Facebook : comment le réseau social gagne des milliards grâce à vous

Si Facebook est gratuit c'est pour une raison bien précise : le produit c'est vous. Pour chaque profil, le réseau social est capable de tirer plus de 300 informations. Au total ce sont aujourd'hui 1,39 milliard de membres qui n'ont plus aucun secret pour le réseau de Mark Zuckerberg.

Et ces données, Facebook vend, principalement aux publicitaires, ce qui lui a permis de générer en 2014 un chiffre d'affaires de 12,5 milliards d'euros (75% provenant de la publicité), pour 2,94 milliards de bénéfices. Voici comment Facebook gagne des milliards grâce à vous.

Facebook, un réseau pas si gratuit

Oui Facebook est officiellement gratuit. Et pour cause, toutes les informations vous concernant sont revendues, principalement aux publicitaires. 1 222, c’est le nombre de pages qu’un étudiant en droit à reçu lorsqu’il a demandé toutes les informations à son sujet en possession du réseau social (après un entretien avec des responsables de Facebook). 1 222 pages ! C’est à peine croyable.

Si Facebook a pu transmettre un tel document au jeune étudiant c’est parce qu’il conserve toutes les informations à votre sujet dans ses serveurs. Tout y passe : activités des utilisateurs, caractéristiques faciales, niveau de batterie de vos appareils, coordonnées, vos SMS, votre carnet d’adresses, vos coordonnées géographiques etc.

Un exemple effroyable de la puissance du réseau : les photos que vous y postez ne vous appartiennent pas. Lorsque vous postez une photo sur Facebook vous cédez vos droits au réseau social et l’autorisez à l’exploiter comme bon lui semble.

Parmi toutes les informations récoltées, une toute petite partie a été communiquée volontairement par les utilisateurs au réseau. Car Facebook dispose de trois types de sources d’informations.

Il y a d’abord les informations déclaratives, c’est-à-dire tout ce que l’utilisateur veut bien communiquer au réseau social. On parle donc ici des informations communiquées à l’ouverture d’un compte : nom, adresse ou encore vos orientations sexuelles. Les autres informations proviennent de vos interactions sur le réseau social ainsi que de ce que les autres utilisateurs disent de vous.

Enfin, il y a toutes les informations récoltées en dehors du réseau social. Car Facebook vous trace également lorsque vous n’y êtes pas connectés. Peu importe les sites web sur lesquels vous vous rendez, il peut grâce aux balises, aux boutons « j’aime » ou aux cookies récupérer un grand nombre de données sans que vous n’ayez à interagir.

Avec toutes ces informations Facebook est donc une mine d’or pour les publicitaires qui peuvent alors cibler leurs opérations. Le réseau de Mark Zuckerberg peut, grâce à toutes ces informations récoltées, proposer aux annonceurs de proposer d’afficher leurs publicités sur les pages des utilisateurs les plus susceptibles d’être intéressés par leurs produits et donc de passer à l’acte d’achat.

Mais sur un marché des données personnelles estimé en Europe à 315 milliards d’euros, Facebook veut aller encore plus loin. Il veut pour cela franchir le cap de l’exploitation des données relationnelles.

Le principe est simple : si un utilisateur a dans ses contacts de nombreux profils qui aiment par exemple le dernier smartphone Nexus, alors Facebook affichera des publicités sur son profil. Le réseau souhaite pouvoir appréhender l’effet de mode et augmenter ainsi ses revenus publicitaires.

Pour y parvenir le réseau n’hésite pas à changer régulièrement ses conditions d’utilisation et à introduire de nouveaux services, parfois controversés. Par exemple, l’an dernier, Facebook avait mené une expérience sur 700 000 utilisateurs en manipulant contre leur gré les informations diffusées sur leur fil d’actualités.

Il en était ressorti que les utilisateurs qui voyaient des contenus positifs avaient un excellent moral alors que ceux qui voyaient des informations dramatiques en permanence avait le moral à zéro. Evidemment, lorsque Facebook a révélé la supercherie on a crié au scandale. Mais le réseau a toujours une excuse valable, et toujours la même.

Le prix à payer pour avoir un meilleur service

A chaque polémique Facebook ressort le même argument : “si nous recueillons vos données, c’est pour vous offrir un meilleur service”.

Nous aspirons à créer une expérience utilisateur attrayante et personnalisée. Nous tirons parti de toutes les informations à notre disposition pour fournir nos services et maintenir leur qualité. – Facebook –

C’est toujours la même chanson avec Facebook, mais le réseau social reste prudent. Après avoir essuyé de nombreuses critiques, il essaie de trouver le juste milieu entre exploitation des données et qualité de service. Car après tous les scandales révélés par Edward Snowden, les utilisateurs acceptent moins de voir leur vie privée violée.

Facebook a trouvé la parade : il a fragmenté ses modifications. Ainsi, pour chaque nouvelle méthode d’exploitation des données, le réseau social annonce une petite nouveauté pour l’utilisateur, de nouvelles fonctionnalités. Si les critiques prennent de l’ampleur, le réseau s’excuse et annule tout jusqu’à la tentative suivante.

Du côté des utilisateurs, les avis divergent

Chez les utilisateurs il y a deux écoles : ceux qui acceptent de voir leurs données exploitées pour pouvoir utiliser le service gratuitement, et ceux qui l’ont quitté ou qui n’y ont jamais adhéré. Mais même pour ces derniers, Facebook est capable de récupérer des informations. Oui, il n’est pas nécessaire d’être inscrit sur Facebook pour être tracé par le réseau. Facebook est partout.

Ceux qui y trouvent leur compte sont clairement les utilisateurs qui utilisent le réseau quotidiennement. Leurs arguments sont clairs : “Facebook est gratuit et offre des services et des fonctionnalités extrêmement pratiques, si l’exploitation des données personnelles permet de conserver cette gratuité alors j’accepte que mes informations personnelles soient exploitées”.

Pour ceux qui ont décidé de quitter le réseau ou de ne pas y adhérer, c’est là encore une question d’habitude. S’ils n’utilisent pas ou plus Facebook, ce n’est pas nécessairement à cause de l’exploitation des données, c’est tout simplement parce que le service proposé par le réseau social ne leur correspond pas.

Ello, le Facebook qui n'exploite pas les données, a du mal à séduire

Beaucoup d’utilisateurs n’adhèrent pas au principe de Facebook, pour eux il ne s’agit que d’un étalage de la vie privée et il n’est même pas cohérent de crier au scandale si les données personnelles sont exploitées. En rendant sa vie privée publique, il est évident que ce n’est pas sans conséquence. Sans compter que cela fait perdre beaucoup de temps.

L’exploitation des données n’est pas le problème en soi. Mais la contrepartie doit en valoir la peine. Récemment, un nouveau réseau social a souhaité surfer sur ces polémiques concernant l’exploitation des données personnelles. Baptisé Ello, le réseau assure qu’il est une sorte de Facebook qui n’exploite pas les données. Devinez quoi, le réseau a du mal à décoller.

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