WhatsApp ferme un groupe ouvert par les talibans pour recueillir les plaintes des Afghans

WhatsApp vient de fermer un groupe de discussion ouvert par les talibans. Cette ligne d'assistance avait été mise en place par le groupe extrémiste peu après la prise de Kaboul pour recueillir les plaintes de la population afghane. Facebook, maison mère de la messagerie instantanée, affirme se plier aux lois américaines. Néanmoins, la décision a provoqué une vague de critiques auprès des experts du sujet. 

WhatsApp
Crédit : Unsplash

Profitant du départ annoncé des troupes américaines, les talibans sont parvenus à reprendre le contrôle de l'Afghanistan. Dimanche dernier, le groupe extrémiste s'est emparé de Kaboul, la capitale du pays, avant de pénétrer dans le palais présidentiel sans le moindre heurt. Craignant la mise en place d'une dictature basée sur la charia, des milliers d'Afghans ont tenté de fuir le pays en se précipitant à l'aéroport.

Rapidement, Facebook a mis en place des restrictions afin de bloquer les moyens de communications utilisés par les insurgés. Le réseau social a annoncé l'interdiction de tous les contenus liés aux talibans ainsi que tous les contenus qui les soutiennent. ““Les talibans sont sanctionnés en tant qu'organisation terroriste en vertu de la loi américaine et nous les avons interdits de nos services en vertu de nos politiques sur les organisations dangereuses”, déclare Facebook.

WhatsApp sévit contre les talibans en vertu des lois américaines

Sans surprise, les mesures prises par le groupe californien concernent aussi WhatsApp, l'application de messagerie numéro 1 dans le monde. Comme le rapportent nos confrères du Financial Times, WhatsApp a fermé un groupe créé par les talibans peu après leur entrée à Kaboul.

Ce groupe de discussion a été mis en place par les nouveaux maîtres de l'Afghanistan afin que la population puisse s'adresser à eux. Les talibans collectent notamment des témoignages concernant la violence, le pillage ou d'autres problèmes éventuels. Le groupe islamiste avait déjà procédé de la sorte lors de la prise de la ville de Kunduz en 2016, note le média américain.

Nous sommes obligés de nous plier aux lois américaines sur les sanctions. Cela inclut l’interdiction de comptes qui se présentent comme des comptes officiels des talibans”, explique un porte-parole de WhatsApp à l'AFP. On s'étonnera que WhatsApp évoque la législation américaine afin de justifier sa décision. Quelques heures plus tôt, sa maison mère Facebook avait pourtant assuré que ses mesures n'étaient pas dictées par “un gouvernement reconnu dans un pays donné, mais respecte plutôt l'autorité de la communauté internationale”.

“Peu importe qui détient le pouvoir, nous prendrons des mesures appropriées contre les comptes et contenus qui enfreignent nos règles”, poursuit le groupe, rappelant que les tablions sont considérés comme une organisation terroriste.

WhatsApp essuie des critiques après la fermeture du groupe

Ce tour de vis a généré une pluie de critiques. D'après plusieurs experts de l'Afghanistan, cette décision est contre productive. “Prévenir la communication entre les gens et les Taliban n'aide pas les Afghans. Si soudain les talibans ne peuvent pas utiliser WhatsApp, vous isolez simplement les Afghans, ce qui rend plus difficile pour eux de communiquer dans une situation de panique”, a estimé Ashley Jackson, auteure d'un livre dédié aux talibans et leurs relations avec les civils. Pour elle, les talibans essaient vraiment de maintenir l'ordre public. Selon certains témoignages, le groupe WhatsApp aurait d'ailleurs permis de rapporter des cas de pillage avant sa fermeture.

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a profité de la première conférence de presse des insurgés pour se plaindre des mesures mises en place par les réseaux sociaux américains. Le responsable estime que Facebook bafoue la liberté d'expression. “Ces garants de la liberté d’expression mais qui n’autorisent pas la publication de toutes les informations“, a souligné Zabihullah Mujahid.

Après cette vague de critiques, WhatsApp a laissé entendre qu'il pourrait adapter sa politique. “Nous demandons plus d’informations aux autorités américaines compétentes étant donné l’évolution de la situation en Afghanistan”, précise la messagerie instantanée.

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Alors que Facebook a sévèrement réagi à la prise de pouvoir des talibans, Twitter se montre plus modéré. Le réseau social de Jack Dorsey autorise toujours les leaders des insurgés à communiquer par le biais de leur compte Twitter. Twitter rappelle cependant qu'il n'autoriserait aucun contenu qui fait l'apologie du terrorisme ou de violences à l'égard de citoyens.


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