Unity ferme ses bureaux après avoir reçu des menaces de mort, énième rebondissement du scandale qui secoue le jeu vidéo

Rien ne va plus chez Unity, et dans le petit monde du développement du jeu vidéo. Suite à l’annonce pour le moins controversée de la nouvelle grille tarifaire de son moteur, l’entreprise aurait reçu des menaces de mort la contraignant à fermer certains de ses bureaux. Retour sur le plus gros scandale de la semaine.

unity

Depuis quelques jours, le microcosme du jeu vidéo indépendant ne parle que d’une chose : Unity. Si ce nom ne vous dit rien, sachez simplement qu’il s’agit certainement de l’un des gros acteurs de l’industrie. Unity est un moteur de jeu, c’est-à-dire un logiciel regroupant tous les composants et éléments nécessaires au développement d’un jeu vidéo. Particulièrement versatile, mais surtout gratuit, celui-ci est largement plébiscité par les studios indépendants, n’ayant pas les moyens de créer leur propre moteur.

Or, hier, Unity a annoncé avoir fermé ses bureaux à Austin et San Francisco après avoir reçu des « menaces de mort crédibles ». John Riccitiello, PDG de l’entreprise — et certainement l’homme le plus détesté de l’industrie à l’heure actuelle — devait initialement tenir une présentation devant ses employés, avant d’annuler au dernier moment pour des raisons de sécurité. « Nous avons pris des mesures immédiates et proactives pour assurer la sécurité de nos employés, qui est notre priorité absolue », a déclaré un porte-parole au site Rock Paper Shotgun. Comment en est-on arrivé là ?

Pourquoi le monde du jeu vidéo se retourne contre Unity

Tout commence ce 12 septembre, lorsque Unity publie le billet de blog qui va allumer la mèche. Dedans, l’entreprise détaille la nouvelle grille tarifaire de son moteur. À compter du 1er janvier 2024, tous les jeux ayant dépassé les 200 000 téléchargements seront sujets à une taxe. Il n’est pas rare que les moteurs gratuits facturent les développeurs au-delà d’un certain seuil, mais cette annonce est sans précédent dans l’industrie, et ce pour plusieurs raisons.

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La raison principale de la controverse se trouve dans la décision de Unity de facture les développeurs au nombre de téléchargements, et non au nombre de ventes. Cette annonce a fait souffler un vent de panique dans l’industrie. Quid des jeux présents sur le Game Pass ou le PlayStation Plus ? Cette mesure s’applique-t-elle aux démos ? Et si un joueur désinstalle un jeu puis le réinstalle ? Et le piratage ? Pour beaucoup de studios, dont les finances sont déjà fragiles, le constat est clair : sortir un jeu revient désormais à risquer la faillite.

Face à la polémique grandissante, Unity finit par rétropédaler et publie un communiqué apportant des précisions majeures à sa grille tarifaire. Finalement, les téléchargements sur le Game Pass seront facturés à Microsoft (qui n’a rien demandé à personne), les téléchargements de démos et bundles caritatifs ne seront pas pris en compte, les jeux piratés non plus. Mais trop tard, le mal est fait. La confiance entre les développeurs et Unity est brisée, et une question reste en suspens : comment Unity compte-t-il s’y prendre pour faire la différence entre les téléchargements ?

Scandale Unity : abandon des studios, délit d’initié… et maintenant ?

Voici donc ce qui a mené à ces menaces de mort reçues par Unity. Quelques heures après la publication du communiqué, Polygon est parvenu à retrouver la source de ces menaces. Selon le média, celles-ci auraient été émises par un employé de Unity, travaillant dans des bureaux en dehors de Californie. Hier, plusieurs salariés ont avoué sur les réseaux sociaux s’être opposés à cette nouvelle grille tarifaire en interne, sans que la direction n’y prête attention.

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Depuis quelques jours, les communiqués provenant de studios utilisant Unity se multiplient sur les réseaux sociaux. Tous en arrivent à la même conclusion : à partir de maintenant, ils n’utiliseront plus le logiciel. Mais la question des jeux en cours de développement se pose. Beaucoup de petits studios seront sûrement contraints, a minima, de changer de moteur en cours de route, ce qui représente un coût financier énorme.

L’avenir est donc pour le moins incertain pour de nombreux jeux. Hollow Knight, Ori and the Blind Forest, Firewatch, Subnautica… Tous ces jeux à succès ont été développés sur Unity, et il se peut que nous ne voyions jamais la couleur d’un titre qui aurait pu rencontrer un succès similaire. Une chose est sûre, nous sommes encore d’avoir tout mis au clair dans cette affaire. À l’heure où sont écrites ces lignes, de lourds soupçons de délit d’initié planent John Riccitiello. En effet, celui-ci a revendu des milliers d’actions, quelques jours avant l’annonce de la nouvelle grille tarifaire.


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