Des scientifiques recréent le « super-alcool » cosmique, mais on vous déconseille fortement de le boire

Des chercheurs sont parvenus à reproduire une molécule, surnommée « super-alcool », jusqu’ici insaisissable sur Terre et elle pourrait bouleverser nos connaissances de la chimie cosmique.

alcool detection volant
Crédits : Adobe Stock

L’espace regorge de matière inconnue sur Terre qui intrigue les chimistes, parfois pendant des décennies. Le méthanététrol, surnommé « super-alcool », est l’une de ces molécules dont les scientifiques parlent depuis plus d’un siècle, sans jamais avoir pu l’observer. Rappelons simplement que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Et de toute façon, ce « super-alcool » ne vous donnera ni gueule de bois, ni souci de santé ou d’addiction puisqu’il n’est pas question de le boire, même avec modération.

Revenons au vif du sujet. Le méthanététrol, de formule C(OH)₄, est une molécule exceptionnelle. Nos confrères de Neowin précisent qu’elle possède quatre groupes hydroxyles (OH) attachés à un seul atome de carbone. Si elle n’a jamais été observée, c’est parce qu’elle est trop instable pour exister dans des conditions terrestres naturelles. Des chercheurs de l’Université d’Hawaï ont réussi à la reproduire et cette découverte pourrait bouleverser nos connaissances de l’Univers sur le plan chimique.

Ce super-alcool n’est pas à boire, mais il repousse les limites de nos connaissances en chimie cosmique

Les scientifiques ont recréé les conditions extrêmes des nuages interstellaires, berceaux des étoiles et des planètes. Ils ont combiné températures avoisinant le zéro absolu (5 à 10 kelvins) et des pressions proches du vide parfait (inférieures à 10⁻¹⁰ Torr), puis ont bombardé des échantillons de glaces modèles, faites d’eau et de dioxyde de carbone, de rayonnements énergétiques.

Exposées à la lumière ultraviolette d’un grand accélérateur de particules appelé synchrotron et analysées grâce à la photoionisation, une méthode de détection très sensible, ces glaces ont révélé la présence d’infimes quantités de méthanététrol, mais aussi des molécules intermédiaires importantes : l’acide carbonique (HOCOOH) et le méthanétriol.

Ces résultats obtenus en laboratoire ont confirmé la voie de réaction menant au « super-alcool ». Ils ont été soutenus par des modèles informatiques qui laissent penser que le méthanététrol pourrait aussi se former dans l’espace, si l’acide carbonique y est suffisamment répandu. Surtout, cela suggère qu’il pourrait contribuer à la formation de molécules organiques plus complexes, et donc à l’apparition éventuelle de la vie. Cela repousse les limites de nos connaissances de la chimie de l’espace, qui apparaît plus variée et surprenante que ce que l’on pensait.

Cette trouvaille offre aux astronomes une nouvelle cible à chercher lorsqu’ils étudient les nuages interstellaires et ouvre la voie à de nouvelles recherches, comme l’analyse de l’interaction du méthanététrol avec d’autres molécules dans des conditions cosmiques simulées. Elles permettront peut-être d’expliquer comment des composés simples évoluent vers des molécules plus complexes, précurseures de la vie.


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