Les notifications de votre smartphone doublent le risque d’accident de la route
Si on savait déjà que passer des appels ou lire et envoyer des messages au volant est dangereux, une nouvelle étude analyse les risques engendrés par la simple lecture de notifications lorsque l'on conduit. Les résultats ne laissent pas de place au doute : les risques d'accident sont bien plus élevés.
Si on parle souvent de l'impact des conversations téléphoniques au volant, on évoque moins celui des notifications que l'on reçoit lorsque l'on est en train de conduire. Même si on ne prend pas notre smartphone dans la main, les consulter réduit notre concentration accordée à la route et augmente le risque d'accident.
Une étude commandée par Assurance Prévention et réalisée par le pôle d’expertise du risque Calyxis en mai 2025 a mesuré les conséquences des notifications au volant. Pour ce faire, un échantillon de 24 participants de 18 à 60 ans, conducteurs réguliers et utilisateurs de smartphone en voiture, a été mis à contribution.
Smartphone au volant, risque doublé d'accident
Le résultat des tests est sans appel : un conducteur multiplie par 2 son risque d’accident en regardant ses notifications. Dans le détail, les accidents sont dans ce cas 2,6 fois plus nombreux en ville, 1,7 fois plus sur route et 2 fois plus sur autoroute. Le rapport explique que le traitement d'une seule notification nécessite en moyenne 12,7 secondes. “Pendant ce laps de temps, le regard alterne entre route et écran et les contrôles de sécurité essentiels comme un regard dans les rétroviseurs sont totalement négligés”, est-il précisé.
Pour mieux se rendre compte, 12,7 secondes de distraction représentent 176 mètres parcourus à l’aveugle à 50 km/h, 282 mètres à 80 km/h et 459 mètres à 130 km/h. Quand le smartphone est éteint, “89 % de l’attention du conducteur est porté sur la route et les rétroviseurs”, explique l'étude. Si le mobile est posé sur un support, l’attention sur la route et les rétroviseurs tombe à 79 %. Sur une heure de conduite, le regard du conducteur est attiré par le smartphone pendant presque 6 minutes.
“Une distraction, qu’elle soit visuelle ou sonore, suffit à compromettre la sécurité du conducteur, de ses passagers et des autres usagers”, rappellent les experts. Quand on sait qu'un utilisateur reçoit 80 notifications en moyenne par jour et que certains utilisateurs intensifs peuvent en avoir jusqu’à 300 à gérer quotidiennement, on se dit qu'il vaut mieux les désactiver en conduisant pour ne pas être constamment sollicité et déconcentré.
D'après les chiffres de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), un défaut d’attention, comprenant l'usage du téléphone au volant, fut la cause de 24 % des accidents corporels en France en 2023 et 23 % en 2022. 390 personnes ont perdu la vie en 2023 pour cette raison.
Le smartphone, source de quatre types de distraction
Une précédente étude d'Assurance Prévention, publiée en 2024, nous apprenait que 76 % des conducteurs français utilisent un distracteur au volant. Le smartphone est le plus populaire d'entre eux, et aussi le plus dangereux. Il est en effet le seul dispositif qui cumule les quatre sources de distraction qui peuvent détourner l’attention d’un conducteur, décrites ainsi par la Sécurité routière :
- La distraction visuelle : le conducteur quitte la route des yeux.
- La distraction cognitive : le conducteur détourne son attention de la route vers la distraction.
- La distraction auditive : le conducteur n’est plus attentif aux bruits extérieurs qui peuvent le prévenir d’un éventuel danger.
- La distraction physique : le conducteur ne tient plus son volant à deux mains lorsqu’il touche son smartphone.
Cette même étude soulignait que l’usage d’un distracteur comme le smartphone multiplie par 13 le temps passé à faire des écarts de trajectoire,
supprime à 100 % les contrôles rétroviseurs et augmente le temps de réaction de 60 %. Adrien Ballet, ergonome cognitiviste, parle de rupture de la fluence cognitive. La lecture d’un SMS ou une discussion au téléphone engendre un détournement de l'attention, car le cerveau n'est pas capable d'être au maximum de ses capacités sur plusieurs tâches simultanées.
Les humains ne sont pas des ordinateurs dotés d'un processeur multi-core, dont chaque cœur pourrait prendre en charge un processus en y allouant toutes ses ressources. La prudence est de mise donc. Il y a quelques mois, nous vous partagions une autre étude qui donnait des pistes et réflexions pour inciter les conducteurs à réduire leur usage du smartphone au volant.