Trottinettes électriques Lime : à Paris, des ados se payent des trajets avec des cartes bancaires volées

Les trottinettes électriques Lime sont devenues populaires chez les collégiens parisiens, qui ont trouvé une combine pour rouler en quasi illimité. Ils se payent des trajets en rechargeant leur compte sur l'application avec l'argent de cartes bancaires volées.

Ce jeudi 28 juin 2019, Libération publie une enquête sur un système de fraude à la carte bancaire permettant à des adolescents parisiens de ses payer des trajets, voire des sessions de plusieurs heures, en trottinettes électriques en libre-service de type Lime. Un service qu'ils ne sont pas autorisés à utiliser étant donner leur âge. Voici comment ils réussissent ce tour de force.

Des cartes bancaires volées pour payer des séances de trottinettes électriques Lime

Deux collégiens interrogés, de 13 et 14 ans, confient qu'ils se rendent sur le vieux logiciel de messagerie instantanée ICQ, où tout commence. Là, ils rejoignent un groupe de discussion, qui compterait 11  300 membre. Certains des utilisateurs, qu'ils ne connaissent pas, partagent alors des numéros de cartes volées, qu'ils peuvent exploiter. “Les messages sont écrits en anglais, il y en a plus de 2 000 par jour. On dit “drop” (déposer) quand on veut qu’ils envoient des cartes et “dd” (dead, mort) lorsque la carte ne fonctionne pas”, explique l'un des adolescents à Libé.

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Quand ils parviennent à récupérer un numéro de carte encore valide, les jeunes hommes se connectent alors à l'application Lime, qui a la particularité de ne pas facturer à la course mais de fonctionner par recharge : on crédite le montant souhaité sur son compte, et l'argent reste à disposition pour des utilisations ultérieures. Idéal pour profiter de leur combine.

“Quand on reçoit une carte, il faut être vif. On commence par mettre 5 euros. Si ça fonctionne, on remet 5 euros. Puis 10, puis 15 puis 20…”, expliquent les deux fraudeurs. “Sur les American Express, on peut payer seulement 5 euros. Les meilleures, ce sont les Mastercard. Quand elles fonctionnent, on peut aller jusqu’à 300, 400 euros”, ajoutent-ils. La plupart des cartes viendraient des États-Unis.

Lime suspend les comptes suspects, mais en vain

D'après un administrateur du groupe ICQ, le trafic de cartes volées s'effectue sur un site illégal du marché noir. Libération a pu le consulter, mais n'en dévoile pas le nom. Le média découvre que contre la somme de 100 euros, les utilisateurs peuvent avoir un accès privilégié aux cartes volées. Il y a donc bien plus de chances que celles-ci ne soient pas bloquées, puisque très peu de personnes ont pu mettre la main sur leurs coordonnées jusqu'ici.

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Dans certains collèges parisiens, ce système s'est répandu comme une traînée de poudre. 75% des élèves des classes de 3ème et 4ème sont inscrits sur le groupe pour tenter de récupérer et d'exploiter les numéros de cartes bancaires, assurent les deux jeunes interrogés. Nous ne sommes bien sûr pas à l'abri qu'ils exagèrent un petit peu ce chiffre. En 5ème et en 6ème, le phénomène serait moins populaire (ils n'ont pas tous un smartphone ou ne sont pas au courant) mais existerait tout de même.

Un trafic parallèle se serait développé dans certains collèges de la capitale. Des élèves rechargeraient des comptes avec 100 euros volés, pour les revendre ensuite à un prix bien inférieur, comme 20 euros. Depuis quelques temps, Lime permet de débloquer plusieurs trottinettes avec un unique compte. De quoi “faire rouler tout le quartier” avec un seul compte crédité de plusieurs centaines d'euros, se vantent les deux adolescents. Lime suspend les comptes jugés suspects, mais il est facile de s'en créer un nouveau en empruntant le numéro de téléphone d'un proche. D'ailleurs, l'un des collégiens a déjà créé plus d'une dizaine de comptes.

Source : Libération

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