Le télescope James Webb révèle enfin le vrai visage de ce système stellaire unique
Le télescope spatial James Webb a de nouveau immortalisé une merveille cosmique. Il s’agit cette fois-ci d’un phénomène d’autant plus fascinant qu’il est rare : un système triple d’étoiles autour duquel tournoient plusieurs spirales imbriquées.

Le télescope spatial James Webb (JWST) continue de bouleverser notre vision de l’Univers : ses instruments infrarouges lui permettent de capturer ses cibles avec une précision remarquable. Les clichés réalisés sont, pour ne rien gâcher, d’un esthétisme vertigineux. Il a immortalisé deux galaxies formant un phénomène spectaculaire et a même dévoilé le costume de la nébuleuse de l’Araignée rouge pour Halloween.
Son dernier cliché (ci-dessus) n’a rien a envier aux précédents. Il ne s’agit pas là d’un embryon cosmique, même si c’est ce que cette image pourrait vous évoquer. C'est en réalité un système stellaire triple unique, baptisé Apep – comme le dieu du chaos égyptien – et le JWST vient d’en percer le secret.
Le télescope spatial James Webb a percé le secret d’un système stellaire triple unique en son genre
Apep a été découvert en 2018 grâce au Very Large Telescope (VLT). Jusqu’ici, seule la spirale la plus interne et la plus lumineuse était détectable. Pourtant, les astronomes pressentaient l’existence d’autres structures. C’est le JWST qui vient de les révéler, imbriquées les unes dans les autres, comme le rapportent nos confrères de Space.com. Deux de ses étoiles figurent parmi les plus rares de la galaxie : les Wolf-Rayet. Elles représentent environ 1 000 étoiles sur les plus de 100 milliards de la Voie lactée.
Si Apep fascine, c’est parce qu’il s’agit d’un système unique : la période orbitale de ses deux étoiles Wolf-Rayet est extrêmement rare, puisqu’elle est de 190 ans contre deux à dix ans pour la plupart. À chaque fois que ces deux astres énormes, chauds et peu stables se rapprochent, leurs vents (des flux chargés en particules) se heurtent et forment une spirale.
Ryan White, doctorant à l’université Macquarie de Sydney en Australie, a croisé les données du JWST avec celles produites par 8 ans d’observations du VLT et a pu affiner les calculs de ces étoiles. Surtout, une troisième étoile bien plus massive, une supergéante de 40 à 50 fois la masse du Soleil (contre 10 à 20 masses solaires pour les Wolf-Rayet), a été détectée. Comment ? Grâce aux cavités créées dans les spirales en expansion par son influence sur les vents stellaires et la poussière des étoiles Wolf-Rayet.
L’explosion en supernova semble être le destin réservé à chacune de ces trois étoiles. La supergéante pourrait devenir une étoile à neutrons, tandis que les deux Wolf-Rayet pourraient produire des sursauts gamma, l’un des phénomènes cosmiques les plus extrêmes, et laisser derrière elles des trous noirs stellaires.

