Prise en main du Vivo X Fold : un ambitieux concurrent du Galaxy Z Fold 4

Le X Fold est le premier smartphone pliant de Vivo. Concurrent naturel des Galaxy Z Fold de Samsung, le X Fold a fait l’objet d’un lancement très médiatisé en Chine en avril 2022. Mais vaut-il vraiment tout cet engouement ? Est-il meilleur ou moins bon que la proposition du géant coréen ? Nous avons eu l’occasion de prendre en main ce smartphone. En voici toutes nos impressions.

Les écrans pliables seront bientôt plus accessibles. C’est une évidence. Plusieurs indices nous amènent à le penser. D’abord, le prix de certains modèles est très agressif. Prenons le Galaxy Z Flip 4, très récemment annoncé par Samsung. Même si son prix est plus élevé que celui de son prédécesseur (de 50 euros environ), il reste positionné sous la barre des 1200 euros. Soit le prix d’un flagship traditionnel. Les porte-étendards de plusieurs marques (Oppo, Vivo, Apple, Samsung) sont même plus chers. Ce qui n’était pas le cas, il y a encore deux ans.

Lire aussi – Prise en main des Samsung Galaxy Z Fold4 et Z Flip4 : nos premières impressions sur les nouveaux smartphones pliants

Deuxième indice : les modèles avec écrans pliables sont de plus en plus nombreux. Samsung a été la première marque à se lancer sur le segment. Elle a été rapidement suivie par Motorola et Huawei. Puis Xiaomi, Oppo, Honor ou encore Vivo. Et justement, Vivo est la dernière à être entrée sur ce marché, avec le X Fold. C’était en avril 2022 avec un produit qui reste exclusif au marché chinois (mais que vous pouvez acheter en import, si le cœur vous en dit).

Le lancement du smartphone a fait l’objet d’une large couverture médiatique. Et nous avions hâte de l’essayer, à l’instar du Find N d’Oppo que nous avons pris en main en janvier 2022. Après quelques mois d’attente, Vivo nous a donné l’opportunité d’essayer pendant quelques heures le X Fold afin de répondre à quelques questions. Quel est le positionnement de Vivo ? Quelles sont les différences avec les Galaxy Z Fold ? Et surtout, est-ce un bon produit ? Découvrez dans cette prise en main toutes nos impressions.

Notre vidéo de prise en main

Design

Commençons avec le design. Le X Fold reprend en très grande partie l’ergonomie des Galaxy Z Fold : un grand écran pliable, une pliure qui se fait vers l’intérieur, une charnière qui apparait quand le téléphone se plie et un écran secondaire externe pour les opérations quotidiennes. C’est un design presque devenu « conventionnel » pour un smartphone type « Fold ». Remarquez aussi le contour en plastique protège l’écran pliable pour éviter les infiltrations de poussière et les dégradations.

Le X Fold se différencie aussi du Galaxy Z Fold 3 (ou Z Fold 4) par son format. Le X Fold est moins allongé que le Z Fold 3. Il mesure 74,5 mm de largeur, contre 67,1 mm pour les deux modèles de Samsung. La différence en hauteur et en épaisseur est moins marquée. Nous verrons dans la partie dédiée aux écrans de cette prise en main ce que cela implique au niveau de l’affichage. Enfin, le X Fold est aussi plus lourd : il dépasse les 300 grammes, alors que les Fold restent bien en dessous. Autre différence : quand il est plié, les deux parties du X Fold sont collées l’une à l’autre, bien parallèles. Et la charnière est bien maitrisée.

Sur les tranches, nous retrouvons des éléments classiques : deux haut-parleurs, un bouton de mise en marche, un commutateur pour le mode silencieux, deux micros (dont un pour la réduction de bruit active), le contrôle du volume et un émetteur infrarouge pour transformer le mobile en télécommande pour un téléviseur. Vous remarquerez qu’il n’y a pas de lecteur d’empreinte sur la tranche, contrairement aux Find N et Z Fold : Vivo a préféré intégrer deux lecteurs d’empreinte digitale, un sous chaque écran. Ainsi, le déverrouillage s’appuie sur un geste traditionnel, que le téléphone soit ouvert ou fermé.

Les matériaux utilisés par Vivo pour la coque du X Fold sont assez proches de ceux du Vivo X80 Pro. Du verre minéral Schott à l’avant (Vivo boude Corning). De l’aluminium sur les tranches. Et du cuir végétal à l’arrière. Au dos justement, vous retrouvez un énorme module photo repris du X80 Pro avec quatre objectifs, un flash, un micro pour la captation vidéo et un émetteur infrarouge pour l’autofocus laser du capteur principal. Seul petit regret : Samsung a réussi à certifier ses Fold 3 et 4 contre l’eau. Ce n’est pas le cas de Vivo.

Remarquez également la boîte dans laquelle le smartphone est commercialisé. Elle reprend les codes de la boîte du X80 Pro, tout en adoptant des matériaux plus premium. Le socle où se trouve le téléphone est couvert d’un tissu très agréable au toucher, façon daim. L’emballage est construit comme une boîte à bijoux, avec un tiroir où vous avez pouvez découvrir les différents accessoires du téléphone : un câble USB, un chargeur adapté à la charge rapide du X Fold et une paire d’écouteurs filaires. Ce sont les mêmes que ceux fournis avec le X80 Pro.

Interface

Le X Fold fonctionne sur Origine OS, l’interface qui, en Chine, remplace Funtouch. La version de l’interface s’appelle Ocean. Et elle se base sur Android 12. Elle est très fluide et s’utilise « presque » comme une interface occidentale, avec quelques petites modifications. Notez que le smartphone est certifié par Google, même s’il n’embarque pas par défaut les applications de Google, notamment le Play Store. En revanche, vous retrouvez ce dernier dans la boutique applicative de Vivo. Une fois qu’il est installé, vous retrouvez vos habitudes logicielles.

Les interfaces chinoises sont différentes des interfaces occidentales par plusieurs points. D’abord, certains raccourcis n’existent pas. Par exemple, vous n’avez pas de tiroir pour y ranger vos applications. Ces dernières s’installent directement sur l’écran d’accueil, comme sur iOS. Vous avez également beaucoup plus de widgets pour y afficher des informations en temps réel : informations biométriques et santé (nombre de pas, brossage des dents, etc.), la météo, votre prochain rendez-vous, un chronomètre ou encore les cours de bourse.

Le X Fold profite d’une version adaptée à la largeur de son écran principal, avec un dock pour les applications et davantage de contenu affiché. Certains menus tirent parti de l’écran principal pour s’afficher sur deux colonnes, comme avec d’autres téléphones pliants. Il y a également de très belles animations affichées à l’ouverture du téléphone. Celle de la fleur, que vous pouvez découvrir sur les photos ci-contre est notre préférée. Enfin, vous avez un volet multitâche pour ouvrir plusieurs applications en même temps. Comme sur les Z Fold…

Certaines applications système permettent d’utiliser certaines particularités physiques du téléphone. L’une d’elles est le logiciel photo. Quand le téléphone est à moitié ouvert et posé sur horizontalement, vous pouvez contrôler l’appareil photo avec la partie basse de l’écran et avoir le liveview sur la partie haute. En outre, vous pouvez vous prendre en selfie avec le capteur principal (avec le mode portrait) en utilisant l’écran externe pour effectuer les réglages. Il est dommage que l’application photo soit l’une des seules à en tirer parti.

Écran

Parlons maintenant des deux écrans en commençant, une fois n’est pas coutume, par l’écran externe. Parce que, finalement, c’est grâce à lui que le X Fold se différencie des Z Fold. Sa particularité : être similaire aux écrans des smartphones classiques. Contrairement aux écrans externes des modèles de Samsung, le ratio de cet écran est 21/9e. Soit un ratio assez « classique ». Vous le retrouvez par exemple sur le Sony Xperia 1 IV. Il permet de regarder un film en plein écran, sans bande noire sur les côtés. Ce ratio est la conséquence de la largeur du téléphone constatée dans la partie design de cette prise en main.

C’est un écran qui offre un ratio suffisant pour être utilisé comme tout autre téléphone. Et c’est peut-être ça l’atout du X Fold par rapport aux Galaxy Z Fold : son format est si classique qu’il n’oblige jamais l’utilisateur à ouvrir l’écran principal. Que ce soit pour les usages classiques, pour la consommation de contenus audiovisuels et même pour le jeu vidéo. Finalement, l’écran principal ne s’utilise que pour les usages adaptés : le multitâche, les tableurs, les livres numériques et la consultation d’Internet (parce que c’est quand même très agréable cette surface d’écran pour lire les infos).

Techniquement, il s’agit d’une dalle AMOLED de 6,53 pouces. La définition est Full HD+. Le taux de rafraichissement est 120 Hz. Si elle avait été intégrée à un autre téléphone, cette dalle serait presque passée inaperçue. Ce qui n’est évidemment pas le cas de la dalle interne, dont la taille atteint 8,03 pouces. C’est 0,4 pouce de plus que les Fold. Nous sommes donc face à la dalle la plus grande parmi les smartphones pliables (le précédent record était de 8,01 pouces pour le Mi MIX Fold). Avec une telle dalle, vous pouvez tout voir… en plus grand !

Vivo utilise ici un écran Samsung : elle est AMOLED et LTPO. Sa fréquence d’affichage est de 120 Hz et elle peut descendre jusqu’à 1 Hz. Sa définition est équivalente à du Full HD : 1916 pixels en largeur et 2160 pixels en hauteur. Soit une résolution de 360 pixels par pouce. C’est parfait pour tous les usages. Bien sûr, nous notons la pliure au centre. Elle se voit et elle se ressent sous les doigts. Même si elle se fait rapidement oublier, la pliure est plus présente que dans le Find N d’Oppo. Mais elle nous parait moins accentuée que sur le Galaxy Z Fold 3, grâce à une charnière qui plie l’écran comme une goutte d’eau, permettant de fermer totalement le X Fold).

Enfin, les deux écrans intègrent un poinçon pour des capteurs selfies. Les deux capteurs sont identiques à l’avant et à l’arrière. Et contrairement à Samsung, Vivo n’a pas tenté d’intégrer le capteur selfie interne derrière la dalle AMOLED. Bien sûr, la solution du géant coréen est impressionnante et permet d’obtenir un affichage (presque) homogène sur toute la surface. Mais elle réduit considérablement le rendu du capteur, en photo et, surtout, en visio. Vivo est donc plus raisonnable.

Le reste de la fiche technique

Le X Fold est un smartphone haut de gamme. Que ce soit dans son design. La complexité de son form factor. Mais aussi les composants choisis par Vivo. La fiche technique du smartphone est à la hauteur de l’ambition affichée : processeur haut de gamme, configuration photo ostentatoire, autonomie et recharge digne de la marque. Ce téléphone n’a pas grand-chose à envier à la concurrence et aux smartphones haut de gamme plus traditionnels.

Passons en revue les éléments les plus importants en commençant par le processeur. Il s’agit du Snapdragon 8 Gen 1. Pas de Snapdragon 8+ Gen 1 ici, puisque ce SoC est sorti après le X Fold. En revanche, vous retrouvez toute la puissance d’un processeur haut de gamme de Qualcomm, lequel offre une excellente fluidité en multitâche et en jeu. Il est associé à 12 Go de RAM et 256 ou 512 Go de stockage.

Côté batterie, le X Fold en intègre deux, de 2300 mAh chacune. Soit une capacité totale de 4600 mAh. C’est 200 mAh de plus que les Z Fold. Elles sont compatibles charge rapide. Elles acceptent jusqu’à 66 watts en filaire (recharge complète en 37 minutes, selon Vivo) et 50 watts sans fil, comme le X80 Pro. C’est largement mieux que chez Samsung : les Galaxy Z Fold montent à 25 watts en filaire et 15 watts sans fil.

Enfin, parlons de la photo. Le X Fold intègre six capteurs :

Cette configuration est assez proche de celle du X80 Pro, mais pas tout à fait identique. Vous n’avez pas le gimbal sur le capteur portrait. L’objectif principal ouvre moins grand. Il n’y a pas d’autofocus sur le capteur grand-angle. Les capteurs selfie offrent une moins bonne définition. En revanche, pour le reste, c’est la même chose. En outre, comme le X80 Pro, le X Fold bénéficie du partenariat avec Carl Zeiss pour le réglage des optiques et l’élaboration de leur revêtement. Les aberrations optiques devraient donc être absentes.

Conclusion

Le X Fold est une belle réalisation. Techniquement, il n’y a pas rien à redire : belle plate-forme, bonne proposition en photo, composants de qualité. Ergonomiquement, Vivo fait de bons choix, notamment sur le ratio de l’écran externe et sur le positionnement des capteurs biométriques. Et l’écran pliable est bien intégré. Il reste encore quelques améliorations à apporter au niveau logiciel, afin de tirer parti au maximum des propriétés physiques de cette dalle externe.

Le X Fold ne révolutionne pas le segment des smartphones pliables. Il adopte un format plus grand et carré que les Galaxy Z Fold. Mais l’usage est presque identique. Et contrairement à Samsung, Vivo n’enrichit pas la prise en main, contrairement à Samsung et le S-Pen. En outre, le X Fold est non seulement plus grand, mais aussi plus lourd. Et cela peut devenir un frein à l’achat.

Contrairement à Samsung, Vivo fait le choix de ne faire aucune concession en photo. Le X Fold est pourvu, par exemple, d’une configuration proche de celle du X80 Pro, son flagship ultra premium. C’est une excellente nouvelle pour tous ceux qui ont pu être déçus par les choix de Samsung avec les Fold, loin d’être aussi performants en photo que les Galaxy S Ultra. Tout en évitant les pièges d’une certaine arrogance.

Le X Fold de Vivo est vendu pratiquement au même prix que les concurrents (Magic V de Honor et Find N d’Oppo) : 1400 euros (convertis à partir du yuan). S’il devait arriver en France, avec les différentes taxes et les coûts logistiques, il ne pourrait être proposé en dessous de la barre des 1800 euros. Le prix est encore un frein considérable, même si ce positionnement tarifaire semble justifié vis-à-vis des concurrents.

Le X Fold est donc cohérent par rapport à la concurrence, même si, paradoxalement, certains détails sont audacieux (en photo) et d’autres plus timides, notamment sur l’usage. Et c’est peut-être ça qu’il manque à ce produit : un positionnement plus tranché pour se différencier vraiment de la concurrence.

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