Essai de la Peugeot e-208 : notre test de la petite citadine électrique

Essence, diesel ou électrique ? Chez Peugeot, on estime désormais que le client doit avoir le choix. C’est ainsi que la nouvelle 208 est désormais proposée avec ces trois motorisations. Nous avons pris le volant de sa version électrique, la e-208.

Article rédigé par Alexandre Lenoir

La 208 est un modèle stratégique, voire vital pour Peugeot. Le Lion tire en effet de cette auto une grosse part de ses recettes, notamment en France où la compétition avec Renault sur le marché des citadines (dont la Clio a été elle aussi renouvelée récemment) dure depuis plusieurs décennies. Mais, tandis que Renault fait le choix de proposer une Zoé d’un côté et une Clio (qui vient d'être hybridée) de l’autre, Peugeot espère donc que sa silhouette unique aura les faveurs du public. Une 208 électrique, c’est d’abord une 208. Côté design, donc, il n’y a que quelques détails qui permettent à coup sûr de la distinguer d’un modèle thermique, comme sa calandre spécifique ou ses monogrammes « e » disposés sur les ailes ou sur le hayon, en plus de l’absence d’échappement bien sûr. Pour le reste, la e-208 s’accorde totalement avec les canons actuels de Peugeot dont le design fait la part belle aux angles et aux lignes complexes.

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Fiche technique de la Peugeot e-208

Peugeot e-208
Moteurélectrique
Puissance136 ch
Couple260 Nm à 0 tr/min (mode SPORT)
Batterie de traction50 kWh utiles
Autonomie (WLTP)340 km
Chargeur7 kW (11 kW en option)
Temps de charge - Wall box 11 kW triphasé5h15
Temps de charge - Wall box 7,4 kW monophasé8 h
Charge Rapide Combo CCS 100 kW80 % en 30 minutes
FinitionsActive, Allure, GT Line, GT, Active Business, Allure Business
Prixà partir de 32100 euros, hors bonus

Un intérieur bien garni

Dans l’habitacle, le client Peugeot ne sera pas dépaysé par un style conforme à celui que l’on trouve déjà dans les familles 3008 et 508, à commencer par le i-Cockpit qui est ici décliné dans une appellation « 3D » et qui, rappelons-le, se compose d’un petit volant à double méplat et d’un combiné porte-instruments situé en position haute. Au gré des versions, ce combiné peut être équipé d’un système de doubles écrans superposés permettant de hiérarchiser l’information en faisant surgir les plus importantes sur la dalle supérieure. Ce système qui nous a paru très efficace ferait, selon les ergonomes de Peugeot, gagner jusqu’à une bonne seconde au conducteur sur son temps de réaction, soit un peu moins de 30 mètres de distance parcourue à 90 km/h. Nous avons également apprécié le choix sobre dans les thèmes de couleurs retenus pour cette instrumentation, ce qui a le mérite de ne pas perdre le conducteur dans une masse d’informations illisibles.

La console centrale présente, elle, les fameuses touches piano apparues sur le 3008 il y a quelques années, lesquelles sont, selon les versions, doublées ici d’une bande tactile donnant un accès rapide aux fonctions du système d’infodivertissement. Ce dernier peut se présenter sous la forme d’un écran de 7 ou 10 pouces panoramique légèrement orienté vers le conducteur (c’est l'écran de 10 pouces qui était présent dans notre véhicule d’essai). Sous les touches piano, on trouve une trappe qui dévoile un chargeur à induction pour smartphone, ainsi qu’un support dépliant également pour smartphone, ce qui permet de le disposer de sorte qu’il soit lisible et facile à manipuler pour choisir sa musique, par exemple. Deux prises, USB-A et USB-C, complètent le tableau. La prise USB-A permet d’accéder aux modes miroirs des smartphones, avec Mirror Link, Android Auto et Apple Car Play. Enfin, il est possible de disposer de deux prises USB-C supplémentaires aux places arrière.

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Puissance et maniabilité

Si la 208 offre une large gamme de moteurs essence et diesel, le choix pour la version électrique se réduit à un modèle de 100 kW (136 chevaux) et 260 Mn de couple. C’est le plus puissant de toute la gamme 208 actuellement, ce qui lui permet d’arborer un badge GT dans sa finition la plus haute. Le moteur électrique est alimenté par une batterie de 46 kWh utiles (50 kWh au total) qu’il est possible de recharger sur les prises rapides, jusqu’à 100 kW. Pour recharger le véhicule, Peugeot propose à ses clients un abonnement Charging Pass qui ouvre l’accès à plus de 120 000 points de charge en Europe, ainsi qu’à un planificateur d’itinéraire. À noter que seule cette application permet effectivement de planifier un itinéraire en fonction des points de recharge, le système embarqué seul en étant incapable.

Sur la route, la Peugeot e-208 révèle des qualités totalement en adéquation avec la réputation de la marque. En fait, elle nous a même paru plus agréable à conduire que ses sœurs thermiques. Le fait que la conception de la plateforme e-CMP qu’elle exploite intègre les batteries très bas dans le plancher abaisse considérablement le seuil de gravité et favorise clairement la tenue de route. Les suspensions, elles aussi tarées pour le surpoids, efface l’effet de pompage constaté sur le train arrière des versions thermiques. Il en résulte une auto aux qualités dynamiques et au confort de roulage indéniables. C’est d’autant plus vrai que l’insonorisation très poussée efface presque tous les bruits de roulement. Seuls des bruits aérodynamiques, notamment au niveau des rétroviseurs, se font entendre au-delà de 120 km/h.

Trois modes de conduite sont proposés : ECO, NORMAL et SPORT. Chacun adapte la puissance, le couple maxi et l’efficacité des équipements de confort (climatisation…) aux besoins du conducteur. Sachez que les 136 chevaux et 260 Nm ne sont totalement disponibles qu’en mode SPORT.

Autonomie

Avec la voiture électrique, on ne parle plus vraiment de consommation, mais d’autonomie. Ce sont certes deux vocables totalement liés, mais ce choix démontre bien qu’il faut encore rassurer le client en la matière. À raison. La Peugeot e-208 affiche une autonomie homologuée de 340 km selon le cycle WLTP, ce qui correspond à une fourchette large allant de 200 à 350 km réels, selon les conditions d’évolution et de climat. Il est extrêmement délicat de tirer des conclusions de consommation suite à un essai relativement court, mais cela permet tout de même de se faire une idée en confrontant les chiffres constatés avec l’expérience d’autres essais.

À ce petit jeu, la e-208 parait moins convaincante que certaines de ses congénères électriques. Batterie à 100 %, nous avons entamé notre boucle d’essai avec une autonomie affichée de 300 km, pour, 80 km plus tard, la restituer avec seulement 150 km restant, soit une consommation moyenne de 20 kWh/100 km. Même si l’on ne peut rien conclure, c’est une donnée peu flatteuse. À la décharge de notre e-208, il s’agissait d’un modèle dont certaines parties étaient encore en développement. Espérons que la consommation de 14 kWh/100 qui correspond à ses données d’homologation sera bien réellement facile à atteindre avec le modèle de série qui sera commercialisé début 2020.

D’autant plus que le système embarqué ne favorise pas non plus la remontée d’information. Le mode 2D Electric du GPS, censé renseigner sur les points atteignables en fonction de la réserve de marche se contente de présenter un cercle autour du point de la voiture, sans tenir compte du relief ou de la circulation. Les indicateurs d’autonomie et de recharge restent, eux, cantonnés à une précision à la dizaine de kilomètres, ce qui n’est pas suffisant selon nous pour évoluer sereinement et utiliser le mode B (freinage régénératif renforcé à la décélération) de façon ludique. Dommage, également, que Peugeot se soit résigné à faire l’impasse sur un mode roue-libre que la plupart de ses concurrentes proposent et qui permet, là aussi, de gagner de précieux kilomètres d’autonomie en débrayant le moteur de la transmission pour laisser la voiture poursuivre sur sa lancée lorsque les conditions le permettent.

Aides à la conduite

Côté ADAS, autrement dit aides à la conduite, Peugeot a voulu faire entrer dans la 208 ce que l’on trouve dans sa grande sœur 508, à la vision nocturne prêt. L’auto peut donc être équipée de 11 aides et béquilles électroniques, telle l’aide au maintien de la position dans la voie, le régulateur adaptatif, l’assistance au parking, la surveillance des angles morts et de la vigilance du conducteur, etc.

La voiture conviendra à une petite famille, pour des déplacements urbains et extra-urbains. Le coffre de 310 litres est identique à celui de la version « classique », ce qui est une bonne chose. Les places avant sont bien dimensionnées, l’arrière étant plus étriqué. N’oublions pas que l’on évolue dans une citadine. Pour les trajets plus longs, Peugeot propose une offre de location à prix avantageux via son service optionnel Free2Move. Le tout sera de vérifier qu’il fonctionne bien lors des pics de demande, notamment l’été.

Pour finir, parlons des prix. La Peugeot e-208 est proposée à partir de 32 100 euros (hors bonus) dans sa version de base (Active), la finition GT étant facturée 37 150 euros. C’est plutôt élevé pour sa catégorie, et c’est surtout un pari osé de la part de la marque sochalienne. En effet, de bonnes ventes de cette e-208 pourraient découler de précieux « bonus » dans la taxe qui va frapper les constructeurs automobiles en fonctions des émissions cumulées par les véhicules vendus. Heureusement, elle a pour elle « un physique facile » !

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