Qui est Andy Rubin, le créateur d’Android et de l’Essential Phone ?

Andy Rubin s'est fait connaître comme l'un des pères fondateurs d'Android. Dans ce TechStory nous consacrons un portrait à ce véritable génie sans qui l'industrie du smartphone telle que nous la connaissons n'existerait tout simplement pas. 

Andy Rubin / via YouTube
Andy Rubin / via YouTube

Andy Rubin a co-créé le système d'exploitation Android avant d'en accompagner le développement chez Google – et c'est aussi lui qui est à l'origine de l'Essential Phone. Ce que l'on sait moins, c'est que cet ingénieur et developpeur devenu entrepreneur a, à l'origine, démarré chez Carl Zeiss et chez Apple, avant de passer par une future acquisition de Microsoft. En outre, il lance dès 2002 avec sa firme Danger Inc l'un des tout premiers smartphones, le Danger Hiptop.

Le fil rouge de la carrière d'Andy Rubin, vous allez le voir, c'est de créer des choses de ses mains – aussi bien du code que du hardware – tout en s'amusant.

Andy Rubin se passionne très tôt pour la technologie

Andy Rubin a grandi aux Etats-Unis, à une cinquantaine de kilomètres au nord de New York, dans une bourgade de moins de 10.000 habitants nommée Chappaqua. Andrew E. Rubin de son vrai nom est le fils d'un psychologue qui fonde une entreprise de marketing direct. Cette entreprise vendait des catalogues de gadgets électroniques qui sont donc nombreux à passer par son domicile.

Dans les colonnes du New York Times, Andy Rubin se souvient : “après que les produits étaient photographiés pour aller dans les catalogues, ils finissaient dans ma chambre. J'avais le premier de tout ce qui sortait, et le gène était définitivement fixé”.

Plus tard,  en 1986, il étudie au Utica College où il obtient un diplôme en Sciences de l'informatique. Pendant trois ans après son diplôme, Andy Rubin travaille chez Carl Zeiss AG en tant qu'ingénieur en robotique. Après avoir brièvement travaillé en Suisse pour la Société Genevoise instruments de physique, il finit par être recruté, un peu par hasard, par Apple.

En 1989, Andy Rubin est en vacances aux Îles Caïman. Un soir, il croise un homme, hagard, sur la plage. Il s'agit de Bill Caswell, ingénieur Sr chez Apple. Celui-ci sort tout juste d'une dispute avec sa petite amie. Andy Rubin sympathise et lui offre un lit pour la nuit. Pour le remercier, Bill Caswell lui offre alors… un poste chez Apple.

Andrew Rubin : dès 1989 ses collègues chez Apple le surnomment “Android”

Andy Rubin était à ses débuts ingénieur en opérations de production. On raconte que chez Apple Andy Rubin s'est très vite fait une réputation de farceur. Il aurait par exemple reprogrammé le système téléphonique interne de l'entreprise pour se faire passer pour le PDG de l'époque (John Sculley). C'est pendant ses années Apple, à cause de sa passion pour la robotique, que ses collègues de travail finissent par le surnommer “Android” Rubin – un surnon qui prendra une toute autre dimension quelques décennies plus tard.

La direction d'Apple finit par le nommer à la recherche et développement. Puis en 1990, Apple créé General Magic avec pour but d'explorer le développement des appareils mobiles de communication le plus discrètement possible. Les instigateurs du projet, nommé Paradigm en interne, pensent que la prochaine génération d'informatique grand public sera le fruit d'un partenariat entre des fabricants d'ordinateur et d'appareils de communication grand public.

De General Magic et MSN TV à Danger Inc.

Une idée assez avant-gardiste pour l'époque et qui aboutira d'un côté au développemnt des PDA, ancêtre des smartphones, et de l'autre du Newton, l'ancêtre de l'iPhone. Andy Rubin rejoint les effectifs de General Magic en 1992, puis quitte l'entreprise en 1995. Il y travaillait sur Magic Cap, un système d'exploitation orienté objet pour les PDA, qui se retrouvera dès 1994 sur le Sony Magic Link et le Motorola Envoy.

Avec quelques ex-employés de General Magic et des vétérans chez Apple, ils lancent alors Artemis Research. La firme développe WebTV l'une des premières tentatives de combiner internet et télévision. La firme est rachetée par Microsoft en 1997 et WebTV débouche sur MSN TV. Andy Rubin est alors de facto salarié de Microsoft. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à faire des blagues à ses collègues.

Il construit, entre autres, un robot équipé d'un micro et d'une webcam fixée sur un bras articulé. Et le laisse se ballader dans les locaux de la firme de Redmond. Or, le robot était aussi connecté à internet. Un weekend, les responsables sécurité de Microsoft se rendent compte que des hackers avait pris contrôle du robot. Et demandent fermement à Andy Rubin de lui faire quitter les lieux…

Rubin lance dès 2002 son premier smartphone : le Danger Hiptop

En 1999, il s'émancipe de la tutelle de Microsoft. Avec plusieurs collègues il lance Danger Inc. une entreprise qui est à l'origine de l'un des tout premiers smartphones du marché : le Danger Hiptop, aussi appelé Sidekick à cause de son appellation commerciale chez l'opérateur américain T-Mobile.

“Nous voulons faire un appareil, qui a à peu près la taille d'une tablette de chocolat, avec des prix sous les 10 dollars et qui peut être utilisé pour scanner un objet et obtenir de l'information dessus à partir d'internet. Puis, ajoutez la radio et le transmetteur, et vous avez le Sidekick“, explique Andy Rubin cité par Eyerys.

En 2002, lors d'une intervention à Stanford autour du Sidekick, il croise Larry Page, co-fondateur de Google. Après son discours, Larry Page examine le Sidekick et remarque immédiatement que Google en était le moteur de recherche par défaut. Larry Page aurait alors lancé, d'un air fasciné : “- Cool”. Avant de tourner les talons. Mais les deux hommes allaient très vite se recroiser.

2003 : la naissance d'Android

En 2003, Andy Rubin quitte la direction de Danger. Puis se concentre à développer la prochaine générations de téléphones intelligents. Il décide alors d'utiliser Android.com, un nom de domaine correspondant à son surnom qu'il possède depuis de nombreuses années pour lancer sa nouvelle entreprise.

Avec une petite équipe d'ingénieurs, ils conçoivent un système d'exploitation mobile ouvert à tous les développeurs, initialement pour les appareils photo numériques… avant d'élargir ses potentielles applications.

Mais, après avoir investi toutes ses économies, il se retrouve vite sans ressources. Un ancien ingénieur d'Apple Steve Perlman lui prête alors 100 000 dollars. Puis il tente de séduire des investisseurs. Or, le projet suscite beaucoup d'engouement, malgré l'éclatement encore frais de la bulle internet.

Alors qu'il négocie avec des venture capitalists, il décide de prévenir Larry Page par mail des possibles partenariats autour de son projet. Quelques semaines plus tard, en 2005, Google rachète Android pour un montant estimé à plus de 50 millions de dollars. Et Andy Rubin prend la direction du projet chez Google.

2005 – 2014 : l'époque Google

Le but d'Android, c'est désormais de supplanter Symbian, Microsoft Windows Mobile et BlackBerry OS qui occupent déjà le marché. À la différence de ces derniers systèmes, Android fait le pari de l'ouverture vue comme gâge d'un progrès technologique plus rapide. Pour Google et surtout Larry Page, Android est une occasion unique de façonner les usages mobiles de demain. C'est le point de départ d'une idée qui finira par déboucher sur des “Google Phones” : les Nexus et autres Pixel.

Chez Google, Andy Rubin dirige une équipe de 8 personnes pour développer un système d'exploitation mobile basée sur le noyau Linux. Google lance en parallèle un dispositif conséquent pour favoriser le développement de ce qui deviendra, effectivement, une industrie de premier plan. Google noue entre autres de nombreux partenariats avec des fabricants et opérateurs et lance l'Android Update Alliance qui devait coordonner les mises à jour avec les opérateurs.

Google a aussi alors acquis Motorola et s'apprète fin 2007 à lancer son premier smartphone. Or, dès 2007 Apple devance Google et lance l'iPhone. Andy Rubin et les cadres de Google se rendent alors compte qu'il leur faut plus de temps pour revoir leur projet, qui paraissait beaucoup moins avancé. Mais ils finissent en octobre 2008 à enfin lancer le tout premier smartphone Android, le HTC Dream.

L'interface est alors un peu moins avancée que PhoneOS (connu sous le nom d'iOS aujourd'hui), mais cela suffit à rendre Steve Jobs furieux : il convoque alors les cadres de Google et Andy Rubin. Le patron d'Apple était au courant du projet Android grâce à ses liens avec Larry Page et Sergeï Brin, mais aussi le fait qu'Eric Schmidt, le PDG de Google d'alors, était aussi au conseil d'administration d'Apple. Ces derniers lui avaient tous assurés que cet OS serait différent de PhoneOS.

En voyant la ressemblance entre les deux systèmes, Steve Jobs a alors exigé que des modifications soient faites. Et a par exemple fait disparaitre les gestuelles multi-touch.  Google accepte dans un premier temps, mais finira par se raviser et ajouter ces fonctionnalités quitte à se lancer dans une bataille judiciaire. Or Android est un succès, et l'équipe de 8 ingénieurs devient au fil des ans un département fort de 250 collaborateurs.

En 2013, Larry Page annonce dans un post de blog qu'Andy Rubin allait désormais travailler sur de nouveaux projets. Il revient à son premier amour, la robotique, et dirige la division correspondante chez Google, et qui travaille entre autres avec des entreprises comme Boston Dynamics. Mais le 30 octobre 2014 il quitte l'entreprise.

Essential Phone : son pari le plus risqué

Dès 2015, Andy Rubin se lance dans un nouveau projet : créer son propre smartphone. Il fonde avec Matt Hershenson Essential Products. Et en 2017, il lance le premier smartphone borderless, à encoche et modulaire du marché : l'Essential Phone. Il reçoit un accueil plutôt positif de la presse malgré des critiques autour des performances photo et de l'absence de port jack. Mais il se vend abominablement mal – à peine 50.000 unités dans le monde.

Un second modèle le PH-2 aurait été annulé. Pour autant, des sources évoquent depuis octobre 2018 un nouveau modèle de smartphone. D'ailleurs la firme a récemment lancé un accessoire, un module DAC avec jack audio, pour du son haute fidélité, vendu 150 dollars. Reste que le marché du smartphone qu'il a contribué à créer est aujourd'hui saturé, entre des smartphones haut de gamme très aboutis et des smartphones chinois beaucoup moins chers, eux aussi haut de gamme et très aboutis.

Mais on peut faire confiance à Andy Rubin pour créer la surprise avec un produit unique sur le marché.


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