A-t-on vraiment détecté des signes de vie sur une autre planète ? Voici ce qui fait douter les scientifiques
La potentielle découverte de signes de vie extraterrestre a déchaîné les passions. Mais d'après plusieurs scientifiques, il faut rester très prudents et considérer toutes les possibilités. Même celle d'une erreur.

Le 17 avril 2025, une annonce qui fait le tour du monde passe également par nos colonnes : on aurait trouvé des signes de vie extraterrestres. L'équipe d'astronome dirigée par Nikku Madhusudhan, à l'origine de l'étude associée, dit avoir trouvé du sulfure de diméthyle (DMS) en abondance dans l'atmosphère de K2-18b, un astre situé à 120 années-lumière de la Terre.
Le DMS étant produit quasi-exclusivement par des formes de vie comme les algues marines, les chercheurs pensent qu'il s'agit d'une “biosignature” montrant qu'il y a, ou qu'il y a eu, de la vie sur cette planète. Pour Madhusudhan, “ce sont les premiers indices que nous percevons d'un monde extraterrestre potentiellement habité. C'est un moment révolutionnaire“.
En effet, la découverte change tout. Si elle est vraie. Maintenant que le soufflet est retombé, la communauté scientifique s'attèle à ce qu'elle fait systématiquement : vérifier la justesse des résultats présentés afin de dire si oui ou non, on peut s'y fier. Plusieurs points viennent déjà ternir le tableau.
Les scientifiques appellent à la prudence avant de clamer qu'on a trouvé de la vie extraterrestre
On note que la marge d'erreur statistique est trop élevée dans l'étude citée. En l'occurrence, il y a 0,3 % de chance que la découverte soit dû à un hasard mathématique. C'est très peu, mais il faut savoir que le standard fixé est beaucoup plus bas : 0,00003 %, pas plus.
Ensuite, certains constats étonnent. Par exemple, aucune trace d'éthane n'a été repérée aux côtés du DMS. Pourtant, le professeur assistant en astrobiologie Eddie Schwieterman explique qu'étant donné les radiations UV de l'étoile hôte de K2-18b, il devrait y avoir une production abondante de cet hydrocarbure. Deux explications possibles : soit notre modèle de compréhension de l’atmosphère des planètes est faux, soit il n'y a pas de DMS sur la planète étudiée.
Enfin, plusieurs chercheurs ont pointé du doigt ce qu'ils appellent un “piratage statistique”. Madhusudhan et ses associés auraient construit un modèle sélectif où le DMS et sa molécule cousine DMDS sont la manière d'expliquer la moitié du spectre lumineux atmosphérique de K2-18b. En clair : ils auraient augmenté artificiellement l'importance de ces molécules.

Des précédents qui incitent à la plus grande prudence
Au-delà de ces considérations, il est important de rappeler que Nikku Madhusudhan et son équipe n'en sont pas à leur premier coup d'essai. En 2021, ils suggéraient qu'avec sa composition atmosphérique, K2-18b abriterait un océan chaud. En guise de preuve, ils disent avoir détecté du CO2 dans l'atmosphère de la planète. Sauf que plus récemment, des recherches ont remis en question cette détection de dioxyde de carbone.
Même chose en 2023. Cette année-là, Madhusudhan dit avoir possiblement détecté du DMS sur K2-18b. Mais aucune analyse indépendante de ses résultats ne vient le confirmer. C'est d'ailleurs pour cela que le scientifique aurait changé de méthode pour sa dernière étude, affirmant que cette fois-ci, elle serait plus juste.
Il faut donc prendre cette “révolution” avec beaucoup de pincettes. À notre niveau actuel de connaissance, certains pensent même que le DMS pourrait être produit par autre chose que la vie. Pour Eddie Schwieterman, “la découverte de vie en dehors du système solaire ne sera pas une détection unique. En cours de route, nous devons nous attendre à quelques fausses alertes, et celle-ci pourrait en être une“.
Source : Space