Test Resident Evil 4 Remake : une réinvention brillante du jeu mythique
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Le remake de Resident Evil 4 cherche à remettre au goût du jour un titre qui a marqué l’histoire du jeu vidéo. Capcom s’emploie à le moderniser en réutilisant le travail accompli sur les remakes de RE 2 et 3, tout en n'oubliant pas d’apporter quelques innovations intéressantes. Pari réussi ?
Depuis 2019, Capcom s’évertue à redonner une seconde vie à ses titres cultes. Après Resident Evil 2 et 3 qui avaient complètement repensé les jeux originaux de A à Z, c’est au tour de Resident Evil 4 de passer à la moulinette.
Un travail difficile, tant cet épisode 4 est considéré encore aujourd’hui comme le meilleur de la saga. Pour ce volet, pas besoin de tout réinventer, le gameplay et la structure sont déjà adaptés au style TPS. Cela n’empêche pas Capcom de nous surprendre sur beaucoup d’aspects, puisque le studio ne s’est pas contenté de faire un copier/coller du jeu de 2005 avec de nouveaux graphismes et une maniabilité revue… Les changements sont beaucoup, beaucoup plus profonds.
Resident Evil 4, un jeu culte qui a mal vieilli
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit retour en arrière s’impose. Resident Evil 4 est sorti en 2005, d’abord sur Gamecube, et a été une vraie claque qui a changé la donne dans l’industrie. Attendu alors comme le messie, il n’a pas déçu, puisqu’il a tout simplement révolutionné le jeu d’action, inspirant de très nombreux studios par la suite. La caméra vue à l’épaule ? C’est lui.
Si RE 4 est aujourd’hui vu comme le patriarche du TPS moderne, il n’en reste pas moins un jeu qui accuse le poids des années. Rigide (impossible de se déplacer en visant), parfois frustrant et à la progression archaïque, il méritait d’être remis sur son trône via un remake. Pour ça, Capcom s’appuie sur ses deux réinventions précédentes, celles de RE2 et RE3, sortis en 2019 et 2020. Si on peut se montrer confiant, on ne peut qu'être curieux quant à la tournure que va prendre ce volet. Le travail effectué est très différent.
La transition est en effet moins abrupte ; on ne passe plus d’un survival horror rigide à un jeu d’action en vue à la troisième personne, puisque c’est bien RE 4 qui avait instauré ce système. Capcom doit donc passer d’un travail de réinvention à celui de réinterprétation. Pas besoin de repenser la structure du titre d’origine, mais simplement de la moderniser.
Qu’on se le dise, il s’agit bien d’un remake et non d’un remaster de luxe, tout le jeu ayant été repris de zéro. Cependant, la saveur est un peu différente que les précédents projets, plus proche de l’expérience d’origine. Cela implique qu’il est plus difficile de surprendre.
Entre remake obsessionnel et réinvention brillante
RE 4 prend place en 2004, six ans après les événements de Racoon City. Leon Kennedy, notre héros, travaille désormais pour le gouvernement américain. Il se voit confier une mission de la plus haute importance : récupérer la fille du président des États-Unis, capturée par une secte mystérieuse. Direction un coin paumé dans les montagnes espagnoles pour notre bellâtre à la coiffure toujours parfaite. Un scénario simple, voire prétexte, mais suffisant pour nous inciter à toujours aller de l’avant.
Les premières impressions de Resident Evil 4 2023 sont étranges. Nous avons un remake si fidèle qu’il nous faut relancer le jeu d’origine pour voir le chemin parcouru. La première partie semble en effet en tout point similaire, que ce soit dans les niveaux ou l’enchaînement des événements. Mais en y regardant de plus près, on se rend rapidement compte que rien n’est pareil, en vérité. Chaque arène a été subtilement repensée, le level design se montre beaucoup riche et malin tandis que les temps morts ont été annihilés. Tout y est plus fluide, s’imbrique beaucoup plus naturellement dans la progression. Par exemple, le passage plutôt libre du lac a été rallongé, invitant à l’exploration, tandis que les « couloirs » inutiles ont été réduits ou enrichis pour éviter les baisses de régime.
Mais c’est à partir du deuxième acte que tout le travail de Capcom prend son sens. Arrivés au château de Salazar, nous sautons de la réinterprétation fidèle au remake pur et dur. À partir de ce moment, on sent que Capcom s’est lâché, réinventant constamment son œuvre. La structure originale est bien là, mais a été entièrement revue. De nombreux segments ont été coupés au montage, beaucoup d’autres ont été rajoutés et ceux qui ont été repris sont si méconnaissables qu’ils paraissent inédits.
Les développeurs connaissent leur sujet et montrent toute leur expertise, enchaînant phases d’action et ceux misant sur l’horreur pure et dure, ce qui manquait un peu au titre original. Le chapitre aux commandes d’Ashley est symptomatique de la tâche accomplie. S’il est bien présent, il n’a plus rien à voir avec l’ancien. Heureusement pour nous, il n’est plus synonyme de corvée.
Tous les segments, sans exception, y gagnent dans ce remake. On peut aussi évoquer cet affrontement contre une vilaine créature dans les sous-sols de la forteresse qui passe de stressant à terrifiant, ou à cette phase en wagon qui gagne grandement en intensité. On dit ainsi adieu aux rares longueurs qui parsemaient le jeu original.
Cette restauration du level design s’accompagne d'une histoire désormais mieux racontée. Le scénario distille mieux ses révélations et accorde plus d’importance aux personnages secondaires. Luis Sera gagne en épaisseur, tout comme Ada, qui étaient en retrait dans l’original. La rivalité entre Leon et Krauser est légèrement plus approfondie. On reste certes dans le domaine du nanar niveau scénario, mais c’est appréciable.
Resident Evil 4, un jeu d’action qui n’oublie pas d’où il vient
Le gameplay a évidemment été revu pour ce remake, reprenant les bases jetées avec les épisodes 2 et 3. Nous retrouvons la caméra à l’épaule, mais avec une maniabilité beaucoup plus souple, en phase avec notre époque. Là encore, un gros travail de fluidification a été effectué. Leon est plus mobile, plus à même de se faufiler entre les ganados énervés. On peut viser en marchant, s’accroupir, changer d’arme à la volée avec un menu rapide et aussi esquiver les coups à l’aide d’une pression de L1 au bon moment. Notre personnage est certes toujours un 35 tonnes comparé à un Gears of War ou un The Division, mais un 35 tonnes agréable à bouger.
Le gameplay au couteau a aussi été repensé en profondeur. Au long de votre aventure, votre lame deviendra votre meilleure alliée. À court de munitions, elle servira à attaquer les infectés (avec un simple R2 sans viser), à contrer les mauvais coups, voire à les achever après un tir dans la jambe. Attention, votre poignard n’est pas éternel, la barre d’endurance baissant à chaque action. À vous de fouiller dans les très nombreux recoins pour en récupérer d'autres. D'ailleurs, il ne sera plus nécessaire de le sortir à chaque fois pour casser les caisses, Leon pouvant désormais les détruire d'une simple pression de touche.
D’autres petites améliorations liées au confort ont été ajoutées. Terminé les QTE, qui sont remplacés par des phases de gameplay. Adieu les conversations à la radio, celles-ci étant directement intégrées dans le jeu. Plus encore, un gameplay axé sur la furtivité a été ajouté, avec la possibilité de poignarder les ennemis dans le dos. Quelques passages exploitent d’ailleurs cet élément, ils ne sont pas mémorables et finissent toujours en phase d’action, mais ils ont le mérite de nous laisser le choix.
Toutes ces nouveautés de gameplay, on les appréhende dès le début du jeu avec la séquence du village, réintégrée telle quelle. Resident Evil 4 arrive toujours brillamment à nous faire comprendre son principe à travers ce simple chapitre qui nous met aux prises avec des dizaines de villageois enragés dans une arène ouverte et bien pensée. Même après 18 ans, ce segment marche toujours du tonnerre, alliant habilement tutoriel et stress intense.
À lire – Test Resident Evil Village : l’horreur jusqu’au bout des ongles… quand y en a !
Une réinvention qui est aussi graphique
Qui dit remake, dit bien entendu graphismes remis au goût du jour. Le RE Engine fait encore une fois des merveilles. Rarement un titre n’aura dégagé une ambiance aussi folle. Les effets de brume, les arbres, la lumière, les décors fouillés, les intérieurs… le moteur donne corps au village espagnol comme jamais auparavant. Un vrai régal pour les yeux.
Sur PS5, l’utilisateur a le choix et les traditionnels modes qui misent sur la performance (60 images par seconde) ou fidélité (4K native, ray-tracing, 30FPS). Nous ne saurons trop vous conseiller le premier, le framerate élevé se montrant beaucoup plus agréable dans les phases d’action. Un vrai travail d’orfèvre de la part du studio.
Plus que du miel pour les yeux, le RE Engine apporte du corps aux environnements en y apportant plus de cohérence. Petit exemple tout bête, nous voyons le château du village et vice versa. Il est là, palpable. En arrivant sur le lac, nous pouvons voir l’autre rive, cette même rive que nous explorons deux heures plus tard. Bref, cela donne réellement l’impression d’explorer un trou paumé presque réel, plutôt qu’un terrain pensé pour le jeu. Un bon level design, cela tient parfois à peu de choses.
Une réinterprétation soigneuse très fidèle à son modèle
Resident Evil 4 Remake n’est malheureusement pas le jeu parfait et traîne quelques vilains défauts, parfois hérités de son aîné. Ashley, qui avait tant agacé à l’époque, fait son grand retour. Elle est certes beaucoup plus débrouillarde, mais nous ne sommes pas non plus face à une Ellie qui fait sa vie pendant que nous nous débattons pour survivre. Il n’est pas rare de lever les yeux au ciel lorsque la jeune femme se fait kidnapper pour la douzième fois en cinq minutes (il faut alors neutraliser le ravisseur) dans les phases où on doit l'escorter. Toutefois, nous avons un peu plus de prises sur ses décisions avec un système d’ordres simples (suis-moi ou reste ici) qui fait son apparition. Ça peut aider, mais ça ne change pas la donne.
On peut aussi regretter quelques ajouts pas vraiment utiles. Les marchands, toujours au poste, donnent beaucoup plus de quêtes secondaires au fil de l’aventure. Elles permettent de gagner de précieux objets ou des pesetas, mais n’ont finalement que très peu d’intérêt ludique : tuer des rats, des vipères, ramener des œufs, tuer un ennemi particulier… et détruire les médaillons bleus, comme en 2005. Quant au mode mercenaires, il est aux abonnés absents. Le studio a promis son arrivée dans une mise à jour gratuite très bientôt, mais pour le moment, il faut s’en passer.
Tous ces écueils ne font pas le poids face à la qualité du jeu. Véritable hommage au titre d’origine, il n’hésite pas à faire preuve d’imagination au besoin, surtout dans ses deux derniers tiers qui s’éloignent drastiquement de son modèle. Alors que RE2 et RE3 repensaient leurs aventures dans leur structure même, RE4 aborde le problème par un angle différent, sublimant ce qui existe déjà en y ajoutant de nombreuses surprises. Une réussite.
Resident Evil 4 Remake est tout ce qu’on attendait lui. Véritable hommage au titre de 2005, il l’améliore sur tous les points tout en gardant intacte la formule originale. Une réinvention d’excellente facture qui mérite l’investissement, qu’on soit fan de la licence ou novice. C'est un jeu prenant de la première à la dernière seconde qui se permet parfois de réinventer le mythe, tout en gardant les mêmes sensations qu'à l'époque. L’un des candidats au titre de GOTY 2023, sans aucun doute.