Le patron de Cloudflare craint pour la vie de certains internautes après le blocage de sites de streaming sportifs illégaux. Ce ne sont pas des paroles en l'air, on vous explique pourquoi la menace est réelle.

Tous les ayants droit luttent contre le piratage. Mais parmi eux, certains font plus de zèle que d'autres. LaLiga, qui détient les droits de diffusion des championnats de football espagnols, est l'un de ceux qui se bat le plus vigoureusement contre le streaming illégal. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'organisme ne fait pas dans la dentelle. Pour lui, des services indispensables au bon fonctionnement des sites Web sont les ennemis à abattre. Google, les hébergeurs, les VPN… Et surtout Cloudflare.

Accusant l'entreprise de ne pas coopérer, LaLiga a obtenu une décision de justice l'autorisant à bloquer elle-même des milliers d'adresses IP chaque semaine. Une situation qui entraîne ce que les plus modérés appellent des “dommages collatéraux“, c'est-à-dire la mise hors ligne de sites Internet tout à fait légitimes. Le phénomène prend tellement d'ampleur en Espagne que Matthew Prince, le PDG de Cloudflare, appelle LaLiga à cesser son opération de blocage massif en évoquant un danger vital.

Le blocage de sites de streaming pirates fait craindre pour la vie des internautes

“Une grande partie de l'internet repose sur nous, y compris les petites entreprises et les ressources d'urgence en Espagne“, rappelle Matthew Prince. “Ce n'est qu'une question de temps avant qu'un citoyen espagnol ne puisse accéder à une ressource d'urgence vitale parce que le détenteur des droits sur un match de football refuse d'envoyer une demande limitée pour bloquer une ressource plutôt qu'une demande générale pour bloquer toute une partie de l'internet“.

Pessimiste, l'homme est persuadé que cela va arriver tôt ou tard. “Lorsque, malheureusement et inévitablement, cela se produira et portera atteinte à des vies, je suis convaincu que les décideurs politiques et les tribunaux, en Espagne et ailleurs, prendront la bonne décision“, poursuit-il avant de conclure : “Je prie pour que personne ne meure“.

De son côté, LaLiga estime que les dommages collatéraux éventuels, ainsi que leurs conséquences, sont de la responsabilité de Cloudflare. Parfois, l'entité nie même l'existence du blocage d'un site légitime. La discussion autour d'une table n'est visiblement pas pour tout de suite.