Porsche Taycan Cross Turismo : on a essayé le premier break électrique tout-terrain

Notre avis

La petite gamme de berlines électriques de Porsche voit arriver un nouveau membre atypique. Première voiture de loisir électrique, la Porsche Taycan Cross Turismo est aussi le tout premier break électrique et premier break électrique surélevé. Direction Le Touquet pour un essai en dehors des sentiers battus.

Comme prévu, Porsche continue d’étoffer sa toute récente gamme de voitures électriques inaugurée en septembre 2019. Après les différentes déclinaisons de la Taycan en version berline (Taycan propulsion, Taycan 4, Taycan 4S, Taycan Turbo et Taycan Turbo S), et en attendant la prochaine Porsche Macan qui inaugurera son premier SUV électrique, le constructeur de Stuttgart vient de commercialiser une toute nouvelle version de sa berline 100 % électrique.

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Notez tout de même que Porsche prévoit de conserver ses piliers historiques thermiques et hybrides avec la Porsche Panamera, la Porsche Cayenne et autres Porsche 911, non sans travailler sur des carburants de synthèse. Et comme d’autres constructeurs aujourd’hui, l’ambition est claire : afficher une empreinte carbone neutre en 2030, y compris au niveau de la production.

Un air de famille

Reprenant les grandes lignes du concept Mission E Cross Turismo, la Porsche Taycan Cross Turismo est donc une déclinaison surélevée de la berline électrique éponyme. À la croisée des chemins entre la sportive familiale, le break de chasse élégant et le tout-terrain, cette nouvelle version ne manque pas d’arguments pour les détracteurs de la berline. En effet, malgré une ligne très réussie avec ses galbes futuristes, la Taycan est un gros bébé qui offre une habitabilité discutable eut égard à ses pratiquement cinq mètres de long.

Plus quatre que cinq places en raison du tunnel central, sa ligne de toit fuyante ne facilite pas l’accès aux places arrière pour les grands gabarits. Autre contrainte, la malle du coffre offre une capacité de 447 litres à laquelle s’ajoutent les 80 litres du coffre avant. Le prix à payer pour une voiture de sport, aussi électrique soit-elle.

Proposer une version break, qui plus est surélevée, permet donc de changer la donne et d’adresser une clientèle adepte de ce type de carrosserie. En effet, avec son profil de break de chasse, la Porsche Taycan Cross Turismo peut maintenant proposer une habitabilité plus généreuse, avec pour commencer 45 mm de plus sous le pavillon. Les passagers de plus d’un mètre 80 devront toujours faire preuve de souplesse pour se glisser à bord, mais ils profiteront d’une garde au toit forcément plus généreuse.

Les aspects pratiques gagnent aussi forcément au change, avec un large hayon en lieu et place de la malle de coffre plus étroite, une plage arrière qui peut astucieusement venir se loger derrière les sièges, ou encore un système de gestion pour compartimenter le coffre. Ce dernier gagne donc en volume affichant 39 litres de plus par rapport à la Taycan en version berline, et même jusqu’à 400 litres en rabattant les sièges pour une capacité totale de 1 212 litres.

S’il n’est pas évident de différencier la Taycan de la Porsche Taycan Cross Turismo quand on les compare de face, c’est surtout à l’arrière que les différences sautent aux yeux, avec le style break de chasse caractéristique, notamment au niveau du toit fuyant que les designers de Porsche ont baptisée « Flyline », et des hanches généreuses.

Outre les avantages induits de cette carrosserie, la Porsche Taycan Cross Turismo adopte un style plus baroudeur et plus affirmé qui ne manque pas de charme. Quelques appendices propres au segment font ainsi leur apparition, comme les passages de roue, les boucliers avant et arrière, ou encore les jupes latérales. À cela s’ajoutent quatre nouvelles jantes spécifiques Taycan Cross Turismo.

Le côté off-road ne se limite pas seulement à ces aspects cosmétiques, la Porsche Taycan Cross Turismo affichant aussi de nouvelles caractéristiques techniques. Disponible uniquement en propulsion intégrale (normal pour un modèle qui se veut tout-terrain), elle conserve les suspensions pneumatiques de la berline électrique afin de faire varier la garde au sol qui est déjà 20 mm plus haute que la Taycan.

Fini donc le Cx (coefficient de pénétration dans l’air) de sportive collée à la route, même si le 0,25 affiché par la Porsche Taycan Cross Turismo reste autrement plus aérodynamique que n’importe quel SUV, électrique ou thermique. Au total, le break peut afficher 50 mm de plus en mode lift, lui conférant des capacités inédites en matière de voiture électrique à date comme nous le verrons plus loin.

Par ailleurs, la Porsche Taycan Cross Turismo dispose également d’un pack Offroad Design. Celui-ci est composé d'enjoliveurs de passages de roue, de parties inférieures indépendantes à l'avant et à l'arrière et de bas de caisse. En combinaison avec le pack Offroad Design, la Cross Turismo est équipée de déflecteurs spéciaux aux coins des pare-chocs avant et arrière et aux extrémités des seuils de porte. Au-delà du style, ils viennent protéger la voiture des éclats de pierre.

Enfin, il est également possible de lui ajouter des rampes de pavillon pour installer des barres de toit sur lesquelles pourra prendre place un coffre de toit dessiné par Porsche et qui est carrément certifié pour… une utilisation sur circuit jusqu’à 200 km/h ! Il est également possible d’installer un crochet d’attelage avec une capacité de chargement jusqu’à 50 kg, et une inclinaison à 40 degrés pour accéder au coffre à tout moment.

Quatre versions de la Porsche Taycan Cross Turismo

À l’instar de la Taycan, la Porsche Taycan Cross Turismo se décline dans quatre versions plus ou moins puissantes et toutes en quatre roues motrices bien entendu : la Taycan 4 Cross Turismo d’entrée de gamme qui affiche tout de même 476 ch, la Taycan 4S Cross Turismo avec ses 571 ch, la Taycan Turbo Cross Turismo de 680 ch, et la Taycan Turbo S Cross Turismo qui va encore plus loin avec pas moins de 761 ch !

Contrairement à la Taycan, toutes les versions de la Taycan Cross Turismo sont équipées de la batterie Performance Plus, la plus grosse au catalogue de la marque à ce jour. D’une capacité totale de 93,4 kWh, le break conserve la plateforme 800 volts qui offre une plage de tension comprise entre 610 et 835 volts, au lieu des traditionnels 400 volts. Celle-ci a l’avantage d’autoriser une puissance de recharge très élevée jusqu’à 270 kW afin de retrouver 100 km d’autonomie en 5 minutes seulement. Chose que nous avions pu vérifier lors de nos essais de la Taycan propulsion et de la Taycan 4S sur de longs parcours. Nous avions pu profiter d’un pic de charge de 272 kW, et même conserver une puissance relativement élevée au-delà des 80 % de capacité.

Une mise à jour récente permet de préserver la batterie en autorisant une puissance de recharge maximale de 200 kW. Une fonction qui pourra être bien utile pour les propriétaires qui chargent très souvent sur les bornes rapides. De plus, le PCM fonctionne désormais comme le planificateur de Tesla en lançant le préchauffage de la batterie à l’approche de la borne de recharge afin d’optimiser la puissance. Il propose même de définir le niveau de charge à l’arrivée, chose qui fait encore défaut à l’américaine. Enfin, plus besoin de badger sur les bornes Ionity de dernière génération, la voiture étant automatiquement reconnue. Reste que cette fonction est encore limitée sur le réseau français, la grande majorité des bornes déjà installées étant d’anciens modèles.

Le connecteur de recharge est toujours intégré sur le côté droit pour le connecteur Combo CSS, tandis que le chargeur embarqué en courant alternatif prend place sur le côté gauche. Les deux trappes peuvent être motorisées en option avec un système d’ouverture tactile inédit et qui fait toujours son effet. À noter également le chargeur intégré en option qui peut accepter une puissance confortable de 22 kW.

Un mot enfin sur la récupération d’énergie au freinage qui est également très impressionnante. La dernière mise à jour majeure proposée par Porsche permet de récupérer l’équivalent de 4 km en freinant complètement le véhicule alors qu’il roulait à 100 km/h, soit une puissance de 290 kW environ. Dans la pratique, ce sont 90% des freinages qui sont réalisés sans utiliser les impressionnants étriers. Toutefois, il est nécessaire d’activer le freinage dégénératif en appuyant sur le bouton dédié au volant. Et celui est désactivé à chaque redémarrage de la voiture.

Une vraie baroudeuse

Lors des essais dédiés à la presse, Porsche a mis à disposition toutes les versions de la Taycan Cross Turismo avec différentes options. Nous avons jeté notre dévolu sur les deux extrêmes de la gamme avec la Taycan Turbo S Cross Turismo et la Taycan 4 Cross Turismo. La première se caractérise par ses accélérations foudroyantes avec plus d’un G absorbé lors des launch control (départ arrêté pied sur le frein et accélérateur à fond). À peine plus sage, la 4 Cross Turismo accélère également très fort pour exploser les limites de vitesse en quelques secondes, mais l’expérience est tout de même moins extrême.

Côté consommation, nous n’avons pas joué le jeu de l’écoconduite au volant de la Taycan Turbo S Cross Turismo. Ce qui s’en ressent sur les statistiques avec une consommation moyenne de 30,9 kWh/100 km sur un parcours de 162 km à une vitesse moyenne de… 28 km/h. À l’inverse, nous avons été beaucoup plus sages avec la Taycan 4 Cross Turismo malgré l’essentiel du parcours réalisé sur autoroute à 130 km/h (25,6 kWh/100 km sur une distance de 63,3 km).

Il est donc raisonnable de tabler sur une autonomie réelle de plus de 350 km malgré son poids (2 320 kg à vide), d’autant que la voiture dispose de plusieurs modes de conduite Normal, Sport, Sport + et Range. Ce dernier limite la puissance des deux moteurs électriques et les options de confort afin de maximiser l’autonomie.

Nous avons également pu parcourir quelques kilomètres en off-road, dans un domaine privé avec des portions sur herbe et dans le sable. L’occasion de tester la suspension pneumatique qui permet de relever la voiture au maximum via un bouton tactile placé à droite derrière le volant. À cela s’ajoute le mode Gravel qui permet justement d’évoluer sur des terrains meubles et qui ajoute encore 10 mm de garde au sol en plus de gérer la motricité des quatre roues. L’ESP est également plus tolérant en autorisant plus de patinage.

Contrairement aux modes de conduite, celui-ci est accessible via l’écran tactile qui gère les commandes de climatisation au niveau de la console centrale. La Taycan Cross Turismo a montré de belles aptitudes en mode tous chemins, même si les capteurs de proximité ne cessaient d’émettre un avertissement sonore dès que des herbes hautes apparaissaient devant les capteurs. Dommage, car on se fait très vite à la balade en off-road en silence.

Une vraie voiture de geek

Il suffit de jeter un œil dans l’habitacle de la Taycan pour être impressionné par le nombre d’écrans embarqués. Celui de la Porsche Taycan Cross Turismo est en tous points identique, avec la possibilité de profiter de pas moins de six afficheurs : l’instrumentation numérique derrière le volant, l’affichage tête haute sur le pare-brise, le grand écran d’infodivertissement de 10,9 pouces qui peut être associé à un deuxième écran identique au niveau de la planche de bord passager, les commandes de climatisation avec le pavé de saisie tactile au niveau de la console centrale, et enfin les commandes de climatisation aux places arrière.

Voiture électrique oblige, toute l’instrumentation de la Porsche Taycan Cross Turismo est numérique, avec un bel écran numérique de 16,8 pouces qui profite d’une définition et d’une luminosité élevée. Comme les autres écrans qui sont intégrés dans la Porsche Taycan Cross Turismo, tout est parfaitement lisible même en plein soleil et malgré les reflets qui peuvent être accentués par l’énorme toit panoramique en verre.

Légèrement incurvé, l’écran d’instrumentation de la Porsche Taycan Cross Turismo se divise en trois zones avec le compteur de vitesse à gauche, la carte au centre et diverses informations dans le compteur de droite. Toutes peuvent être modifiées à loisir grâce à un bouton situé directement sur le volant. La cartographie peut par exemple occuper l’essentiel de l’espace, les compteurs peuvent afficher les modes de conduite disponibles ou les G, et il est même possible de se contenter d’un écran épuré à l’extrême qui affiche uniquement la vitesse sur fond noir.

Le HUD (affichage tête haute) gagne en détail. Très grand, il peut afficher la navigation et des informations très précises sur la direction à suivre, sans avoir besoin de regarder le GPS sur l’écran d’info-divertissement de la Porsche Taycan Cross Turismo par exemple. Il ne lui manque plus que la réalité augmentée qui est déjà disponible chez d’autres marques du Groupe Volkswagen, notamment sur les Volkswagen ID.3 et ID.4, ou sur la Skoda Enyaq. Elle passera également à côté d'Android Auto qui arrivera chez Porsche en 2022 avec la 911 GT3.

L’écran de 8,4 pouces qui est intégré dans la console centrale de la Porsche Taycan Cross Turismo impose d’appuyer sur les boutons tactiles plutôt que de simplement les effleurer. Un retour haptique confirme la commande pour imiter tant bien que mal un bouton physique. En revanche il faut revenir sur l’écran d’info-divertissement pour régler les flux d’air conducteur et passager. De plus, l’écran de la console centrale affiche des raccourcis pour ouvrir les coffres avant et arrière, et les informations liées à la recharge lorsque la voiture est branchée.

Par ailleurs, la partie inférieure de l’écran de la console centrale accueille également un touchpad tactile. Ce dernier permet de contrôler l’écran d’info-divertissement sur la planche de bord sans baisser les yeux ni tendre le bras en l’air. Enfin, un volet coulissant figure sur la partie supérieure au-dessus des commandes de climatisation qui donne accès à des raccourcis supplémentaires pour accéder directement à la navigation, à la musique, à la téléphonie, aux réglages et à CarPlay. Tout en gardant à l’esprit que ces boutons qui sont situés sur la console centrale, commandent des fonctions sur l’écran d’info-divertissement qui est lui intégré dans la planche de bord. CQFD.

Des options à foison

La Porsche Taycan Cross Turismo est commercialisée à partir de 96 454 euros pour la Taycan 4 Cross Turismo. Le constructeur précise que cela représente 10 200 euros de plus que la Taycan propulsion de base. Un coût qui se justifie par les caractéristiques et l’équipement qui comprend les autres roues motrices qui sont animées par un moteur électrique à l’avant qui offre 500 Nm de contre 357 Nm sur la berline équipée avec la batterie Performance Plus, cette dernière étant intégrée de série tout comme la suspension pneumatique adaptative.

Cependant, et au même titre que la Taycan berline, et plus généralement de la moindre Porsche aujourd’hui, la Taycan Cross Turismo propose une foule d’options. Des options qui peuvent vite faire gonfler la facture finale : des rétroviseurs extérieurs d'abattables électriquement pour 300 euros à l’accès confort sans clef (1 104 euros), en passant par l’excellent Porsche InnoDrive avec régulateur de vitesse adaptatif (3 096 euros) qui compte parmi les plus efficaces du marché.

Notre Verdict

Toujours aussi séduisante et performante, la Porsche Taycan gagne en polyvalence avec la nouvelle Taycan Cross Turismo. Capable de s’aventurer en dehors des sentiers battus, cette dernière est proposée à un tarif raisonnable eut égard aux prestations et à l’équipement qui sont proposés. Pour qui préfère le break tout en voulant passer à l’électrique, la proposition est pour le moment unique sur le marché. Et comme tout ce qui est rare, la Porsche Taycan Cross Turismo n’est pas à la portée de toutes les bourses.

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