Voici comment SpaceX veut sauver l’astronomie des interférences de ses propres satellites
Les satellites brouillent chaque jour des centaines d’observations astronomiques. Ces perturbations menacent la détection de signaux cosmiques très faibles. SpaceX teste aujourd’hui une solution inédite en partenariat avec des chercheurs américains.

L’espace est devenu un terrain de plus en plus encombré. Les constellations de satellites en orbite basse fournissent Internet à haut débit dans des zones mal couvertes, mais elles compliquent sérieusement la tâche des astronomes. Les télescopes optiques voient leurs images striées par des passages de satellites, tandis que les antennes radio captent des interférences qui masquent les signaux les plus faibles venus de l’Univers.
Le problème est loin d’être anodin. Le réseau Very Large Array, situé aux États-Unis, subit déjà plusieurs centaines de perturbations par jour. Et les futurs observatoires, comme le Square Kilometre Array en Australie et en Afrique du Sud, pourraient être privés de données essentielles sur l’origine des galaxies ou sur la recherche de vie extraterrestre. Les ondes radio, invisibles mais cruciales, sont extrêmement sensibles au brouillage causé par les émissions des satellites.
SpaceX développe un système pour réorienter les satellites Starlink lors des observations de l’espace
Pour limiter ce phénomène, le National Radio Astronomy Observatory (NRAO) a travaillé trois ans avec SpaceX afin de mettre au point un système automatisé. Concrètement, les télescopes envoient en temps réel leur planning d’observation et les fréquences surveillées. Ces informations sont traitées par Starlink, qui ordonne alors aux satellites concernés de réorienter leurs faisceaux ou de réduire leurs émissions lorsqu’ils passent dans le champ d’un instrument. L’ensemble fonctionne de manière autonome, sans intervention humaine, et adapte les commandes à chaque survol.
Baptisé Operational Data Sharing, ce dispositif est associé à un algorithme spécifique appelé Boresight Avoidance, chargé de calculer les ajustements nécessaires. Il a été testé avec succès depuis août 2024 sur le Very Large Array et doit être déployé prochainement sur d’autres sites aux États-Unis. Si les essais sont concluants, le système pourrait être étendu à l’international pour protéger la radioastronomie. Cette collaboration montre qu’il est possible de concilier l’essor de l’Internet spatial avec les exigences de la recherche scientifique. Cet enjeu est crucial pour les prochaines décennies.

