“Les Américains ne peuvent pas le pirater” : le président du Venezuela adore son smartphone Huawei
Nicolás Maduro est très satisfait de son Huawei Mate X6, mais il surestime sans doute ses capacités en matière de sécurité.

Lors d'une récente conférence de presse, Nicolás Maduro, le président du Venezuela, a vanté les mérites de son smartphone Huawei, qui lui a été offert par son homologue chinois. “Impressionnant, je découvre tout grâce à ce téléphone que Xi Jinping m'a offert. Regardez, Xi Jinping m'a offert ce Huawei, le meilleur téléphone du monde, le Huawei, et les Américains ne peuvent pas le pirater, ni leurs avions espions, ni leurs satellites”, a-t-il déclaré, se transformant pendant l'espace d'un instant en véritable VRP du constructeur chinois.
Le président vénézuélien n'est pas allé jusqu'à citer le modèle exact de mobile qu'il utilise, mais il l'a montré aux journalistes présents. Il semble s'agir d'un Huawei Mate X6, le smartphone pliable au format livre lancé en 2024 en Chine et en début d'année 2025 en France. Si cela vous intéresse, vous pouvez d'ailleurs retrouver notre test complet du Huawei Mate X6 en suivant ce lien.
Le passif entre les États-Unis et Huawei
Les propos de Nicolás Maduro ne sont pas anodins. Les tensions entre les États-Unis et le Venezuela existent depuis bien longtemps, mais elles sont encore passées à l'étape supérieure récemment. Donald Trump a autorisé des actions militaires de son armée en mer des Caraïbes, au large des côtes du Venezuela. Les États-Unis ont même ouvert le feu sur un bateau, qui selon le gouvernement US transportait de la drogue, tuant sur le coup onze trafiquants. Donald Trump brandit la lutte contre le trafic de drogue comme justification pour intervenir aussi près de la frontière vénézuélienne.
Nicolás Maduro cherche des alliés dans ce conflit, et la Chine est sa meilleure chance. Les États-Unis ont impulsé une nouvelle guerre commerciale contre la Chine sous le second mandat de Donald Trump, avec de lourdes taxes douanières, visant notamment les puces dédiées à l'IA, un composant hautement stratégique.
Lors de son premier passage à la maison blanche, Donald Trump s'était justement attaqué à Huawei. Tous ses équipements réseaux avaient été bannis aux États-Unis, alors qu'il était l'un des principaux fournisseurs d'antennes 4G. Accusé d'ouvrir des backdoors dans ses appareils et de partager des données avec les autorités chinoises, le constructeur avait aussi perdu le droit d'utiliser des composants et logiciels utilisant des technologies occidentales. Huawei avait alors dû développer ses propres puces et son système d'exploitation maison, le faisant disparaître des marchés hors-Chine pendant des années. Aujourd'hui encore, alors qu'il semblait sur la voie de dépasser Samsung et Apple sur le marché mobile à la fin des années 2010, Huawei n'existe presque plus aux États-Unis et en Europe.
Si, les États-Unis peuvent pirater un smartphone Huawei
Que Nicolás Maduro évoque avec tant d'instance son smartphone Huawei revêt donc une certaine importance symbolique. Mais cette opération de communication du président vénézuélien ne doit pas être prise au sérieux. Ce n'est pas parce que Huawei utilise désormais du matériel chinois et que le fabricant a le contrôle sur la partie logicielle de ses appareils que ceux-ci sont sécurisés face à de potentiels piratages informatiques venant des États-Unis.
TechCrunch a même interrogé un chercheur en sécurité basé aux États-Unis pour estimer s'il y avait du vrai dans les propos de Nicolás Maduro. C'est en fait tout l'inverse. “Il y aura forcément beaucoup plus d'erreurs dans leur tout nouveau code que dans iOS et Android à l'heure actuelle”, explique-t-il, car leur système d'exploitation est beaucoup moins mature. D'ailleurs, HarmonyOS, le système des appareils Huawei, fait l'objet de correctifs de sécurité réguliers, comme ses concurrents. Huawei lui-même reconnait que des vulnérabilités peuvent exister dans ses dispositifs.
En 2014, les documents divulgués par Edward Snowden nous apprenaient que la NSA visait tout spécialement les équipements Huawei. L'agence de renseignement avait même réussi à installer des backdoors dans les serveurs de Huawei en Chine, lui permettant d'espionner les communications des dirigeants de l'entreprise et d'obtenir des informations sur ses produits.
Un document laissait entendre que de nombreuses cibles de la NSA utilisent des appreils fabriqués par Huawei, et que contourner les sécurités mises en place par le constructeur représentent une priorité. Penser qu'un Mate X6 commercial est imperméable aux attaques des États-Unis est des plus optimistes.

