La conquête de la Lune force les fabricants à réinventer la roue (et surtout son pneu)
Retourner sur la Lune pose des défis inattendus, même pour une simple roue. Sous des températures extrêmes et sans possibilité de crevaison, les pneus spatiaux doivent être repensés. Plusieurs géants du secteur testent déjà des solutions très originales.

Depuis les missions Apollo, les technologies spatiales ont beaucoup évolué, mais certains problèmes restent entiers. En tête de liste : comment faire rouler un véhicule sur la Lune ou sur Mars sans risquer une panne critique. Un simple pneu endommagé pourrait mettre en péril une mission entière. Sur ces terrains hostiles, où il n’y a ni garage ni dépanneuse, tout doit être repensé, y compris les roues.
Selon la BBC, qui s’est entretenue avec des responsables de l’agence spatiale américaine (NASA) et de plusieurs fabricants, un retour d’astronautes sur la Lune est prévu d’ici 2027 dans le cadre du programme Artemis. Contrairement aux précédentes missions, les nouveaux rovers devront parcourir de bien plus grandes distances. L’objectif est de couvrir 10 000 kilomètres sur dix ans, dans des conditions extrêmes allant jusqu’à -230 °C. Pour cela, les pneus classiques sont inutilisables. Ils doivent être remplacés par des matériaux capables de résister au froid, à la poussière abrasive et aux chocs répétés.

Michelin, Bridgestone et d'autres conçoivent des pneus lunaires sans air, souples et résistants
Plusieurs entreprises planchent sur des roues capables de se déformer sans s’abîmer, puis de retrouver leur forme. Michelin teste une structure en plastique haute performance, tandis que Bridgestone s’inspire des coussinets de chameaux pour répartir le poids sur le sol lunaire. Ces pneus sans air doivent aussi supporter des charges bien plus lourdes que lors des missions Apollo. Car les futurs rovers transporteront des modules scientifiques, voire des habitats mobiles. Et sur Mars, la gravité plus élevée compliquera encore la tâche.
D'autres innovations misent sur des alliages comme le nitinol, un métal “souple” qui reprend toujours sa forme initiale. Déjà testé sur le rover martien Curiosity, ce matériau pourrait aussi servir sur Terre. Une entreprise développe actuellement des pneus pour vélos et motos à base de nickel-titane, conçus pour durer dans des environnements difficiles. En attendant, Michelin et Bridgestone présentent leurs prototypes à la Nasa ce mois-ci. L’agence américaine pourrait retenir un seul projet ou combiner plusieurs technologies pour équiper ses prochaines missions.