Face à la généralisation de la vérification de l’âge sur Internet, les défenseurs des libertés numériques tirent la sonnette d’alarme
Alors que l'Union européenne envisage de généraliser la vérification de l'âge sur Internet, les défenseurs des libertés numériques font part de leurs inquiétudes. Ils craignent des mesures trop permissives pour une efficacité relative.

Le popup “Je certifie avoir plus de 18 ans” suivi du clic sur “Oui“, vous connaissez ? Ce sera bientôt un lointain souvenir. Actuellement, être mineur n'empêche absolument pas d'accéder à un site réservé aux adultes. Le principe de la déclaration sur l'honneur est en vigueur depuis des dizaines d'années et son inefficacité n'est plus à prouver. Partant de ce constat, plusieurs pays ont mis en place un système plus robuste. Une vingtaine d'États américains le font ainsi que l'Australie et, plus proche de nous, le Royaume-Uni.
Bien que ce dernier ne fasse plus partie de l'Union Européenne, sa décision pourrait rapidement se répandre dans dans le Vieux continent. La France envisage depuis quelques temps de faire vérifier l'âge sur Internet, avec déjà des conséquences bien visibles. Si l'objectif de protection des mineurs est légitime, une telle pratique n'est pas sans risque. C'est ce que souhaitent rappeler les différents organismes de défense des libertés numériques.
Pourquoi vérifier l'âge de tout le monde sur Internet n'est pas forcément une bonne idée
Vérifier votre âge avant de vous laisser parcourir un site se fait de différentes manières : scan de votre visage, envoi d'un document d'identité, interrogation d'un organisme comme votre banque ou votre opérateur… Dans tous les cas, cela crée “des points de défaillance pour les pirates, qui chercheront des vulnérabilités“, souligne Ella Jakubowska, responsable des politiques publiques du collectif European Digital Rights (EDRi).
Citée par Le Monde, elle pense qu'il y aura “inévitablement des personnes dont les données sensibles fuiteront, peu importe la solidité du système“. L'éviter serait possible, mais “nous n’y sommes pas encore“, précise Jakubowska. Pour Iain Corby, directeur exécutif de l'Age Verification Providers Association, principal lobby du secteur, c'est faux. Mais à ce jeu-là, c'est parole contre parole.
La question des informations personnelles n'est pas la seule à être soulevée. Paige Collings, militante sur les questions de liberté d’expression et de vie privée pour l’Electronic Frontier Foundation, craint que les sites fassent du zèle en ensurant des contenus légitimes, mais jugés non conformes. Par exemple des informations sur le cancer du sein, les droits des personnes LGBTQ+, etc. Et c'est sans parler du fait qu'il est très facile de contourner les systèmes de vérification d'âge, même sans utiliser de VPN.

