Une galaxie morte envoie de puissants signaux radio, une première qui secoue les scientifiques
Pour la première fois, des scientifiques ont capté des signaux en provenance d'une ancienne galaxie très lointaine. Ce ne serait pas aussi surprenant si la galaxie en question n'était pas morte.
“[…] Juste au moment où l'on croit comprendre un phénomène astrophysique, l'univers […] nous surprend“. La réaction de Wen-fai Fong, professeur associé de physique et d'astronomie, est compréhensible. Il vient de constater quelque chose que la communauté scientifique pensait impossible. Ce n'est pas la première fois qu'une découverte bouleverse notre compréhension de l'espace. Et ne sera sûrement pas la dernière.
Ici, il est question de FRB, pour Fast Radio Burst, ou Sursauts Radio Rapide comme on les appelle chez nous. Il s'agit d'une impulsion d'ondes radio durant quelques millisecondes tout au plus. Pendant ce très court laps de temps, l'énergie générée est supérieure à celle que le Soleil émet en une année entière. Au fil de leur avancées, les chercheurs étaient arrivés à la conclusion que de tels signaux pouvaient être uniquement envoyés par des amas stellaire actifs. Ils avaient tort.
On a capté des signaux radio en provenance d'une galaxie morte et c'est une première
En février 2024, le radiotélescope CHIME (Canadian Hydrogen Intensity Mapping Experiment) situé au Canada capte un FRB. S'en suivent 21 autres signaux similaires en l'espace de 5 mois. Rien de particulier dans l'absolu, sauf quand l'on se rend compte qu'ils émanent d'une galaxie très ancienne. Ne croyez pas qu'il s'agit d'une façon de parler : elle est carrément morte.
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La galaxie à l'origine de ces FRB est située à 2 milliards d'années-lumière de la Terre et serait vieille de 11,3 milliards d'années. Après simulation, il s'avère aussi qu'elle serait à la fois extrêmement lumineuse et massive : 100 milliards de fois la masse du Soleil.
“[…] Nous ne trouvons aucune preuve [de l'existence] de jeunes étoiles dans cette galaxie. […] Il existe peut-être une sous-population de FRB associés à des systèmes plus anciens“, s'interroge la directrice de l'étude Tarraneh Eftekhari. Ce mystère laisse les scientifiques perplexes, d'autant qu'il ne s'arrête pas là.
Ces FRB “d'outre-tombe” restent encore inexpliqués
Ce qui étonne encore plus, c'est que les FRB proviennent plus exactement de la périphérie de la galaxie, à 130 000 années-lumière de son centre. “C’est à la fois surprenant et passionnant, car les FRB devraient provenir de l’intérieur des galaxies, souvent dans des régions ou des étoiles se forment. L’emplacement de ce FRB si loin de sa galaxie hôte soulève des questions quant à la manière dont de tels événements énergétiques peuvent se produire dans des régions où aucune nouvelle étoile ne se forme“, résume Vishwangi Shah de l'Université McGill.
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Actuellement, les auteurs ne peuvent qu'émettre des hypothèses en guise d'explications. La plus probable est que les signaux proviennent d'un amas globulaire, un structure très dense regroupant au minimum des centaines de milliers d'étoiles dans ce qui ressemble de loin à une sphère. Les équipes ont soumis une demande pour utiliser le télescope spatial James Webb afin d'en avoir le cœur net.
Si cela se confirme, il s'agira du 2e FRB de ce type jamais observé, le premier ayant été repéré en 2022. Dans le cas contraire, “il faudra envisager des scénarios exotiques alternatifs“, s'amuse Vishwangi Shah. Comme le rappelle Tarraneh Eftekhar, “il est clair qu'il reste encore beaucoup de possibilités de découverte passionnantes en ce qui concerne les FRB, et que leurs environnements pourraient détenir la clé pour percer leurs secrets“. Jusqu'aux prochains, assurément.
Source : Northwestern University