Test Resident Evil Village : l’horreur jusqu’au bout des ongles… quand y en a !

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Quatre ans après Resident Evil 7, que nombre de fans considèrent comme le relaunch de la série, Resident Evil Village se dévoile enfin entièrement pour tous ceux qui oseront affronter cette bourgade transylvanienne où vampires, loups-garous et tritons n'ont qu'un seul objectif : croquer le joueur à pleine dent. Mais répond-il à toutes les attentes ? Réponse dans notre test.

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De l’avis général, Resident Evil 7, sorti en 2017 sur PC, PS4 et Xbox One, marque un tournant dans la série Resident Evil. Fini la vue à la troisième personne. Fini la prise en main archaïque qui était pourtant si novatrice en 1996 quand le premier volet est sorti sur la PlayStation originelle (le 22 novembre 1996 très exactement). Fini également les membres des forces spéciales S.T.A.R.S. Les Chris et Claire Redfield, Jill Valentine, ainsi que Leon Kennedy. On oublie presque tout ici. Presque.

Lire aussi – Resident Evil a 25 ans aujourd’hui, retour sur un mastodonte du jeu vidéo

RE7 est donc une sorte de « relaunch », comme on dit dans le Marvel Cinematic Universe. On change de perspective. On change de personnage. On change aussi le rythme. On adopte ici une narration de film d’horreur, avec une alternance entre les moments où s’installe l’inquiétude, la peur et l’incertitude et les moments de frénésie où des ennemis au visage humain, mais à l’invincibilité monstrueuse (et aux goûts culinaires peu orthodoxes), vous pourchasse.

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Sur les traces de Silent Hill, beaucoup plus complexe au niveau psychologique que les premiers Resident Evil, RE7 joue davantage avec les nerfs, la répulsion et une (forte) dose de psychose. On a envie de jouer à RE7, mais, en même temps, pas vraiment… Comme ceux qui vont à reculons voir un film d’horreur au cinéma. Un choix qui a payé puisque le jeu a obtenu de nombreux prix et des critiques très positives, même des sites les plus rigoureux.

Quatre ans plus tard, Capcom remet le couvert avec Resident Evil Village. Même moteur graphique. Même choix de visualisation, à la première personne (vue subjective). Même personnage central, puisque vous incarnez une fois encore Ethan Winters. Et même narration portée davantage sur une mise en condition du joueur. Cependant, au lieu de fouiller de fond en comble une propriété sordide, Resident Evil Village vous propose d’explorer une ville où monstres folkloriques, rituels sataniques et régime alimentaire cadavérique se mêlent avec férocité. Et vous allez prendre extrêmement cher !

Promenons-nous dans les bois…

Côté scénario, Capcom a pris une bonne décision : reprendre l’histoire là où nous l’avions laissé à la fin de Resident Evil 7. Tout simplement. Vous retrouvez donc Ethan Winters dont la production masque volontairement son visage pour que le joueur s’identifie totalement (du moins, pour les hommes…). C’était le cas dans RE 7. C’est encore le cas ici. Vous retrouvez également Mia, auparavant sa compagne, devenue sa femme. Et vous retrouvez Chris Redfield, l’un des rares personnages à avoir survécu au « relaunch » de la série.

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Quand vous lancez votre première partie, le jeu vous propose dès le départ un petit résumé des évènements de Resident Evil 7 afin de ne pas vous perdre en chemin et vous offrir quelques détails scénaristiques importants pour suivre le fil rouge de ce nouvel épisode et comprendre les quelques minutes qui ouvrent le jeu. Vous n’êtes pas obligé de regarder ce résumé.

Petit rappel : Ethan Winters est un ingénieur américain dont la fiancée, Mia, avait disparu. Il reçoit trois ans après sa disparition un message cryptique qui amène Ethan à se rendre à Dulvey, en plein coeur du Bayou, en Louisiane. Il y fera, malheureusement, la rencontre la famille Baker et d’Évelyne, une jeune fille qui s’avère être une arme génétique terrifiante. Après avoir créé un sérum pour sauver Mia, Ethan neutralise Évelyne avec l’aide de Chris Redfield, devenu membre d’une nouvelle organisation appelée Blue Umbrella.

Et c’est justement ce même Chris Redfield que vous retrouvez au début de Resident Evil Village. Trois ans se sont écoulés depuis la fuite de Ethan et Mia de la plantation des Baker. Ils ont une petite fille appelée Rose à qui Mia raconte des contes étranges. Et, durant une soirée qui s’annonçait calme, Chris Redfield débarque avec plusieurs soldats pour tuer Mia (tout ça pour ça…), kidnapper Rose et enlever Ethan. Celui est emmené en Roumanie, dans la région de Transylvanie. Mais son transport rencontre un imprévu : Ethan se réveille dans la neige, en pleine forêt.

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La première heure du jeu est étrangement calme. Du moment où vous quittez le transport pour vous rendre au « village », vous ne rencontrerez personne. Vous saisirez quelques ombres bien sûr, fugaces et inhumainement rapides. Mais jusqu’au moment où vous ferez la connaissance du premier habitant du village, vous serez assez seul en définitive. Mais cela ne va évidemment pas durer.

Un village où il fait bon vivre… et mourir

Dès le départ, il y a un sentiment de déjà-vu dans RE Village. Et ce n'est pas uniquement parce que la vue subjective est à nouveau exploitée ici. Les premières minutes dans la forêt roumaine nous ramènent clairement aux premiers pas dans le bayou, en Louisiane. Et les phases d’exploration dans le village rappellent aussi les grandes escapades dans la plantation des Baker. Cependant, ce nouveau Resident Evil tente de s’en démarquer par plusieurs points, notamment au niveau du gameplay.

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Un gameplay qui d'un côté fait la part belle à l'exploration grâce à une ère ouverte plus grande et plus riche, mais qui d'un autre côté se veut également plus nerveux, plus orienté action. Les amateurs de la série feront d'ailleurs certainement un lien avec Resident Evil 4, dont un remake serait en production. En effet, votre survie dans le village dépendra moins de votre habileté à passer inaperçu aux yeux des ennemis (même si cela peut parfois être encore le cas) qu'à votre propension à faire parler votre arsenal. Un “headshot” bien placé, voilà votre meilleur atout !

Cette légère modification du gameplay en faveur de l'action frénétique et non de l'oppression psychologique a une conséquence : le jeu est plus accessible. Certes, il fait toujours peur, mais il est aussi plus facile à aborder. Cela se remarque également dans la nouvelle façon de gérer son inventaire. Celui-ci est divisé en deux : une partie pour l'équipement (armes, munitions et remèdes) et une partie pour l'artisanat (herbe et poudre). Le premier est limité, tandis que le second ne l'est pas.

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Cette nouvelle gestion de l'inventaire répond à trois besoins. Faciliter le gameplay. Éviter les aller-retour qui cassent le rythme de la narration. Et tenter de passer inaperçu l'absence des coffres d'inventaire, apanage historique de la série. “Tout se perd ma bonne dame !” Sans coffre, vous devrez donc choisir avec précaution les armes que vous emporterez. Et il y en a beaucoup dans le Village. Des armes blanches. Des armes de poing. Des armes longue portée. Des armes motorisées. Etc.

Qui dit Resident Evil, dit aussi exploration (pour trouver des armes et des objets nécessaires à votre survie), mais aussi énigmes, avec quelques objets à collecter pour crocheter des serrures, actionner des puits, ouvrir des grilles et découvrir des portes dérobées. Comme dans Resident Evil 7, les énigmes ne sont pas complexes (surtout si vous avez déjà joué à un Resident Evil). Et elles n'ont pas vocation à l'être.

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Il y a une certaine richesse dans ce Resident Evil. D'abord une richesse dans le bestiaire. Vous devez affronter les quatre gardiens du village, dont la très grande dame Dimitrescu. Chacun d'eux propose son propre bestiaire, du vampire au lycanthrope, en passant par les tritons. Des montres très classiques, tirés du folklore populaire. Ce bestiaire s'étoffe aussi de bête sauvage que vous pourrez chasser.

Une chasse qui a son importance, puisqu'en ramenant le fruit de votre labeur à un certain Duc, vous pourrez cuisiner votre pitance et rendre votre personnage plus fort. Et ça, c'est relativement inédit dans un Resident Evil. Autre utilité du Duc, il vous vendra des objets utiles pour le crafting, ainsi que des améliorations pour votre inventaire. Voilà qui n'est pas banal non plus dans la série.

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Si vous n'êtes pas rassuré par l'aspect action et que vous préférez vous concentrer sur la narration et les énigmes, le jeu vous propose trois niveaux de difficulté : facile, normal et difficile. Ainsi, chacun y trouvera son compte, même les joueurs chevronnés.

Notez également pour ces derniers le retour du mode Mercenaires qui permet de jouer à de courtes parties pour remplir des objectifs. Ici, le Duc est évidemment présent. Il permet d'acheter des armes et de l'équipement, mais également d'améliorer les armes. En outre, dans ce mode, vous obtenez des compétences qui vous permettent d'améliorer vos caractéristiques : vitesse de course plus élevée, meilleure visée, plus de dégâts à distance, etc. Le jeu est également riche en contenu. Et il ne fait aucun doute qu'il s'enrichira avec des DLC, sans oublier le mode multijoueur RE:Verse dont la sortie a été décalée à cet été.

Plus c’est beau, plus c’est horrible !

Avant de parler plus précisément des graphismes, une petite remarque. Notre test de Resident Evil Village est basé sur la version next-gen du jeu. Et plus précisément sur la version Xbox Series X. Une partie du test a été effectuée un écran Full HD et une autre sur un écran 4K afin de comparer le rendu. Et nous ne saurions trop vous conseiller justement de jouer une télé 4K.

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Au coeur des graphismes de Resident Evil Village, vous retrouvez bien sûr RE Engine, le moteur 3D développé par Capcom pour Resident Evil 7. C’est un moteur que vous connaissez bien maintenant, puisqu’il est également utilisé pour Devil May Cry 5, les remakes de RE2 et RE3, ou encore pour Monster Hunter Rise, sorti récemment sur Switch. Ce moteur montre ici son véritable potentiel. Et heureusement, nous direz-vous : Village est le premier jeu next-gen développé avec le moteur.

Nous sommes admiratifs des efforts fournis ici par Capcom. Le réalisme des environnements et des structures. Leur variété bien sûr, passant d’une forêt clairsemée à un village gothique, en passant par des mines obscures et un château lugubre. L’évolution des décors en temps réel en fonction du scénario et des besoins (mention spéciale aux armoires pour bloquer le passage). Les effets de poussière (quand vous donnez un coup de feu dans un sac de farine, par exemple, pour aveugler les ennemis).

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D’autres détails ont attiré notre attention. Les effets de lumière améliorés grâce au ray-tracing (à activer dans les réglages du jeu) et les ombres calculées en temps réel. Le flou d’arrière-plan (qu’il est possible de supprimer pour gagner en visibilité), notamment dans le champ de blé en périphérie du village. Les effets d’eau très intéressants. Notez que les effusions de sang manquent peut-être de réalisme. Mais que serait un jeu d’horreur sans cette extravagance d’hémoglobine ?

Comme d’autres Resident Evil (dont RE 7), Village offre de superbes décors détaillés, mais pêche parfois sur le réalisme des personnages. Et plus précisément sur les mouvements des mains, le naturel des cheveux et le grain de peau. En comparant avec d’autres jeux, le rendu des personnages vivants fait parfois l’effet d’une statue de cire. Ce qui n’est pas forcément un mal : cela répond bien au style du jeu.

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Nous n’avons pas joué à la version PS4 ou Xbox One de RE Village. Nous ne pouvons donc pas comparer l’amélioration graphique offerte aux joueurs next-gen. Elle est certainement visible. Mais nous ne pouvons nous empêcher de nous poser une question : RE Village n’aurait-il pas gagné encore plus en réalisme dans certains détails s’il n’avait été développé que pour PS5 et Xbox Series X ? Un exemple : le bois des caisses que vous pouvez casser pour récupérer des objets nous semble un peu rigide quand il tombe à terre. Nous pinaillons bien évidemment.

C’est la, c’est la, c’est la… salsa du démon !

L’ambiance sonore respecte largement les codes de l’horreur et de l’épouvante. Vous entendez le bruit de vos pas et de votre souffle. Vous percevez les craquements et les frottements émis par votre environnement. Vous aurez même souvent l’impression que les monstres vous hurlent dessus avec force réalisme. De quoi vous déconcentrer régulièrement. Et monter un peu votre

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Si le réalisme des bruitages est à la hauteur de l’enjeu, nous notons également que la musique est relativement absente. Que ce soit dans les différentes demeures à visiter, dans le village, les champs alentour ou dans la forêt bien sûr, cela participe à l'ambiance, comme si le monde retenait son souffle quand vous explorez un passage étroit, illuminé de votre fidèle lampe torche. Comme si le jeu voulait vous entendre respirer

Comme Resident Evil 7, le jeu propose plusieurs langue pour le doublage intégral, dont en français bien évidemment. Le plus intéressant est clairement le doublage anglais, une remarque que vous pourriez faire pour tous les Resident Evil, du remake du premier au dernier épisode en date. Nous avons essayé le doublage japonais, mais il paraît décalé par rapport à la nationalité des protagonistes. Notez que le doublage français est d’une très bonne qualité, mais nous préférons le doublage anglais (avec éventuellement les sous-titres si vous n’êtes pas à l’aise)… parce que c'est toujours plus classe un doublage en anglais.

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Conclusion

Resident Evil Village est un épisode qui tente d'être audacieux tout en voulant profiter des excellents retours obtenus par son prédécesseur. Il se veut plus accessible, voire “grand public”, même s'il reste réservé à un public majeur et averti. Que ce soit sur les quelques retouches sur le gameplay, sur la gestion de l'équipement ou sur les niveaux de difficulté. Il se veut aussi plus complet, avec de nouveaux modes de jeu, beaucoup d'armes, un grand terrain de jeu et une grande variété de proies, qu'il s'agisse de monstres ou d'animaux à cuisiner. Très beau et horrible à la fois au niveau visuel, ce nouveau Resident Evil est un bon cru, même si certains regretteront toujours ce passage unilatéral à la vue subjective.

Note finale du test : Resident Evil Village

Se voulant plus accessible que Resident Evil 7, Resident Evil Village remplace une dose d'angoisse psychologique de son prédécesseur par une dose d'action frénétique. S'appuyant sur une très belle réalisation technique et un aspect visuel entre gothique, satanisme, folklore abominable, RE Village tire davantage vers le FPS horrifique (très bon au demeurant) et s'éloigne très légèrement du jeu de survie pure. Quelques petites retouches de gameplay déstabiliseront quelques instants les baroudeurs, mais elles apportent aussi plus de fluidité à l'expérience. Un bon cru.


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