La PlayStation 4 et la Xbox One ont 10 ans : qui a gagné la guerre des consoles ?

Novembre 2013, un événement jusqu’alors hors du commun se produit dans l’univers du jeu vidéo : deux consoles concurrentes sortent simultanément. La PlayStation 4 débarque en Europe le 29 novembre (deux semaines après les États-Unis), précédée une semaine plus tôt par la Xbox One dans tous les territoires occidentaux. Dix ans après, que retient-on de ce que l’on appelle la huitième génération de consoles, et qui en est véritablement sorti vainqueur ?

PS4 vs Xbox

En attendant de revenir sur cette guerre PlayStation / Xbox, un peu de remise en contexte s’impose pour mieux en cerner les enjeux. L’histoire du jeu vidéo est parsemée d’oppositions entre constructeurs, chaque génération s’étant systématiquement vue portée par au moins deux consoles d’envergure. Par exemple, dans les années 1980 et 1990, une rivalité emblématique avait principalement mis aux prises deux mastodontes japonais : Nintendo d’un côté avec la NES et la Super NES, et de l’autre, SEGA avec la Master System puis la Mega Drive. Ce dernier disparaissant du marché des constructeurs au début du troisième millénaire avec l’échec de la Dreamcast, Nintendo aurait pu asseoir une certaine domination sur l’industrie.

Cependant, c’était sans compter sur l’avènement de Sony dans ce domaine, avec l’explosion immédiate de la marque PlayStation, considérée pas beaucoup comme celle ayant véritablement démocratisé le jeu vidéo. Nintendo et ses propres échecs (Nintendo 64 puis Gamecube) ne peut s’en prendre qu’à lui-même, et subit en plus du succès de Sony l’opportunisme de Microsoft, arrivé sur le marché des consoles de salon avec la Xbox en 2001. Distancé d’un point de vue technologique, l’ancien fabricant de cartes à jouer se met alors à prioriser les concepts de gameplay plutôt que la puissance avec la Wii, concurrente d’une Xbox et d’une PlayStation 3 dont elle ne joue plus vraiment tout à fait dans la même cour.

Une surprenante proximité

Si les consoles “rivales” ont historiquement toujours été opposées en termes de performances et également de chiffres de ventes, leurs dates de sortie ont rarement été proches. Par exemple, deux années complètes ont séparé l’arrivée de la Mega Drive au Japon (octobre 1988) de celle de la Super Famicom (celle qu'on appelle la Super Nintendo chez nous) sur le même territoire (novembre 1990). Avec les générations, cet écart s’est un peu resserré, mais jamais au point d’imaginer que deux systèmes assumant leur opposition sur le marché paraîtraient simultanément. La PlayStation 2 a ainsi entamé sa commercialisation en mars 2000, et la première Xbox en novembre 2001… tout juste deux mois après la Game Cube.

PS4

Même lors de la septième génération de consoles, un certain écart persistait : arrivée en novembre 2005, la Xbox 360 avait quand même un an d’avance sur la PS3 en termes de production et de mise en vente. Au vu de l’évolution de ces écarts, rien ne laissait présager que leurs héritières sortiraient en même temps. C’est pourtant ce qui s’est produit en novembre 2013, avec une PS4 et une Xbox One dont Sony et Microsoft ont décidé de caler les arrivées sur le marché en fonction de l’autre, pour ce qui constitue alors une grande première dans l’histoire de l’industrie… reproduite avec encore plus de simultanéité sept ans plus tard avec la PlayStation 5 et la Xbox Series.

Destins parallèles

Alors que la Xbox 360 était clairement en avance sur la PlayStation 3, le développement de leurs petites sœurs fut étrangement décalé dans l’autre sens. Mark Cerny, connu pour être “l’architecte” de la PS4, mais aussi de la PlayStation Vita et de la PS5, a révélé début 2013 que la conception de la quatrième console de salon de Sony avait débuté dès 2008. Il fallait en effet réagir assez rapidement aux nombreuses difficultés rencontrées avec la PS3 et son processeur Cell, régulièrement critiqué pour la complexité de programmation qu’il engendrait chez les studios de développement. En outre, les débuts de la première console équipée d’un lecteur blu-ray étant un peu timides, il était vital pour Sony d’anticiper la suite plus tôt que prévu.

Du côté de Microsoft, le succès de la Xbox 360 n’incite pas le géant américain à préparer hâtivement sa succession. Il faut attendre 2010 pour que la firme estime que sa machine est arrivée à la moitié de son cycle de vie, ce qui laisse imaginer qu’elle en a encore pour quatre ou cinq années d’existence. Pendant que les joueurs commencent à théoriser autour d’une potentielle “Xbox 720”, et que les rumeurs à son sujet grossissent début 2011, le kit de développement baptisé Durango met du temps à arriver dans les studios des concepteurs. Il faut attendre le second semestre 2012 pour que les développeurs tiers y aient accès, mais en réalité, Sony les a fait patienter assez longtemps.

PS4

PS4 : one / Xbox : zero

Le développement des deux machines se déroulant plus ou moins simultanément, il était assez logique qu’elles soient présentées très proches l’une de l’autre. Au vu de la hâte avec laquelle Sony s’était lancé dans la conception de la PS4, il n’est pas surprenant de voir alors le constructeur japonais tirer le premier, annonçant le nom (pour le moins prévisible) de “PlayStation 4” lors du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas en janvier 2013. À cette occasion, Hiroshi Sakamoto (vice-président de Sony Home Entertainment) promet que la machine sera présentée à l’E3 quelques mois plus tard. Cependant, c’est officiellement le 20 février 2013 que Sony officialise la PS4, n’en montrant pas un seul visuel et se focalisant plutôt sur la nouvelle Dual Shock et un line-up de jeux allant de ses exclusivités (Knack, Killzone: Shadow Fall, inFamous Second Son et Driveclub) aux gros titres d’éditeurs tiers très attendus mais cross-gen pour la plupart (Diablo III, Destiny et Watch Dogs).

Knack
Knack sur PS4

En la présentant seulement le 21 mai 2013, Microsoft met davantage de temps à lever le voile sur celle dont le nom fait immédiatement polémique : au lieu d’une Xbox 720 ou même d’une bête “Xbox 3”, place à la Xbox… One. La dénomination, supposée mettre en avant l’aspect “tout-en-un” de l’appareil, laisse sceptiques de nombreux joueurs, mais pas autant que ses caractéristiques. La nouvelle Xbox mise sur une connexion permanente à internet, impose l’usage de Kinect (périphérique basé sur la reconnaissance de mouvements et permettant de contrôler l’interface de la console sans manette), semble davantage pensée pour le divertissement en général que de simplement se focaliser sur le jeu vidéo… et surtout, un choix de Microsoft fait encore plus polémique que les autres.

Xbox One
La Xbox One

La vraie guerre des consoles

Alors que les joueurs console n’ont jamais vraiment eu à rencontrer la moindre difficulté pour prêter des jeux vidéo ou en revendre, Microsoft compte bien changer considérablement la donne en ce qui concerne un marché de l’occasion qui ne semble pas lui convenir. Une rumeur prétend rapidement que la firme de Redmond envisage de taxer la vente de jeux d’occasion, ce qui est rapidement démenti. Cependant, la réalité reste assez obscure, les jeux pouvant “être revendus dans des boutiques partenaires”, ou bien cédés à des personnes faisant partie de la liste d’amis du précédent propriétaire du jeu depuis au moins un mois… ce qui est inutilement complexe, pour ne pas dire nébuleux. Le communiqué officiel stipule également que “jusqu'à dix membres de la famille pourront jouer à votre ludothèque partagée”, renforçant à la fois incompréhension et colère chez les joueurs.

Xbox

De son côté, Sony n’en demandait pas tant pour se jeter dans la brèche. En mars 2007, le lancement (honnêtement loupé) de la PS3 à Paris avait été gentiment moqué par son concurrent qui avait envoyé sur la Seine une péniche arborant un “XBOX 360 💚 YOU” du plus bel effet. Six ans plus tard, c’est l’heure de la revanche. Le 11 juin 2013 a lieu la très attendue conférence PlayStation de l’E3, où le constructeur japonais présente enfin le design de la PS4 ; mais surtout, il s’autorise un tacle quasi parfait qu’il aurait été regrettable pour lui de manquer, sous forme d’une très courte vidéo officielle expliquant comment utiliser un jeu PS4 d’occasion et le prêter à quelqu’un.

L’occasion était trop belle pour Sony, qui affirme ainsi son positionnement face à la concurrence, de façon certes opportuniste, mais exactement comme il fallait pour s’attirer les faveurs du public. Aucune connexion obligatoire, ni de quelque forme de verrouillage que ce soit concernant les jeux d’occasion, pas de périphérique externe coûteux imposé pour utiliser la console… la PS4 est en fait, tout simplement, une console de jeux vidéo très classique dans son usage. Elle fait exactement ce que les joueurs attendent : c’est une nouvelle PlayStation, qui ne prend pas de risques, et surtout pas celui de s’attirer les foudres de son public. Microsoft réagit très vite, faisant marche arrière sur de nombreux principes seulement huit jours plus tard, avec pour priorité de revenir aux fondamentaux mis en place sur Xbox 360, mais le mal est fait.

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Late in Japan

Sans que d’autres événements ne perturbent les campagnes marketing respectives des deux constructeurs rivaux, bien aidés par une période de crise du côté de Nintendo dont la Wii U est déjà bien mal embarquée, la PlayStation 4 et la Xbox One arrivent sur les marchés occidentaux pendant deux semaines d’une rare intensité. Sony frappe le premier avec l’arrivée de la PS4 en Amérique du Nord le 15 novembre, deux semaines avant de la mettre en vente en Europe. Entre-temps, le 22 novembre, la Xbox One est disponible sur tous les territoires européens et américains simultanément. Le Japon, lui, devra attendre.

Uncharted
Uncharted 4 sur PS4

Si cela n’a rien de vraiment surprenant côté Xbox – prioriser le marché américain n’a rien d’illogique pour Microsoft – il s’agit d’une grande première chez Sony : une console PlayStation sort d’abord en Occident, et pas juste avec deux ou trois semaines d’avance. Il faut en effet attendre trois longs mois pour que la PS4 soit enfin mise en vente au Japon, son pays d’origine. Ce délai n’est pas anodin et symbolise une toute nouvelle direction prise par la division gaming de Sony, désormais beaucoup plus tournée vers l’Occident, et ce au détriment de studios japonais qui vont pourtant offrir une grande quantité de titres exclusifs PlayStation de haute volée à un constructeur qui ne le leur rendra pas vraiment.

La conquête de l'Amérique

En choisissant de s’attaquer aux États-Unis, marché où Microsoft l’a outrageusement dominé durant la génération qui s’achève (38 millions de Xbox 360 contre seulement 13,5 millions de PS3 !), Sony sait très bien ce qu’il fait, et s’y prend à merveille. Si le succès de la Xbox One sur ses terres demeure tout à fait honorable, ses chiffres de ventes “domestiques” sont inférieurs à ceux de sa devancière. Pire : sur ce territoire si capital, Microsoft va perdre la bataille stratégique sur laquelle Sony tenait tant à s’imposer.

Ventes
source : VGChartz

Si l’exploit de la part de Sony est notable, c’est surtout l’échec global de la Xbox One en comparaison de son aînée qui est à souligner. Alors que 84 millions de Xbox 360 ont été distribuées dans le monde (ce qui est mieux, par exemple, que la Game Boy Advance, la PlayStation Portable ou la Nintendo 3DS), la Xbox One est écoulée à 58 millions d’unités seulement. Soit… un poil moins de la moitié des ventes mondiales d’une PS4 estimées aujourd’hui à 117,2 millions. Sony n’a pas uniquement conquis le territoire américain, mais tout simplement le monde entier avec sa quatrième console de salon.

Uniquement sur PlayStation

Bien que le line-up de lancement des deux machines souffre à peu près des mêmes maux avec une exclusivité très moyenne de chaque côté (Knack chez PlayStation, Ryse: Son of Rome chez Xbox), c’est pourtant Microsoft qui propose le meilleur catalogue exclusif à son lancement. La vitrine technique est présente d’entrée de jeu avec Forza Motorsport 5, un autre studio majeur racheté par Microsoft dix ans plus tôt s’illustre avec une licence culte (Rare avec Killer Instinct), et surtout, Xbox bénéficie du soutien d’un géant japonais en la personne de Capcom avec Dead Rising 3. Étrangement, Sony met très longtemps à se mettre à la hauteur de son concurrent en termes de qualité (et quantité) d’exclusivités à destination de sa nouvelle machine… sans que cela n’impacte pour autant ses ventes, le grand public étant acquis à sa cause depuis le lancement.

Rome
Ryse Son of Rome, l'exclu phare de la Xbox One à sa sortie

En effet, jusqu’à un certain Uncharted 4: A Thief’s End (sorti en mai 2016, quand même), la PS4 ne va pas spécialement se distinguer par la qualité de ses exclusivités dites system-seller. Pendant deux ans et demi, seuls le remaster de The Last of Us (ce qui en dit long) et Bloodborne, héritier spirituel de Dark Souls co-développé avec Japan Studio, sortent vraiment du lot. En face, Microsoft assure avec un excellent Forza Horizon 2 fin 2014, le premier Halo exclusif “next-gen” un an plus tard, et s’assure même l’exclusivité temporaire de Rise of the Tomb Raider, espérant séduire les joueurs PlayStation privés d’une de “leurs” icônes légendaires.

Rise of the Tomb Raider
Rise of the Tomb Raider

À partir de fin 2016 et d’un Gears of War 4 utilisé comme fer de lance de la Xbox One S, première console de l’histoire équipée d’un lecteur blu-ray UHD / 4K, la tendance s’inverse totalement : Sony enchaîne les exclusivités first-party sans pour autant proposer une version améliorée incroyable de sa machine (nous y reviendrons plus bas). De son côté, la seconde partie de vie de la Xbox One se déroule un peu en roue libre, sans véritables gros hits en-dehors des Forza et d’un Gears 5 tardif qui marque moins les esprits, mais est déjà tourné vers l’avenir avec la 4K d’une Xbox One X surpuissante, et un certain Game Pass qui demeure clairement le coup de force de Microsoft sur cette génération.

Xbox Series S
La Xbox Series S

Sans line-up, la puissance n'est rien

Nous ne nous étions pas encore attardés sur les performances de la PlayStation 4 et de la Xbox One, mais il fallait bien évidemment revenir dessus. À leur sortie, ces deux consoles ne donnent pas l’impression de constituer des évolutions technologiques aussi massives que ce que proposaient leurs devancières en comparaison de la génération précédente. Et pour cause : aux yeux du joueur lambda, la différence de performance n’a rien d’évident, puisqu’entre une PS3 et une PS4, ou bien entre une Xbox 360 et une Xbox One, on reste sur les mêmes limites de résolution (1920×1080) et de framerate (60 images par seconde).

Forza
Fora Motorsports 5

Côté spécifications techniques, les deux modèles de base sortis en novembre 2013 embarquent toutes deux un lecteur blu-ray, un disque dur interne de 500 Go, 8 Go de RAM et des processeurs AMD 8 cœurs presque similaires (cadencés à 1,6 GHz côté PS4 et à 1,75 GHz côté Xbox One). Pour la première fois de l’histoire, le grand public entend parler dans la presse spécialisée des téraflops, unité de mesure permettant de définir la quantité d’opérations que peut effectuer le système par seconde. Sur ce plan, c’est la PS4 qui l’emporte avec une puissance estimée à 1,84 TFlops contre 1,31 côté Xbox One. On ne l’imagine pas encore à l’époque, mais au moment de proposer des jeux cross-gen près de dix ans plus tard, Microsoft va se traîner la “vieille” Xbox One de base comme un boulet, surtout auprès des éditeurs tiers – là où la PS4 “v1” fera tourner des Horizon Forbidden West ou God of War Ragnarök presque sans sourciller.

Horizon
Horizon Zero Dawn

La conséquence immédiate de cette différence de performances peut se résumer assez grossièrement en une inversion totale de la situation vécue sur la génération précédente : les jeux d’éditeurs tiers sont parfois moins bons sur la machine de Microsoft que sur celle de Sony. Cependant, en s’endormant un peu sur ses lauriers, le leader japonais ne va pas offrir à la PS4 une évolution aussi impressionnante que celle dont bénéficiera la Xbox One fin 2017. Durant ses trois dernières années de vie, la console américaine est intrinsèquement la plus puissante de la génération. Cela ne souffre d’aucune contestation et les comparatifs techniques de jeux multi-support entre les versions PS4 Pro et Xbox One X vont tous dans ce sens. Malheureusement, Sony avait déjà gagné la guerre du line-up, enchaînant les (très) gros hits atteignant plus ou moins 20 millions de copies distribuées : Uncharted 4 donc, mais aussi Horizon Zero Dawn (2017), God of War et Marvel’s Spider-Man (2018) témoignent de l’immense réussite de la marque PlayStation dans le domaine de l’exclusivité.

Rétro, VR, accessibilité… des enjeux trop mineurs ?

Pourtant, Sony a bien connu quelques loupés sur cette génération, mais ces derniers n’ont pas eu de conséquence sur les ventes d’une PS4 constamment en pleine bourre. Il aurait pourtant été possible de pointer du doigt ce qui semblait être un des rares mauvais choix stratégiques de la marque au lancement de la console, à savoir l’absence de toute forme de rétrocompatibilité. En permettant à la Xbox One de lire des jeux Xbox 360, et même d’en sublimer certains sur Xbox One X (le premier Assassin’s Creed ou Red Dead Redemption par exemple), Microsoft bénéficiait d’un atout non négligeable, mais finalement assez peu important pour un grand public de toute évidence pas si nostalgique que ça. Jim Ryan, PDG de Sony Interactive Entertainment, avait peut-être raison lorsqu’il expliquait en 2017 que les vieux jeux PlayStation n’avaient plus d’intérêt à être joués.

Red Dead

En se lançant dans le grand bain de la VR, la firme japonaise prenait également un certain risque, devenu rapidement sans conséquence faute d’investissement de la concurrence à terme. L’HoloLens de Microsoft ne fut jamais adapté à la Xbox One, et Sony put ainsi expérimenter tranquillement en solo ce terrain qui semble toujours lui tenir autant à cœur une génération plus tard, mais sans que le PlayStation VR ne rencontre pour autant un succès phénoménal (aussi bien question critiques que côté ventes). À l’inverse, Microsoft avait pris très au sérieux la question de l’accessibilité, développant sa manette adaptative pour les joueurs en situation de handicap assez vite, la publiant en septembre 2018. Une problématique à laquelle Sony ne s’est intéressé que tardivement côté software en amenant ses studios à intégrer d’innombrables options d’accessibilité à ses titres phares (The Last of Us Part II en tête de liste), mais jamais véritablement côté hardware.

Manette

D’une manière générale, les prises de risque furent peu nombreuses durant l’histoire de la PS4, ce qui se comprend assez bien lorsqu’une machine domine aussi outrageusement le marché : aucune remise en question n’était véritablement nécessaire, et en plus, Sony ne s’est vaguement loupé que sur des aspects finalement négligeables ne parlant que trop peu au grand public, et ne constituant à aucun moment des enjeux forts pour une marque portée par ses plus gros hits… et l’image de “la” console de jeux vidéo par excellence pour le joueur lambda, convaincu que c’est sur PlayStation qu’il fallait être pour jouer à Grand Theft Auto V ainsi qu’aux Call of Duty et FIFA annuels.

Game Pass ou ça casse

Faute de pouvoir lutter face à une console ayant beaucoup mieux démarré et jouant la carte de la facilité insolente grâce à de nombreux studios “maison” enchaînant hit sur hit, Microsoft revoit alors sa copie en cours de génération. Les mauvaises langues diront que la firme américaine a au moins eu le mérite de proposer beaucoup de modèles de manettes, mais c’est surtout sur le sujet des services que sa division gaming s’est illustrée. Alors que son légendaire Live Gold commence à battre de l’aile face à un PlayStation Plus offrant un service équivalent mais avec un catalogue plus intéressant, Xbox a trouvé un second souffle étonnant sous la direction de Phil Spencer.

Sea of Thieves
Sea of Thieves

C’est en 2017 que le Game Pass est lancé, avec pour ambition assumée de devenir un “Netflix du jeu vidéo” (sic). Certes, Sony propose déjà un service similaire avec le PlayStation Now, basé sur un système de cloud gaming assez peu mis en avant en comparaison du PS+. Microsoft se jette dans la brèche et met alors le paquet pour faire connaître son nouvel abonnement, s’assurant rapidement d’y proposer les exclusivités Microsoft Studios dès leur lancement. Sea of Thieves, en mars 2018, est le premier titre à opter pour cette politique, et les autres grosses exclusivités Xbox de l’année (Crackdown 3, State of Decay 2 et surtout Forza Horizon 4) font ensuite de même.

En décidant en 2019 d’étendre le Game Pass au PC, et de fusionner cet abonnement avec le Live Gold dans un tout nouveau Game Pass Ultimate permettant aux joueurs de bénéficier de l’expérience Xbox ultime, Microsoft achève de changer son fusil d’épaule. Vendre davantage de jeux “maison” ou même de consoles que le concurrent ne semble plus être sa priorité : désormais, le Game Pass est tout-puissant et incarne l’avenir. En septembre 2020, deux mois avant la sortie de la nouvelle génération de consoles, Microsoft exploite la technologie Xbox Cloud Gaming pour permettre de jouer aux jeux Xbox sur smartphones, tablettes et téléviseurs connectés : la firme veut désormais imposer le Game Pass partout où elle peut, et si elle avait pu l’intégrer aux consoles PlayStation, nul doute qu’elle ne s’en serait pas privée.

De son côté, Sony n’a que rarement capitalisé sur ses services, exploitant son PlayStation Plus en mode force tranquille, et négligeant un PSNow que l’avènement du Game Pass rend encore un peu plus désuet. Si les chiffres de vente de consoles et de jeux ont plus que donné raison au constructeur japonais, Microsoft a eu le mérite de réaliser assez rapidement qu’il avait pris un retard irrattrapable et que cette génération était d’ores et déjà “perdue”. Au moment où arrivent (là encore simultanément) la PlayStation 5 et la Xbox Series, Microsoft semble peut-être en avance, ayant anticipé une guerre des services qui symbolise alors l’avenir. Mais ça, c’est une autre histoire.

Game Pass

Dix ans plus tard, il est assez aisé de déterminer qui a gagné la guerre des consoles de huitième génération. Entre la PlayStation 4 et la Xbox One, comment désigner un autre vainqueur que Sony dans ce conflit historique ayant opposé deux machines au profil incroyablement similaire et dévoilées au grand public simultanément ? Portée, peut-être, par la bien meilleure fin de carrière d’une PS3 dont elle a choisi de surfer sur le succès tardif, la PS4 s’est vendue deux fois mieux que sa concurrente, en très grande partie grâce à une ligne directrice claire de bout en bout, sans jamais se remettre en question. Après tout, pourquoi changer une équipe qui gagne ? En attendant, c’est quand même du côté de Xbox que l’on retiendra la véritable réussite en terme d’innovation : malgré un étrange monopole, Sony a peiné à convaincre sur le terrain de la réalité virtuelle que Microsoft a déserté, et c’est sur le plan des abonnements et des services que la firme américaine s’est illustrée, laissant entrevoir une possible longueur d’avance sur un futur dont elle espère devenir la référence à long terme…


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