Test Assassin’s Creed Mirage : c’est Basimal que ça
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Assassin’s Creed Mirage opère un grand retour aux sources pour la saga. Au revoir les mondes ouverts gigantesques et l’aspect RPG, l’éditeur français veut recentrer son expérience en revenant au cœur de la licence : l’infiltration. Si le résultat est plaisant manette en mains, les adeptes des derniers épisodes risquent de ne pas apprécier cette nouvelle formule.
Ubisoft a pris la décision de repenser sa saga phare avec Assassin's Creed Mirage. Après un Valhalla critiqué pour sa tendance à en faire trop (que ce soit sur la taille du terrain de jeu ou sur le nombre astronomique de quêtes annexes et d’activités sans intérêt), le studio a fait le choix de la simplicité dans ce nouvel épisode.
Recentrer l’expérience, voilà le crédo de cet Assassin’s Creed Mirage. Avec cet opus, l’éditeur français veut répondre aux fans qui considéraient que la licence avait perdu son essence dans les derniers épisodes. Difficile de leur donner tort, tant l’infiltration, la furtivité et les histoires de confréries secrètes ont été reléguées au second plan dans Origins, Odyssey et Origins.
Une chose est certaine, Mirage va réconcilier les joueurs de la première heure avec la saga. Pour les amoureux des trois derniers titres en revanche, un sérieux doute subsiste.
Bagdad, la magnifique
Dès les premières annonces autour du titre, il était impossible de ne pas voir en ce Assassin's Creed Mirage un hommage évident au tout premier épisode de la franchise. Pour cause, la série repose ses valises au Moyen-Orient, plus précisément dans le Bagdad du IXe siècle.
Si le décor et l’époque font indubitablement penser à Altaïr et la Jerusalem d’Assassin's Creed 2007, l’expérience manette en mains se rapproche davantage d’un Brotherhoob, Revelations ou Unity. A l’image de ces épisode exclusivement urbains, Bagdad et ses environs resteront les seuls et uniques terrains de jeu.
Un choix judicieux qui a permis à Ubisoft Bordeaux de concentrer ses efforts pour offrir une reconstitution impressionnante de la Ville Ronde. Chaque quartier bénéficie de son identité propre, que ce soit le district culturel d’Abassiyah avec ses observatoires astronomiques et ses bibliothèques gigantesques, ou les allées sombres et dangereuses d’Harbiyah qui abritent tous les laissés pour compte de la ville. Les rues regorgent de vie et d’animations et chaque PNJ vaque à ses occupations. Les enfants jouent, les chats cherchent à manger, les commerçants négocient et s’écharpent parfois, les musiciens calment les mœurs… On prend plaisir à juste déambuler dans les rues de la cité afin de s'imprégner de l'ambiance. Du beau travail.
En 861, date à laquelle AC Mirage prend place, Bagdad est l’une des cités les plus influentes, les plus puissantes et les plus peuplées de la planète. C'est à la fois carrefour commercial, politique et religieux. Grâce au pages du Codex éparpillées un peu partout, les férus d’histoire pourront découvrir de nombreux détails sur la vie à Bagdad au IXe siècle. Arts et sciences, croyances et vie quotidienne, coutumes de la cour, économie, politique, de nombreux thèmes sont abordés.
Un plaisir à parkourir
Le Bagdad d’AC Mirage servira à n’en pas douter à de nombreux profs d’histoire, mais la cité arabe représente-t-elle un bon terrain de jeu ? Sur ce point, que les amoureux du Parkour se rassurent, la mégalopole ravira tous les free runners. L’architecture offre une multitude de chemins pour Basim, tandis que certains éléments du décor placés ici et là (les fameuses tyroliennes, les cordes tirées, les perches, etc.) permettent de varier les mouvements et les plaisirs.
Dans l’ensemble, le parkour reste agréable, sans atteindre la fluidité et la maestria d’un Dying Light 2. Notre assassin reste encore assez lent à notre goût, et malheureusement, le système de commandes intégré depuis Unity reste toujours autant perfectible. Pour rappel, il suffit de rester appuyé sur X/A et de diriger Basim pour grimper, sauter ou glisser automatiquement selon la situation. De fait, il arrive (trop) souvent que notre héros encapuchonné ne fasse pas ce qu’on avait en tête. Par exemple, il saute souvent à côté de l'endroit souhaité ou tombe comme une pierre alors qu'on voulait juste se laisser glisser le long d'une façade. Malheureusement, il s’agit d’un défaut récurrent de la série, et Mirage n’y échappe pas.
Infiltration, mon amour
Comme dit plus haut, Mirage a pour ambition de remettre au centre de l’expérience ses trois principes fondateurs : le parkour, l’infiltration et l’assassinat. Lors de votre aventure, vous serez amené à vous faufiler en territoire ennemi. Sachez qu’il n’y a pas de voie royale, le joueur ayant la liberté de choisir la méthode de son choix : écouter les gardes pour découvrir l’existence d’un passage secret, détrousser l’un d’entre eux pour obtenir une clé et débloquer un autre passage ou au contraire se frayer un chemin à grands coups d’épée. Une liberté très appréciable.
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Avant de vous lancer, il conviendra de faire un peu de reconnaissance avec votre aigle pour marquer les gardes, chercher les voies d’accès et détecter les coffres à looter dans la zone. Certaines missions offrent d’ailleurs la possibilité de déclencher des “opportunités de distraction”. A l’image des récents Hitman, ces petits scénarios vous permettent d’accéder à des options uniques pour atteindre votre objectif, ce qui renforce la satisfaction après avoir assassiné la cible.
Par exemple, après quelques heures de jeu, le joueur doit trouver le moyen de s’infiltrer dans la terrible prison de la Porte de Damas, située à l’entrée de Bagdad. A première vue, la place semble imprenable, chaque centimètre carré étant occupé par un garde. Fort heureusement, un marchand à proximité semble ouvert à la négociation. En échange d’un jeton de faveur (l’une des nouvelles monnaies du jeu), il vous fera passer pour l’un de ses ouvriers avant de vous emmener directement dans la remise de la prison. Et voilà, vous êtes entré, ni vu ni connu. Bien entendu, il ne s’agit que l’une des nombreuses possibilités offertes aux joueurs.
Ce côté permissif, on le retrouve également dans le choix de nos équipements. Au total, Basim pourra compter sur six outils, à savoir :
- les couteaux de lancer
- les appeaux (des leurres sonores)
- les bombes fumigènes
- la sarbacane
- les pièges
- la torche
Afin de maximiser son efficacité, le joueur pourra améliorer chaque outil via trois paliers différents (à l’exception de la torche). Ainsi, on pourra par exemple doubler la portée des couteaux de lancer, enduire les lames de poison ou encore, notre préféré, faire en sorte que les corps de vos victimes disparaissent dans une nuée de sable. Un petit clin d'œil à Prince of Persia qui titille notre coeur de fan.
Quid de la castagne ?
S’il est tout à fait possible de régler les problèmes en croisant le fer, on sent clairement que le jeu n’a pas été pensé pour ça. Il suffit déjà de se rendre dans l’onglet Compétences pour remarquer qu'il n'y a aucun arbre dédié au corps-à-corps. Ubisoft le répète à plusieurs reprises lors des temps de chargement : Basim n’est pas un guerrier chevronné et un combat contre plus de deux ou trois adversaires peut rapidement tourner au vinaigre.
En d’autres termes, le combat ouvert doit être votre ultime recours. Manette en main, il faut bien reconnaître qu’on reste sur une formule archi-classique, pour ne pas dire ennuyeuse : attaques légères, attaques lourdes, parades, esquives… et puis c’est tout.
On a aussi le droit aux sempiternelles attaques rouges imparables des ennemis que l’on doit impérativement éviter. Si l’ensemble fonctionne, les combats à l’épée manquent cruellement de pêche et de mordant, et on préférera plutôt recharger sa sauvegarde pour tenter à nouveau une approche plus discrète.
Plus tard dans le jeu, le joueur débloquera la concentration d’assassin, un enchaînement d’assassinats parfaits comme on a pu le voir dans les derniers Splinter Cell ou encore Deathloop. Une fonctionnalité qui tranche un peu avec la volonté d’Ubisoft d’offrir une expérience plus viscérale, plus punitive. Pour cause, tout est automatique : on sélectionne les ennemis et Basim se charge du reste en sautant d’une cible à une autre. Fort heureusement, cette fonctionnalité est totalement optionnelle et vous pouvez très bien terminer l’aventure sans vous en servir.
Le grand retour de l’enquêteur
On en vient maintenant au dernier pilier de cet Assassin's Creed Mirage : l’enquête et les assassinats. Dans cet opus , on incarne Basim, un jeune voleur originaire d’Anbar (une cité proche de Bagdad). Après un larcin qui a très mal tourné, notre héros est contraint de rejoindre les rangs de Ceux qu’on ne voit pas, l’ancien nom de la confrérie des Assassins.
Roshan, une membre importante de l’organisation, décide de le prendre sous son aile et de le former aux arts du combat et de la dissimulation. Ce personnage central est interprété avec brio par Shohreh Aghdashloo. Si vous êtes fan de The Expanse, ce nom (et cette voix inimitable surtout) vous dira forcément quelque chose puisque l’actrice irano-américaine incarnait Chrisjen Avasarala dans l’excellente série de SF.
Très rapidement, vous allez découvrir l’objectif de Basim : débarrasser Bagdad de l’emprise de l’Ordre des Anciens, un groupuscule secret qui manie la force et la peur pour imposer sa vision du monde. Au total, quatre membres de l’organisation se partagent le contrôle de la cité. Pour les démasquer, il faudra enquêter, une autre part importante du gameplay de Mirage.
Pour cela, il faudra faire preuve d’observation et de jugeote pour progresser dans vos différentes missions. L’onglet Enquête recense justement tous les renseignements accumulés jusqu’alors sur les affaires en cours. Parler à certains habitants ou aider certains PNJ vous permettra d’obtenir des indices précieux sur l’identité de votre cible actuelle. Une fois que le joueur aura suffisamment glané d’informations, il pourra passer à l’action.
Une expérience calibrée au contenu limité
On le savait, avec Assassin's Creed Mirage, l’idée d’Ubisoft était d’offrir une expérience plus contenue, plus calibrée et donc plus courte. Au total, il vous faudra une quinzaine d’heures pour arriver au bout de l’aventure. Une trentaine d’heures tout au plus si vous cherchez à collectionner l’ensemble des items (armes, tenues, teintures, pages du codex, etc.).
Fatalement, Mirage se montre moins généreux et moins riche que ses prédécesseurs. Les Récits de Bagdad en sont le symptôme parfait.
Ces quêtes annexes vous permettent d’approfondir le lore du jeu ou d’en apprendre plus sur certaines coutumes et pratiques de l’époque. Dans les faits, elles se présentent comme de simples événements scriptés qui se concluent en quelques minutes de jeu seulement.
Les Contrats ne viendront pas apporter une touche de folie à ce contenu un peu morne. D’un classicisme confondant, il s’agit simplement de missions à réaliser (assassinat, livraison, protection VIP, etc.) pour le compte de différentes factions (en échange de matériaux, équipements et d’argent). Autre point crispant, l’exploration n’est jamais réellement palpitante. Pour cause, votre aigle détectera pour vous le moindre collectible caché à proximité. On aurait aimé que fouiller les environnements soit un peu plus gratifiant.
Un point sur la technique
Concernant la partie technique, sans être une claque graphique, on peut dire que Mirage fait le job. Comme sur la plupart des précédents titres de la série, certains panoramas laissent pantois, notamment grâce à un travail de qualité sur les effets d’ombres et de lumières. Bagdad et ses environs sont un véritable plaisir pour les yeux.
En revanche, on sent bien que cet opus n’a pas bénéficié du budget d’un jeu AAA. Fatalement, il a fallu faire des concessions, notamment sur les animations faciales, assez rigides et loin, très loin d’égaler des ténors du genre comme Jedi Survivor ou God of War Ragnarok. Qu’à cela ne tienne, ces quelques errements techniques sont compensés par une direction artistique de haute volée.
Sur Xbox Series X/S et PS5, le jeu propose deux modes d’affichage, à savoir les traditionnels Fluidité et Qualité. Le premier fait la part belle au framerate avec un 60 FPS stable, tandis que le second donnera la priorité à la qualité avec de la 4K limitée en 30 FPS. Pour notre part, nous avons préféré parcourir l’aventure en mode Fluidité, bien plus agréable à l’usage. Forcément, l’image perd en finesse, avec des arrière-plan flous, des textures baveuses par moments et un manque de détail sur certains éléments du décor. En contrepartie, le framerate n'est jamais pris à défaut et les 60 FPS sont toujours maintenus, même avec des centaines de PNJ à l'écran.
Assassin's Creed Mirage se présente comme un retour aux sources pour la saga. L'infiltration, l'enquête et les assassinats reviennent au centre de la boucle de gameplay. Si ce parti pris plaira aux fans de la première heure, cette nouvelle formule ne conviendra pas forcément aux adeptes des dernières épisodes sauce RPG. Néanmoins, en optant pour une expérience plus courte, plus concentrée, cet opus offre un rythme bien plus maîtrisé. Qui plus est, le titre peut compter sur un terrain de jeu magnifique : Bagdad à son âge d'or. Porté par une narration et une direction artistique de haute volée, on lui pardonnera volontiers ces quelques défauts techniques.
- Un rythme plus maîtrisé et mieux calibré
- Une histoire bien menée et immersive
- Des phrases d'infiltration jouissives
- Le système d'enquête bien pensé
- Une reconstitution de Bagdad impressionnante
- Un prix plus doux (50 €)
- Des commandes de parkour perfectibles
- Des contenus annexes sans grand intérêt
- Les animations faciales, datées et rigides
- Les combats au corps-à-corps brouillons
- L'IA des ennemis au ras des pâquerettes