciels d’Asus ne sont pas nombreux non plus : Data Transfer, pour faciliter le transfert de vos données, Galerie, pour visualiser et modifier vos photos, ou encore Gestionnaire de fichiers, pour gérer vos fichiers et les partager avec votre PC.

Côté personnalisation, vous pouvez changer le fond d’écran, la forme des icônes, le style et la couleur de la police. Notez qu’Asus désactive les boutons de navigation Android par défaut (vous naviguez donc avec des gestes similaires à ceux d’iOS depuis la disparition de Touch ID avec l’iPhone X). Vous pouvez bien évidemment les réactiver dans les paramètres. Cependant, vous allez perdre en surface d’affichage. Et sur un petit écran, cela peut avoir une incidence non négligeable.

Armoury Crate des ROG Phone n’est évidemment pas présent, mais pas totalement absent non plus. Si vous lancez un jeu, vous activez également un menu similaire à celui des ROG Phone, mais offrant moins de paramètres (ce qui est logique). Vous avez accès à un mode turbo. Vous avez quelques options pour bloquer les notifications et les appels. Vous pouvez également enregistrer votre écran, régler certaines paramètres de l’écran, ou afficher un réticule de visée.

Faisons un petit tour du côté du menu paramètre. Et plus précisément dans « Avancé ». Vous y retrouvez les quelques ajouts propres à Asus. Smart Key, qui permet de personnaliser le comportement de la touche de mise en marche. Gestionnaire Mobile, la boîte à outil pour optimiser le système d’exploitation. Génie du Jeu, pour paramétrer l’onglet qui apparaît dans les jeux. Twin Apps, pour cloner une application.

Protection, pour paramétrer un signal de détresse. Optiflex, pour accélérer le lancement des applications que vous utilisez souvent. Et Gestes, pour utiliser une gestuelle avancée avec le téléphone. D’ici, vous pouvez activer le « mode une main » qui permet d’accéder au haut de l’écran sans bouger le téléphone dans votre main. C’est pratique. Mais faut prendre justement… le coup de main.

Performances

La fluidité de l’interface est due à plusieurs éléments. La légèreté du système, la quasi absence d’applications préinstallées et, bien évidemment, la puissance de la plate-forme. Le ZenFone 8 profite ici d’une plate-forme évidemment haut de gamme : le Snapdragon 888. Pour rappel, notre unité de test est pourvue de 16 Go de mémoire vive. Voilà qui promet des scores de benchmarks étonnants.

Et nous n'avons pas été déçus. Car nous avons en effet été très surpris des résultats de ce petit smartphone dans nos tests (réalisés après la conférence de presse d'Asus). Notez que le panel de benchmark est moins important que d’habitude. Mais nous continuerons de mettre à jour ce test à mesure que nous réaliserons des tests techniques avec les benchmarks habituelles.

AnTuTu révèle donc des scores assez élevés. Nous sommes ravis de constater qu’Asus offre ici une très belle expérience, même pour les joueurs. Même chose avec 3DMark, dont une nouvelle version est disponible depuis quelques jours. Elle présente un nouveau test : WildLife Extreme, dont l’affichage est en Ultra HD (contre Quad HD pour WildLife standard). Vous pouvez donc découvrir ici un score de référence.

A l’usage, le ZenFone 8 offre une expérience parfaitement fluide, même en jeu. Nous avons naturellement éprouvé les performances du système avec quelques jeux, dont Dead Cells et Genshin Impact. Et l’expérience est vraiment très bonne. Et ce même si l’écran n’offre pas la même aisance en terme de prise en main qu'un ROG Phone : les boutons virtuels sont proportionnellement plus petits. Mais une bonne manette peut résoudre facilement ce petit tracas.

Sur le widget, on voit la température atteindre les 47°

En jouant, nous avons bien évidemment constaté une hausse de la température. Celle-ci est notamment plus prononcée au niveau du capteur photo et du coin supérieur gauche. Nous n’avons pas été en mesure de lancer un stress test comme nous le faisons habituellement. Cependant, les tests que nous avons réalisé précédemment nous informe que la température peut excéder les 45°. Nous avons atteint les 47° en interne avec Genshin. Voire même un peu plus si le smartphone est placé dans une coque. Les performances baissent sensiblement si vous atteignez cette limite. Nous nous doutions que la dissipation de la chaleur serait un sujet avec le ZenFone 8. Et cela n’a évidemment pas loupé.

Ce constat se renforce avec WildLife Stress Test de 3D Mark. Ce dernier nous explique que les performances du smartphone sont excellentes au démarrage. Mais rapidement, elles se dégradent. Dès la huitième minutes, elles sont moindres qu'au départ. Et après 19 minutes, nouvelle baisse. La différence en terme de performance qui sépare la première minute et la dernière est de 40 %. En outre la température augmente régulièrement jusqu'à atteindre les 52°.

Autonomie et Recharge

Une fois les performances de la plate-forme éprouvée, nous nous tournons naturellement vers la batterie. Celle du ZenFone 8 offre une capacité de 4000 mAh, ce qui est plutôt bien pour cette taille de smartphone. Il s’agit de la même batterie que dans le Galaxy S21. Avec un écran très proche et une plate-forme relativement gourmande, nous nous attendons donc à des résultats relativement proches.

Et c’est globalement le cas en usage traditionnel. Cette batterie, cet écran (avec le rafraichissement adaptatif) et ce chipset offrent ensemble une journée d’autonomie pour ceux qui surfe sur le web, écoute de la musique en streaming, regarde des vidéos sur YouTube, envoie des messages sur les réseaux sociaux et consultent leurs mails. Mais guère plus. C’est bien sûr l’un des inconvénients d’opter pour un smartphone de petite taille mais offrant de belles performances.

Côté jeu, nous nous tournons vers le stress test réalisé précédemment. Durant les 20 minutes que durent ce benchmark, le ZenFone 8 a perdu 20 % de sa batterie. Soit une autonomie théorique de 100 minutes. Soit une heure et quarante minutes. C'est peu. Pour confirmer ou non cette impression, nous avons réalisé deux séances de jeux de Genshin Impact. La première avec les graphismes par défaut et la seconde avec les graphismes à leur maximum. Elles durent chacune 15 minutes.

La première a fait perdre 6 % de batterie au ZenFone 8. Soit une autonomie théorique de 250 minutes. Soit quatre heures et dix minutes. Ce qui est très correct. La seconde fait perdre 14 % de batterie au ZenFone 8. L’autonomie descend alors à 107 minutes. Soit une heure et quarante sept minutes. Et, là c’est beaucoup moins bien. Nous soupçonnons également une baisse rapide des performances à cause de la chaleur.

Le ZenFone 8 pourrait être une bonne plate-forme de jeu, nerveuse et fluide à deux conditions : soit le jeu est gourmand et les parties ne durent pas trop longtemps, soit le jeu est bien optimisé afin d’éviter la surchauffe et la fonte de l’autonomie. Bref, c’est plutôt bancal.

Après avoir vidé la batterie, il est temps de la recharger. Bonne nouvelle : le ZenFone 8 est compatible Quick Charge 4.0 (comme le ROG Phone 5), permettant à la batterie de recevoir une puissance pouvant monter jusqu’à 30 watts. Nous sommes loin de Super VOOC 2.0 chez Oppo. Mais c’est déjà un bon début. Ici, pas de système à double batterie.

En utilisant le chargeur et le câble fournis avec le smartphone, vous rechargez le téléphone de 0 à 100 % en 83 minutes (avec écran éteint). Ce qui est relativement long. Cependant, nous avons une bonne nouvelle : ce sont les 5 derniers pourcent qui sont en cause. 30 minutes de charge offrent 62 % de batterie et 60 minutes offrent 95 % de batterie. C’est donc plutôt correct.

D’autant plus que vous prendrez peut-être la décision de limiter la charge à 80 % (avec ce que cela peut induire en terme d’autonomie). Il vous faudra alors 45 minutes environ pour bénéficier d’une charge « maximale ». Les autres outils de protection de batterie sont également présents : charge programmée et charge bridée (charge lente uniquement).

Audio

Sans être aussi aboutie que celle du ROG Phone 5, l’expérience audio du ZenFone 8 est plutôt qualitative. Et ce, globalement, pour les mêmes raisons. D’abord, le port jack 3,5 mm fait son retour. Et de très belle manière puisqu’il est accompagné d’un DAC hi-fi de très bonne facture. Si vous avez un casque haut de gamme, vous ressentirez de belles choses. D’autant plus que ZenUI intègre le même égaliseur que le ROG Phone 5 afin de personnaliser l’écoute selon vos goûts (et le type de contenu).

Deuxième raison, les haut-parleurs. Nous ne sommes généralement pas fans de la configuration asymétrique avec un gros haut-parleur sur la tranche inférieure et un petit haut-parleur dans l’écouteur téléphonique. Cela donne habituellement une expérience déséquilibrée. Ici, les haut-parleurs sont plus volumineux, avec une plus grande profondeur. Ensuite, ils ont été optimisés par Dirac pour améliorer le son et réduire les interférences. Et le résultat est meilleure que dans d’autres smartphones offrant la même configuration.

Troisième raison, le smartphone est équipé de trois microphones : un pour les conversations téléphoniques, un pour la réduction de bruit active et un pour la prise de son en capture vidéo. Ce troisième micro est important pour doter vos films d’un son qualitatif. Notez que les appels sont plutôt bons avec ce téléphone : vous entendez bien et, surtout, votre correspond aussi.

Photo

Terminons ce test comme d’habitude avec la photo. Contrairement à beaucoup d’autres smartphones haut de gamme qui multiplie les capteurs photo, le ZenFone 8 offre une expérience relativement simple. Vous retrouvez deux capteurs à l’arrière et un capteur à l’avant. Le capteur principal est IMX686 de Sony. Il affiche une résolution de 64 mégapixels (mais capture par défaut en 16 mégapixels). C’est un capteur avec un double autofocus à détection de phase. La taille des pixels est de 0,8 micron de côté. Puisqu’il fonctionne en quad-bayer, la taille monte à 1,6 micron par défaut. Il est associé à un objectif stabilisé ouvrant à f/1.8.

Le capteur secondaire est un modèle 12 mégapixels (IMX363) avec double autofocus également. La taille de ses pixels est de 1,4 micron. Son angle de vision est de 113°. Son objectif ouvre à f/2.2. Il se charge des panoramas et des photos de proximité (Macro). A l’avant, vous retrouvez un autre capteur 12 mégapixels (IMX663) avec double autofocus à détection de phase également. L’objectif ouvre à f/2.45. C’est relativement rare d’avoir un autofocus sur le capteur selfie. C’est une très bonne nouvelle d’en avoir un double.

Passons aux résultats de nos tests. Le capteur 64 mégapixels réalise de jour des photos avec un piqué très élevé. Beaucoup de contraste. Beaucoup de détails. Les couleurs sont naturelles et l’équilibre est bon. C’est un capteur qui est extrêmement sensible aux variations des conditions de lumière. De nuit, il conserve de belles qualités, avec une bonne maitrise des sources de lumière, des couleurs vives et de nombreux détails. Le mode nuit s’active par défaut dans le mode principal (mais vous pouvez le désactiver en tapotant sur l’icône de la lune).

Capteur principal, mode automatique
Capteur principal, mode nuit
Capteur principal, mode nuit
Capteur principal, mode automatique sans nuit (gauche) et mode nuit (droite)

Vous capturez par défaut en 16 mégapixels, mais il est possible de passer en 64 mégapixels à partir du menu de l'application photo. Avec ce mode, vous gagnez en détail, mais perdez en contraste. C’est un mode qui ne se prête pas à la nuit : la photo prend plus de temps à être prise et cela occasionne des flous.

Capteur principal, mode automatique, photo 64 mégapixels

Le capteur principal se charge aussi des portraits. Les clichés profitent des mêmes atouts. En revanche, le détourage des sujets est parfois (rarement même) un peu brouillon. En activant le mode portrait, vous pouvez régler la puissance du bokeh. Un réglage que vous pouvez aussi effectuer en post production.

Capteur principal, mode portrait
Capteur principal, mode portrait
Capteur principal, mode portrait

Dépourvu de zoom optique, le ZenFone 8 s’appuie sur son capteur 64 mégapixels pour réaliser des zoom numériques. Le rapport 2x, préinstallé dans l’interface photo, offre de très bons résultats en journée. Vous pouvez zoomer jusqu’au rapport 8x. Et cela reste très correct. Bravo sur ce point. De nuit, en revanche, c’est beaucoup plus compliqué, puisque le zoom numérique n’est pas compatible avec le mode nuit.

Capteur principal, mode automatique : sans zoom, zoom 2x, zoom 4x et zoom 8x

Parlons maintenant du capteur grand-angle. De jour, c’est un capteur qui offre des résultats de bonne qualité, avec de belles couleurs, beaucoup de détails. Le contraste et la luminosité peuvent être meilleures. Mais cela dépendra aussi beaucoup des conditions de lumière. La correction des distorsions est bien gérée. Ce capteur 12 mégapixels est compatible mode nuit. Mais les résultats ne sont pas toujours bons.

Capteur grand-angle, mode automatique
Capteur grand-angle, mode automatique
Capteur grand-angle, mode nuit

Enfin, parlons du capteur selfie. Un capteur qui réalise de beaux auto-portraits avec un beau piqué, des détails, notamment de jour. Ce capteur est bien évidemment compatible avec le mode portrait. Avec lui, le détourage est bien mieux géré et les photos gagnent en contraste. De nuit, les résultats sont plus mitigés, avec un fort lissage des détails. Notez que le ZenFone 8 est pourvu d’options d’embellissement. Mais elles sont désactivées par défaut.

Capteur selfie, mode portrait
Capteur selfie, mode automatique (gauche) et mode portrait (droite)

Conclusion

Le smartphone de petite taille, mais puissant, est un doux rêve que plusieurs constructeurs tentent d’offrir, sans pour autant y parvenir totalement. La plus grande désillusion reste certainement l’iPhone 12 Mini où nous nous sommes demandés à quoi pourrait bien servir la puissance d’un flagship avec un écran de 5,4 pouces. Car, aujourd’hui, c’est petit. Trop petit.

Avec un écran de 5,9 pouces comme celui du ZenFone 8, la question se pose moins. Parce qu’il y est possible de jouer ou de regarder une série. Parce qu’il est possible de profiter d’une expérience complète et qualitative avec ce smartphone facile à manipuler à une seule main. Et pour cela, nous disons bravo à Asus pour avoir eu l’audace et l’ingéniosité de le faire.

Toutefois, nous voyons bien ici qu’il y a une limite au concept. Trois points nous chagrinent : l’autonomie, en dessous de la concurrence, la gestion de la chaleur, plutôt moyenne, et le manque de place, qui oblige Asus à se passer d’un téléobjectif. Nous nous posons aussi la question de la pertinence du Snapdragon 888. Un Snapdragon 860 ou 870 n'aurait-il pas pu faire l'affaire ?

Le ZenFone 8, comme le Mi 11 de Xiaomi, est un excellent smartphone au quotidien, très plaisant et offrant une belle expérience. Parmi les smartphones de 6,1 pouces et moins, il est certainement l’un des meilleurs aujourd’hui. Mais il ne répond pas à tous les besoins. Si vous cherchez un expert de la photo, de l’autonomie ou du jeu vidéo, le ZenFone 8 n’est pas forcément le bon choix.

Notre Verdict

Le ZenFone 8 offre une excellente expérience dans pratiquement tous les usages, que ce soit en photo, en audio, en vidéo ou pour tous les usages quotidiens. "Pratiquement", parce que le jeu vidéo très gourmand réveille en lui son SoC au tempérament ardent. Et c'est bien dommage : le ZenFone 8 est si proche d'offrir le bon équilibre entre prise en main facile et expérience haut de gamme. Quelques petits défauts ternissent parfois notre enthousiasme, mais son prix nous rappelle qu'il est une bonne affaire.

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