Netflix : 1 heure de streaming émet autant de CO2 que 40 minutes de climatisation

On connaît enfin les émissions exactes de CO2 de Netflix. Selon une étude, regarder sa série préférée pendant une heure revient à utiliser une climatisation pendant 40 minutes. Au total, ce sont 100 g de carbone qui sont rejetés durant cette période. La plateforme est en retard par rapport aux autres géants de la tech sur ce sujet.

On sait depuis quelque temps maintenant que les plateformes web ne sont pas des modèles en matière d’écologie. Le stockage des données dans des datacenters massifs, ainsi que l’énergie nécessaire pour alimenter ses structures jouent également un rôle non négligeable dans le rejet de CO2 dans l’atmosphère. Récemment, Bill Gates a notamment accusé le Bitcoin d’être une véritable catastrophe pour le climat. C’est d’autant plus le cas pour les plateformes de streaming, qui produisent pour la plupart leur propre contenu, ajoutant au tout une nouvelle source de pollution.

Jusqu’à présent, Netflix n’a jamais mentionné ses chiffres d’émission de CO2, et pour cause : il est sûrement le plus mauvais élève de la classe. Mais la plateforme a fini par sauter le pas et a dévoilé les résultats obtenus par DIMPACT, un outil de mesure développé par des chercheurs de l’Université de Bristol. On apprend ainsi qu’une heure de streaming en 2020 rejette l’équivalent de 100 g de C02. À titre de comparaison, c’est moins qu’une climatisation allumée pendant la même durée.

Netflix veut réduire ses émissions de CO2

Pour les utilisateurs, cette information permet de mieux prendre conscience de l’impact de leurs habitudes de consommation. Pour Netflix, le but est avant tout de déceler les éléments sur lesquels il peut agir pour limiter ses émissions. C’est en effet précisément le rôle de DIMPACT. L’outil se décline en 4 modules : streaming, publicité, diffusion et business. « Netflix ou toute autre plateforme ne peut pas simplement brancher un outil de mesure à son infrastructure pour évaluer ses émissions de carbone » explique Daniel Schien, l’un des créateurs de DIMPACT.

La technologie permet ainsi d’obtenir des informations détaillées sur le rôle de chaque module dans les émissions Scope 3, c’est-à-dire la pollution générée par l’entreprise et ses clients. Le module streaming, par exemple, consiste à créer une simulation de l’envoi du contenu d’un datacenter à l’appareil utilisé. « Pour les médias qui font du divertissement, Scope 3 correspond à la production de contenus, à [leur] diffusion et à [leur] consommation par les utilisateurs », précise Christian Tonnesen, consultant chez Carnstone, impliqué dans le projet.

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En d’autres termes, DIMPACT permet d’identifier les sources majeures d’émissions de CO2 afin d’aider les services à adapter leur fonctionnement pour les réduire. Dans le cas de Netflix, on pourrait par exemple imaginer des datacenters plus proches du lieu de consommation, un arrêt de lecture plus rapide ou encore un accord avec Amazon Web Services, son hébergeur. On ne connaît donc pas le détail de l’étude réalisée par la plateforme, mais sa commande montre la volonté de cette dernière à faire bonne figure sur ce sujet.

Netflix est en retard par rapport aux autres géants de la tech

Ce n’est pas un hasard si Netflix ouvre soudainement les yeux sur son impact écologique. D’autres grands groupes ont déjà communiqué leurs objectifs environnementaux, bien ambitieux à la lumière du manque d’action du service de streaming jusqu’à maintenant. Microsoft, notamment, a promis d’atteindre un bilan carbone négatif d’ici 2030, c’est-à-dire qu’il retirera plus de CO2 de l’atmosphère qu’il n’en produit. Apple se montre plus réservé en visant la neutralité carbone d’ici la même échéance. Facebook, de son côté, souhaite que tous ses fournisseurs suppriment leurs émissions. Enfin, Google prévoit de n’utiliser que des énergies renouvelables à l’avenir.

Netflix, quant à lui, se montre bien discret à propos de ses objectifs environnementaux. Aucune communication n’a encore été faite sur le sujet. Néanmoins, cette dernière pourrait être le signe d’un nouveau départ pour la plateforme. En visualisant précisément ses sources d’émissions, des mesures adéquates pourront être mises en place pour limiter son impact. Le service promet ainsi de dévoiler son plan d’action d’ici le printemps 2021. En attendant, d’autres plateformes manquent encore à l’appel. En 2019, DIMPACT a révélé que YouTube dégage 10 Mt de CO2 dans l’atmosphère chaque année, un chiffre qui pourrait être drastiquement réduit en écoutant sa musique sans la vidéo.

Source : Wired

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