Test Diablo 4 : un jeu d’enfer à l’efficacité démoniaque
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Véritable monument du hack’n slash, Diablo revient dans un quatrième volet extrêmement ambitieux, le bien nommé Diablo 4. Jeu à l’arrière-goût de dernière chance pour Blizzard, il se doit de montrer que le studio californien en a toujours sous la pédale. En résulte un titre qui arrive à parfaitement digérer toute son histoire et ses influences, tout en prenant de très gros risques en modifiant la structure même de la saga.
Si le hack’n slash était une grande famille, Diablo serait l’auguste patriarche, l’ancien qu’on respecte, mais qu’on juge parfois avec sévérité. Le premier épisode sorti en 1996 a tout simplement créé le genre et aujourd’hui, le marché est occupé par ses héritiers aux dents longues qui ont presque tué le père. Parmi eux, Path of Exile, Grim Dawn, Torchlight ou plus récemment Lost Ark. Mais Diablo n’a pas dit son dernier mot. Plus de onze ans après Diablo 3, il revient dans un quatrième épisode aux ambitions démesurées. Alors que le genre est plus populaire que jamais, Diablo 4 cherche à montrer que c’est encore lui le patron.
L’enjeu est colossal pour Blizzard, qui doit redorer une image sérieusement écornée ces dernières années à cause d’histoires sordides et de jeux ratés. Le studio veut montrer qu’il est encore capable de faire des titres « à l’ancienne », qu’il peut surprendre et rassembler une communauté de fans prêts à investir des centaines et des centaines d’heures dans un monde virtuel. Plus encore, Diablo 4 espère s’inscrire durablement dans le paysage vidéoludique actuel. Pour ça, il mise sur un monde connecté, persistant et constamment gavé de contenus à l’image d’un Fortnite, Warzone ou encore World of Warcraft (du même studio).
Après de longues années d’attente, il est maintenant temps de mettre la main sur ce Diablo 4, de voir ce qu’il a réellement dans le ventre. Le roi reprend-t-il son trône ? Réponse tout de suite.
Sanctuaire, un sinistre monde dans lequel on aime se perdre
Commençons par les bases : Diablo 4 est un hack’n slash. Il s’agit d’un genre très codifié qui met le joueur aux commandes d’un héros sans peur et sans reproche. A lui de tuer des monstres à la pelle en utilisant ses compétences. Cela le rend plus fort et lui permet d’avoir un meilleur équipement pour affronter des ennemis de plus en plus costauds. Un cycle à répéter jusqu’à plus soif. Une boucle de gameplay scrupuleusement respectée par Blizzard dans ce Diablo 4, mais habillée avec un univers fouillé jusqu’à l’obsession et totalement ouvert aux autres joueurs.
La première chose à faire dans Diablo 4, c’est de créer son personnage et de choisir sa classe parmi cinq proposées : sorcier, druide, nécromancien, barbare ou voleur. Elles sont toutes différentes et disposent d’un style de jeu propre, nous y reviendrons. Une fois cette tâche terminée, le jeu lâche le héros dans Sanctuaire et rapidement, il comprend qu’il n’est pas le bienvenu. La licence renoue avec ses origines en offrant un univers sombre, abject, menaçant. Un monde dans lequel le danger rôde à chaque coin de rue, où chaque bestiole veut se repaître de vos entrailles, mais que le héros va tout de même devoir protéger de Lilith. La reine des succubes est de retour et n’a qu’une ambition : asservir l’humanité.
Si Blizzard revient aux sources avec une ambiance poisseuse à la Diablo 2, il bouscule totalement sa formule en ce qui concerne la structure même du jeu. Terminés les niveaux qui se succèdent de manière linéaire, puisque cette fois le joueur est lâché dans un monde ouvert (en un bloc) composé de cinq zones très variées. Et elles sont toutes plus gigantesques les unes que les autres en plus d’être tortueuses. La totalité de l’open-world est directement accessible une fois passé un prologue d’une petite demi-heure, ce qui traduit cette volonté de perdre le joueur dans l’immensité de Sanctuaire… et ça marche.
Terminée également la génération procédurale, puisque nous avons un monde entièrement construit à la main (seuls les donjons sont encore générés aléatoirement). Si l’idée peut sembler blasphématoire pour un Diablo, Blizzard l’a fait avec assez de talent pour que cela en devienne une force. La direction artistique prend constamment aux tripes avec des paysages aussi mornes que grandiose et des endroits disposant tous de leur personnalité. Chacun des coins et des recoins ont été soignés et jamais, ô grand jamais, le joueur n’a l’impression de revoir la même chose.
Cela est renforcé par la variété des décors rencontrés, ce qui ne donne jamais l’impression que le titre tire en longueur. Chaque sous-zone affiche sa propre esthétique. On passe d’un lac salé à une plage en faisant un détour par une morne plaine, avec toujours la sensation d’effectuer un grand voyage. Mention spéciale à la contrée des steppes arides, sorte d’Andalousie de cauchemar où malgré le soleil ardent règne le mal le plus sombre. On n’a pas envie d’y vivre, mais s’y aventurer est un plaisir.
La narration environnementale, où l’art de raconter une histoire avec les décors, a été poussée à l’extrême, chaque lieu relatant un événement passé et souvent abominable. Ici un chariot renversé, témoin d’une attaque de bandits. Là un ancien champ de bataille où gisent encore les cadavres pourrissants au soleil. Encore ici une cabane abandonnée depuis des éons avec quelques détails qui laissent deviner qu’un drame s’y est joué… Dans les villes, on souffle un peu en assistant à de petits moments de vie, parfois de joie, si rares dans le monde effroyable de Sanctuaire. Un travail d’orfèvre qui annihile toute sensation de lassitude et qui donne du corps à cet univers épouvantable. Il pourrait presque paraître réel s’il n’était pas cloîtré derrière un écran.
Le monde ouvert s’articule autour de villes (une grande cité principale pour chaque zone ainsi que des villages épars) dont la première est la maussade et froide bourgade de Kyovashad. Ici, les joueurs se croisent et vaquent à leur occupation, améliorant leur équipement ou vendant leurs trouvailles. A l’extérieur, le mal règne et c’est aux héros de le purger en exterminant le plus de monstres possible. Le studio a grandement soigné sa copie en apportant un intérêt à l’exploration. Le level design intelligent pousse constamment à aller fouiller chaque zone pour y trouver des donjons cachés et optionnels (120 au total), des événements aléatoires ou tout simplement des autels de Lilith à dénicher ici et là. Les donjons (tous différents eux aussi) sont d’ailleurs ce qui se rapproche le plus de l’expérience originelle Diablo, avec une structure procédurale qui renouvelle la découverte à chaque fois.
Pour enrober tout ça, Blizzard compte sur une quête principale très maîtrisée. A la différence des précédents opus, un gros travail a été fait sur la mise en scène via des cinématiques in-game mettant en avant votre personnage ou alors avec des événements directement intégrés au gameplay. Ces quêtes, en général de gros donjons scénarisés, sont les moments forts de la progression et tout y est maîtrisé. Si l’histoire n’est qu’un prétexte (le courageux héros doit arrêter la vilaine Lilith), on apprécie grandement ces efforts afin de donner un sens à notre aventure. Les amoureux du lore seront en extase.
Le tout est servi par un sound design effarant de maîtrise (chaque lieu est reconnaissable les yeux fermés grâce à son ambiance sonore) ainsi que par une bande-son magistrale. Le joueur est constamment accompagné par la complainte désespérée des violons et par les accords monotones des guitares. Graphiquement, Diablo 4 est aussi une grande réussite avec des effets de lumière et des reflets qui donnent corps au monde ainsi que des environnements bourrés de détails. Sur PC, le jeu est un modèle d’optimisation. A titre d’exemple, il tourne en 1080p et en « high » à 45 images par seconde sur la ROG Ally. Même les joueurs avec des machines modestes pourront en profiter dans de bonnes conditions.
Et sur PS5 ?
Nous avons également pu tester le jeu sur PS5. Dans les options graphiques, le titre de Blizzard ne propose pas plusieurs modes d'affichage, comme Performance ou Qualité. Surprenant ! Peu importe, puisque le jeu tourne comme une horloge suisse en 4K et 60 images par seconde. Même avec un déluge d'effets spéciaux à l'écran et un grand nombre d'ennemis, le framerate ne tousse jamais et aucun ralentissement n'est venu entâcher nos différentes sessions de jeu. Concernant le visuel, Diablo 4 s'en tire avec les honneurs en offrant une véritable expérience next-gen : les effets de lumière et d'ombre laissent pantois (surtout en intérieur) tandis que la météo changeante offre une ambiance folle en extérieur.
World of Diablo, Wrath of the Succubus Queen
Vous l’aurez peut-être deviné à la lecture de la première partie, le monde ouvert de Diablo 4 n’est pas spécialement concocté pour vous seul, puisque vous le partagez avec d’autres joueurs. C’est une évidence, le titre a avant tout été développé comme un MMORPG. Cela passe par une customisation du physique de votre personnage afin d'être unique (une première pour un épisode principal de la saga) mais aussi par la structure même du monde ouvert. Il n’est pas rare de croiser d’autres joueurs dans la pampa et de se lier d’amitié avec eux le temps d’un donjon ou d’une quête.
Il est impossible de ne pas penser à Diablo Immortal lorsqu’on découvre cette nouvelle aventure. Le jeu mobile semble avoir servi de cobaye dans sa structure même, de brouillon mal dégrossi pour tâter le terrain et définir ce qui marche ou non. On peut aussi citer d’autres modèles, comme le très populaire Lost Ark qui a fait sensation lors de son arrivée en occident. Pour finir, est-il utile d'évoquer World of Warcraft, le mastodonte qui prouve encore aujourd'hui que le studio connait les ficelles de la formule MMO ? Blizzard a bien digéré toutes ses influences et ses expérimentations pour offrir quelque chose de calibré, classique mais peaufiné à l’extrême.
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Le multijoueur est l’essence même de ce Diablo 4, et cela s’en ressent dans le gameplay. Faire un donjon avec d’autres aventuriers en décuple le plaisir. Chacun exploite ses compétences propres afin de créer des stratégies, que ce soit face aux boss ou tout simplement contre des monstres plus faibles. Nous ne sommes pas au niveau d’une cohésion à la World of Warcraft, avec ses tanks, ses heals et ses DPS, mais il faut tout de même agir de concert avec ses coéquipiers pour être le plus efficace possible. Le solo, même s’il est toujours très plaisant, paraît fade à côté.
A noter qu’un aspect JcJ a aussi été mis en place avec les champs de haine, qui consistent à ramasser des ressources qui peuvent être récupérées par d’autres joueurs s’ils vous prennent pour cible. Un système qui ressemble à la Dark Zone de The Division sur le papier et qui donne un résultat très convaincant dans la pratique. Cela reste un bonus appréciable et non pas le coeur du jeu. Heureusement, étant donné que les classes se montrent peu équilibrées en PVP. Les sorciers et les nécros font par exemple par figure aux autres dans ces bastons. Mais on se prend à apprécier ces phases qui arrivent à provoquer une petite pression.
Tout dans Diablo 4 respire le MMO, que ce soit dans la structure, dans le level design, dans la personnalisation du personnage (un système de transmogrification est disponible dès le début) ou même dans l’artisanat. Désormais, les joueurs doivent récolter des ressources à travers le monde afin de créer des objets. Cela reste très léger et ne vient pas alourdir l'expérience. Heureusement aucun système d’hôtel des ventes n’a été mis en place, Blizzard n’ayant pas réitéré l’erreur de Diablo 3.
Si Diablo 4 apporte toutes les qualités héritées des MMORPG, il traîne aussi tous ses défauts, comme une histoire en retrait, de longues heures de farm ou encore des quêtes répétitives. Le plus gros reste la nécessité d’être constamment connecté (mais pas d'abonnement mensuel requis, rassurez-vous). Un vrai crève-cœur pour les joueurs solos ou ceux dont la connexion laisse à désirer. Un défaut d’autant plus grand que tout le contenu peut très bien s’apprécier seul si on le désire. La règle est simple : pas d’Internet, pas de Diablo 4.
PCistes et consoleux, même combat
Blizzard a fait en sorte que tous les joueurs puissent s'amuser ensemble, qu'importe leur plateforme. Sur PS5, rien ne vous empêche de parcourir l'aventure avec un ami (ou plus, jusqu'à 4) qui joue sur PC ou sur Xbox Series X. Pour rejoindre un compère, rien de plus simple. Il suffit d'entrer son ID Battlenet dans le menu Social, puis de l'ajouter à votre liste d'amis. Plus encore, la progression est cross-plateform. En d'autres termes, il est possible de débuter son exploration de Sanctuaire sur PS5, avant de la poursuivre sur PC ou Xbox. Autre bon point, Diablo 4 sur console propose de la coopération en écran partagé jusqu'à deux joueurs ! De quoi annoncer des soirées canapé endiablées. A ce sujet, l'interface a été parfaitement pensée pour le jeu à deux en local ; les menus des joueurs sont installés sur les côtés de l'écran. Un héritage de Diablo 3, redoutable d'efficacité sur sa version console.
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Un système de progression ahurissant de maîtrise
Le monde de Sanctuaire est gavé de contenus. Une fois le prologue terminé, on se rend vite compte qu’il y a énormément de choses à faire, entre les donjons, les événements, les secrets à découvrir ou encore les quêtes secondaires. On note ainsi une véritable rupture avec les opus précédents, qui étaient mieux « tenus » autour du scénario. Blizzard a soigné sa structure pour ne pas forcer la main au joueur. Aucune incitation à compléter tel donjon optionnel, telle quête annexe ou encore même de faire l’histoire principale. L’aventurier de Sanctuaire fait face à une progression organique, picore à l’envi, fait ce qui lui plaît sans aucune obligation afin de monter ses niveaux. La sensation d’accomplir mécaniquement les objectifs secondaires comme une liste de course n’existe pas dans Diablo 4. Un vrai point fort.
On apprécie énormément la diversité des activités offertes. Si on retrouve évidemment des objectifs similaires dans les quêtes ou les événements (escorter un PNJ, récolter tant d’objets ou encore nettoyer un endroit particulier), l’habillage se montre si soigné que la lassitude est absente. Par exemple, chaque quête secondaire propose sa petite histoire, souvent bien écrite et se déroulant dans un lieu propre à son intrigue.
Cependant, cette trop grande liberté a un prix. L’histoire principale, pourtant mise en avant dans la promotion du titre, a presque la saveur d’une « side quest » plus travaillée que les autres. Plus encore, de nombreux joueurs pourraient être perturbés par ce trop plein de choses à faire dès le début. La sensation de gavage est là et on est noyé sous les informations à peine le pied posé à Kyovashad. Diablo 4 gagne en richesse ce qu’il perd en accessibilité.
Chaque région a sa progression propre, offrant diverses récompenses lorsque le joueur complète des objectifs donnés. Très tôt, il peut choisir d’arpenter ces contrées comme bon lui semble. Libre à lui de nettoyer à fond une zone (ce qui apporte des bonus) ou de faire des allers-retours selon son humeur. Les donjons optionnels, quant à eux, se montrent intéressants. Tous différents (une forteresse abandonnée, un asile de fou, une caverne marine, une forêt infestée de bandits…), ils attribuent des récompenses selon votre classe. Des gratifications permanentes qui améliorent votre héros par petites touches. Nous sommes donc toujours poussés à en faire plus et aussi à créer d'autres personnages. Brillant.
On peut regretter le fait de souvent retrouver la même structure dans les donjons (on a la sensation qu’ils sont tous générés à partir du même schéma de base), mais la diversité visuelle permet de faire passer la pilule. Certains d’entre eux se terminent par un combat de boss, souvent ardu. Ces derniers, en plus d’être des « sacs à PV », disposent de stratégies précises (qu’on retrouve souvent d’un boss à l’autre). En résultent des combats longs, éprouvants, dont on ressort vainqueurs avec une immense satisfaction. On peut cependant regretter quelques pics de difficultés. Certains ennemis majeurs ont, par la magie de la génération aléatoire, des patterns totalement injustes pour le joueur qui fait donc face à un mur, l'obligeant à abandonner pour revenir plus tard.
La quintessence de la formule Diablo
Nous n’avons pas encore évoqué un aspect ô combien important du titre : le gameplay. Ici, Blizzard montre son savoir-faire, offrant une synthèse parfaite de tout ce qui a été fait dans la licence. Nous retrouvons la rigidité de Diablo 2, notamment dans les déplacements, mais aussi la nervosité d’un Diablo 3 dans les combats. Le tout donne un résultat déroutant les premières minutes, mais finalement très convaincant sur la longueur.
Les cinq classes proposées se montrent très variées, à tel point qu’elles donnent l’impression de lancer un jeu différent quand on jongle entre deux persos. Une sensation déjà présente sur les anciens titres de la saga, mais décuplée dans ce volet. Le barbare est un véritable tank sur pattes, toujours vulnérable car au centre de la mêlée mais capable de caler d’énormes patates de forain à ses ennemis. Le sorcier est moins fluide dans ses mouvements que dans Diablo 3, mais gagne en puissance au fil des niveaux pour devenir une véritable tempête de magie semant la terreur chez ses adversaires. Le voleur transforme Diablo 4 en vrai jeu d’action nerveux aux faux airs d’Hadès tandis que le nécromancien arrive à faire une synthèse de tous ces gameplay, le rendant très accessible. Quel plaisir d’envoyer ses morts-vivants au charbon tandis qu’on arrose les méchants de loin ! La roulade (espace par défaut) donne un petit côté plus souple au titre et s’avère être la meilleure amie du joueur, surtout dans les combats difficiles.
Le héros dispose de six compétences à utiliser pour survivre. A lui de choisir lesquelles sont les plus adaptées à son style parmi la myriade proposée dans un arbre de talent très complet. Tout de même moins fourni que celui du très (trop ?) complexe Path of Exile, il permet de personnaliser totalement son style, rendant chaque personnage unique (une donnée importante dans un MMO). Il fonctionne sur un système de paliers dans lesquels le joueur choisit une ou plusieurs aptitudes. Le choix est crucial, puisqu’il peut totalement changer la manière d’aborder le titre. Par exemple, le voleur peut aussi bien devenir une machine à tuer au corps à corps qu’un archer d’exception qui ne s’approche jamais des monstres. En cas d’erreur, pas de panique ; il est toujours possible de revenir sur ses décisions, voire d’adapter ses talents selon notre groupe. Une flexibilité redoutable et appréciable. Cet arbre de talent à la fois simple et complexe rappelle cet éternel adage quand on parle des jeux Blizzard : facile à prendre en main, difficile à maîtriser. Les années passent, le savoir-faire du studio reste. On peut aussi saluer le travail de la communauté de fans qui n'hésite jamais à partager les builds les plus efficaces pour votre personnage. Nous conseillons toutefois de ne pas les regarder lors de la phase de levelling afin d'expérimenter par soi-même ; c'est le meilleur moyen pour apprendre à parfaitement jouer sa classe.
Les niveaux montent très rapidement dans Diablo 4, mais paradoxalement le jeu nous laisse du temps pour apprendre à maîtriser nos personnages avec une courbe d’apprentissage géré au poil de démon. Les sorts gagnent en puissance à chaque point investi, pas seulement en termes de dégât, mais aussi dans leur visuel et leur impact à l’image. Nous avons donc une véritable sensation de progression. Quel pied de voir notre héros, au début simple quidam fragile, devenir un seigneur de guerre capable de massacrer des engeances infernales par paquet de douze ! Il ne se passe pas une demi-heure, même à haut niveau, où notre personnage ne progresse pas, où il n’apprend pas un nouveau sort, une technique inédite ou encore ramasse un objet qui améliore ses stats. Le joueur est constamment poussé à aller de l’avant. Ça ne s’arrête jamais.
Avec tous ces éléments, les combats y gagnent beaucoup par rapport aux précédents opus. La stratégie prend une place plus importante dans les bagarres, tout en gardant l’accent mis sur l’action. Plus encore, le système de potions a été revu, avec une réserve limitée qu’il faut prendre garde à gérer. Une fois nos fioles vidées, il faut prier pour que les démons tués en lâchent de nouvelles. De fait, le joueur a toujours un œil sur sa barre de vie et sa réserve. Cela rend certains combats de boss encore plus stressants. Il n’est aussi pas rare de se faire submerger par les ennemis et de finir à deux doigts de la mort pour finalement reprendre l’avantage en un battement de cil. Des situations fréquentes mais toujours aussi jouissives, même après trente heures dans les pattes !
Tout n’est pas parfait, évidemment. Le jeu ne nous épargne pas certaines escarmouches tellement chaotiques où l’on perd de vue notre personnage à cause d’un trop grand nombre d’ennemis à l’écran, ou encore les allers-retours incessants entre la pampa et la ville pour vider notre inventaire (le système de portail est toujours présent). On pourrait aussi reprocher une caméra un poil trop proche du héros, ce qui peut parfois donner une sensation d’enfermement. Les possesseurs d’écrans 21 :9 et plus seront heureusement épargnés, Diablo 4 étant compatible avec ce format (ce n’était pas le cas de Diablo 2 Resurrected). On note également un souci d’équilibrage, certaines classes s’avérant bien supérieures à d’autres. Le nécromancien est par exemple complètement fumé en PVE et faible en PVP. Tout peut toutefois être réglé via des mises à jour. Demandez aux joueurs de WoW, ils ont l’habitude. Si on chipote, on pourrait même reprocher un nombre de classes limitées. On aurait aimé avoir plus de choix, surtout que la licence nous a offert d’autres classes par le passé. Les adeptes du moine, du féticheur ou encore du paladin n’ont que leurs yeux pour pleurer. Enfin, on pourrait pointer du doigt certains menus un peu brouillons qui nous obligent à tatonner pour trouver ce qu'on cherche.
Un jeu aussi redoutable au clavier qu'à la manette
Qu'en-est-il de la maniabilité de Diablo 4 sur PS5 ? Il reprend la formule ultra efficace établie avec Diablo 3. Le principe est simple : on peut attribuer la compétence de son choix aux touches Croix, Carré, Triangle, R1, R2 et L2 (L1 et Rond étant réservées respectivement aux potions et à l'esquive). Avec tout ça, on se surprend à enchaîner les attaques et les pouvoirs en toute fluidité. Tout est naturel, agréable. Si vous êtes familier avec la licence, vous savez qu'il faudra passer beaucoup de temps dans les menus (pour gérer son inventaire, consulter la carte ou attribuer ses points de compétences). Fort heureusement, l'interface sur console a été encore une fois bien pensée afin d'éviter que ces aller-retours ne deviennent un calvaire. En appuyant sur la touche Option de la DualSense, une fenêtre s'ouvre sur le côté de l'écran. Ici, vous pouvez accéder rapidement à votre inventaire et à votre arbre de compétence. Concernant la gestion de l'inventaire, une simple pression sur Carré permet de marquer chaque objet comme de la camelote (pratique pour la revente et/ou le recyclage ensuite). Pour résumer, Diablo 4 se contrôle au doigt et à l'oeil sur PS5. On pourrait même se risquer à dire qu'il est plus agréable à la manette qu'avec le traditionnel combo clavier/souris. Oui, on ose.
Un excellent jeu, mais beaucoup de questions
Si on aborde Diablo 4 d’un point de vue purement ludique, c’est une réussite. Une réussite éclatante, même. Mais de nombreuses questions se posent encore sur le produit final. Ici, tous les regards sont évidemment tournés vers le modèle économique, qui se veut vertueux, mais qui paradoxalement en veut quand même à votre porte-monnaie.
Pour traduire, un modèle vertueux signifie que tous les contenus payants sont uniquement cosmétiques et qu’il n'est pas nécessaire de sortir sa carte bleue pour être plus fort. Pour le moment, la promesse semble tenue. Un tour dans la boutique en ligne nous permet de voir que seuls des skins de montures ou des costumes sont vendus. Pour ces derniers, il faut compter un peu moins de 25 euros pour le set complet. C'est beaucoup pour quelques pixels accolés à votre héros, mais ils ont le mérite de ne pas être nécessaires à la progression. Pour un cheval, c'est 15 euros environ. World of Warcraft propose ce système depuis quelques années déjà et la formule fonctionne, espérons que ce soit le cas pour Diablo 4. Mais avouons-le, c'est tout de même rageant de voir ce genre de pratiques sur un jeu qu'on a payé plein-pot.
La question du endgame sera cruciale. Diablo 4 a été pensé comme un MMO, et dans ce genre de jeu, la véritable aventure nous attend une fois le niveau maximum atteint et l'histoire principale bouclée. Blizzard propose déjà du contenu haut level à ne plus savoir quoi en faire, des donjons « cauchemars » avec des patterns aléatoires, des événements dans le monde ouvert, un système de parangon lié à tous les personnages ou même des world boss à faire avec des dizaines d’autres héros. Si pour l'instant, les activités sont nombreuses et arrivent à nous occuper, l'interêt risque de s'effilocher au fil des mois, avec peut-être un ras le bol de refaire toujours les mêmes donjons en boucle ou les mêmes événements. Pas de panique, des mises à jour apporteront continuellement du contenu, nous promet-on. Deux extensions sont même prévues ! On espère que ces promesses seront tenues, mais on sait que ce n'est pas toujours le cas. Overwatch 2 en est l'exemple le plus récent…
Beaucoup de questions, donc, mais soyons optimistes : Diablo 4 a toutes les cartes en main pour réussir et remplir son objectif, c’est à dire devenir un jeu populaire qui vivra pendant plusieurs années. La responsabilité de Blizzard est maintenant de ne pas gâcher ce formidable potentiel avec des décisions funestes.
Diablo 4 est un formidable jeu vidéo, c’est indéniable. Blizzard maîtrise parfaitement son sujet et le fait savoir dans chaque aspect du titre. Un jeu/univers prenant qui arrive à procurer une réelle euphorie lors des combats et pousse constamment à l'exploration. Si le basculement de la série vers le format MMO risque de diviser, le choix est finalement pertinent tant il apporte à la formule, sans toutefois la révolutionner. Une réussite ludique, donc, qui a toutes les cartes en main pour devenir LA nouvelle référence du genre, à condition que son développeur ne gâche pas tout.
- Une ambiance incroyable, un monde qui fourmille de vie
- Progression organique qui incite le joueur à faire ce qu’il veut
- Une redéfinition de la formule avec un aspect MMO
- Un monde ouvert gigantesque et bourré de secrets
- Graphismes magnifiques et optimisations au poil
- Toujours aussi fun à plusieurs
- Un gameplay aux petits oignons avec des classes très différentes
- Une vraie sensation de puissance au fil de la progression
- Une narration poussée qui ravira les fans du lore
- L’aspect MMO oblige à être constamment connecté
- Des architectures de donjons souvent réutilisées
- Des soucis d’équilibrage entre les classes
- Peu accueillant pour les nouveaux joueurs
- Modèle économique un peu douteux pour un jeu payé plein pot