Instagram : plusieurs influenceuses féministes portent plainte contre Facebook pour censure

Une dizaine d’influenceuses, militantes féministes, a porté plainte contre Facebook. Elles accusent le groupe de méthodes de modération floues et injustes, notamment sur Instagram. Ces dernières sont en effet régulièrement censurées sur le réseau social, en plus de faire l’objet de raids de la part d’individus mal intentionnés.

YouTube, TikTok, Instagram

Aujourd’hui, de nombreux mouvements de lutte font entendre leur voix sur les réseaux sociaux. Qu’il s’agisse de Facebook, Instagram ou Twitter, ces plateformes permettent l’échange d’idées, le débat, et l’émergence de hashtag qui bouleverse la société, comme nous l’a montré #MeToo. Aussi, il est peu surprenant de constater le développement des comptes militants féministes, notamment sur Instagram. Jemenbatsleclito, Jouissance Club, T’as joui… Ils sont plusieurs à compter quelques centaines de milliers de followers.

Pourtant, ces comptes ont la vie dure sur Internet. Entre les multiples raids organisés par des personnes malintentionnées, les bannissements abusifs et les censures à tout va, la colère gronde chez les militantes. Certaines haussent régulièrement la voix face aux techniques de modération qu’elles jugent étranges, comme le floutage des tétons uniquement féminins. D’autres s’exaspèrent de voir leur contenu systématiquement supprimé sans raison valable de la part de la plateforme.

Les féministes mettent en cause la modération de Facebook

La coupe était donc déjà bien pleine lorsque, ce 21 janvier 2021, une phrase volontairement provocante fait son apparition sur Instagram : « Comment fait-on pour que les hommes arrêtent de violer ? ». Comme souvent, la question n’est pas au goût de tout le monde. Il n’a pas fallu longtemps avant qu’Instagram censure totalement les posts la reprenant, causant la colère des militantes. Aujourd’hui, 14 d’entre elles ont décidé d’assigner Facebook en justice auprès du Tribunal de Paris. Pour elles, il n’a pas de doute possible : le réseau social ne modère pas équitablement tous les posts.

« D’un côté, il y a une censure ou une menace de censure excessive qui pèse sur ces influenceuses dans leur travail quotidien, mais aussi sur de nombreux comptes privés de féministes », explique leur avocate, Maître Valentine Rebérioux. « De l’autre, il y a un laxisme envers la haine ou le harcèlement en ligne, avec des messages à caractères racistes, antisémites, homophobes, sexistes qui prospèrent sur la plateforme. On ne peut plus accepter de subir ces deux poids, deux mesures ». En portant plainte, les influenceuses espèrent ainsi faire la lumière sur la politique de modération trop floue de Facebook, en l’obligeant à rendre publiques les outils mis en place.

Une modération jugée inégale

« On voudrait connaître le détail des règles de modération du groupe Facebook », déclare Jüne Plã, créatrice derrière Jouissance Club. « Ces règles ne sont clairement pas les mêmes pour tout le monde ». Pour appuyer leur demande, les militantes ont élaboré plusieurs documents visant à prouver l’inégalité exercée par Facebook dans ses méthodes de modération. Ces derniers devront par ailleurs être examinés par le groupe lui-même, compte tenu des « enjeux d’ordre publique ».

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La plainte porte également sur un soupçon de complicité dans le harcèlement moral que subissent les influenceuses. Insultes obscènes et menaces glaçantes se retrouvent régulièrement dans les commentaires de leurs posts, sans qu’Instagram agisse pour les supprimer. « C’est absurde… On est victimes de règles absurdes, on aimerait savoir pourquoi, comment ça marche et comment se sortir de ça. » 

Puis, en parlant des raids organisés, Jüne Plã ajoute : « Dans la foulée, Instagram va automatiquement agir en supprimant des posts, en rendant impossible la recherche du compte, en bloquant les profils. Ça peut aller jusqu’à la suppression du compte sans avoir la certitude de revenir ». En effet, certains n’hésitent pas à signaler ces comptes, qu’ils jugent déplacés et parfois vulgaires. En plus d’être censurées, les influenceuses regrettent ainsi d’être empêchées d’exercer leur métier.

Source : Le Parisien


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