Des employés de Facebook et Instagram téléchargent des films X au travail, et ça pourrait coûter cher à Meta

Meta a-t-il entraîné ses modèles d'IA avec des films X téléchargés illégalement ? C'est ce que va devoir statuer la justice californienne.

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Crédits : 123rf

Strike 3 Holdings et Counterlife Media sont des producteurs de films pour adultes basés aux États-Unis. Ils détiennent des marques populaires comme Vixen, Tushy, Blacked et Deeper. Ces entreprises s'amusent depuis des années à pister des pirates présumés utilisant BitTorrent pour télécharger illégalement des œuvres protégées par le droit d'auteur afin de les attaquer en justice et d'obtenir des indemnités. Elle a déjà intenté des dizaines de milliers de procédures du genre, mais cette fois, elle s'attaque à un gros morceau : Meta.

Dans une autre affaire de violation du droit d'auteur, l'activité BitTorrent de Meta a été rendue publique dans le cadre du procès et la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp a reconnu avoir obtenu du contenu protégé auprès de sources pirates. Strike 3 Holdings et Counterlife Media ont alors eu l'idée de rechercher les adresses IP liées à Meta dans les archives de données BitTorrent. Ils ont découvert que 47 adresses IP appartenant à Meta auraient servi à télécharger au moins 2 396 de leurs films depuis 2018. Ils réclament à ce titre 359 millions de dollars US de dommages et intérêts, rapporte TorrentFreak.

L'IA de Meta entraînée par des milliers de films X ?

Les deux entités estiment notamment que leurs œuvres ont été exploitées sans autorisation par Meta pour entraîner ses modèles d'IA générative. Ce n'est pas la première fois que le groupe est accusé d'avoir eu recours au torrenting pour télécharger des contenus servant à la formation de ses grands modèles de langage. On avait appris en début d'année que Meta avait piraté 82 To de livres dans ce but, et avait mis au point des stratégies pour dissimuler cette activité.

Meta a riposté en déposant une requête en irrecevabilité auprès du tribunal. La société estime que la plainte déposée est “absurde” et que Strike 3 Holdings est un spécialiste de ce que l'on appelle le troll du droit d'auteur, pratique consistant à rechercher de compensations financières de manière abusive pour de prétendues violations des lois relatives au copyright. L'un des axes de défense de Meta consiste d'ailleurs à dire que les plaignants ne peuvent être pris au sérieux au vu de leur historique judiciaire.

L'autre grand argument mis en avant par Meta est que de simples adresses IP sont dénuées de sens hors contexte et ne constituent pas un élément de preuve. Lors d'un précédent procès, une décision de justice avait déjà statué qu'une adresse IP seule ne suffit pas à identifier le contrefacteur direct. Meta entend bien utiliser cette jurisprudence à son avantage.

Des téléchargements de films X pour un usage personnel, plaide Meta

“Les plaignants n’expliquent pas comment une activité de téléchargement sporadique de torrents qui aurait débuté en 2018 — des années avant que Meta n’ait prétendument « commencé ses recherches sur les modèles multimodaux et la vidéo générative » en 2022 — aurait pu avoir pour but « d’acquérir du contenu pour entraîner » de tels modèles”, a réagi Meta. “L’hypothèse des plaignants selon laquelle Meta aurait nécessairement initié ces téléchargements pour l’entraînement de l’IA est manifestement invraisemblable. Les plaignants ne disposent que d’adresses IP, ce qui est insuffisant pour fonder une action en justice”, ajoute la firme.

Le faible nombre de téléchargements (environ 22 par an en moyenne sur des dizaines d’adresses IP de Meta) “indique clairement une utilisation personnelle privée”, pour Meta, qui réfute tout “effort concerté pour collecter les ensembles de données massifs que les plaignants prétendent nécessaires à un entraînement efficace de l’IA”. L'entreprise ajoute que ces téléchargements ont probablement été réalisés par des employés ou des visiteurs connectés à son réseau, en-dehors de toute activité professionnelle.

Meta demande le rejet de la plainte dans son intégralité. Strike 3 Holdings et Counterlife Media disposent désormais de deux semaines pour apporter des arguments mettant à mal la défense du géant de la tech. Meta aura ensuite une nouvelle fois à un droit de réponse pour se justifier face aux nouveaux angles d'attaque des plaignants. Le tribunal fédéral de Californie devra alors décider si ce dossier doit aller plus loin ou être classé sans suite.

Si l'usage de films X par Meta pour entraîner ses IA est loin d'être avérée, il est par contre certain que nos contenus Facebook et Instagram sont exploités de la sorte, mais il est possible de désactiver cette collecte de données.


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