Il existe un lien intrigant entre notre galaxie et la mythologie égyptienne, voici ce que révèle cette récente étude

Il y a 5000 ans, les Égyptiens scrutaient déjà le ciel et consignaient leurs observations. Si les chercheurs ont étudié la signification mythologique que ces premiers astronomes attribuaient aux astres, celle qu’ils assignaient à notre galaxie a longtemps été un mystère… jusqu’à la parution de cette récente étude. Bienvenue dans cette nouvelle dimension.

hieroglyphe egypte
Crédit photo : 123rf

Si l’astronomie naît en Mésopotamie, les Égyptiens antiques ne sont pas en reste. Sans les technologies dont nous disposons aujourd’hui et qui ne cessent d’évoluer, ils détenaient une connaissance avancée du cosmos : cartographie des constellations, suivi des astres tels que le Soleil, conceptualisation du calendrier de 365 jours…

À l’époque, nulle pollution lumineuse : la voûte céleste s’observait à l’œil nu et notre galaxie figurait parmi ses éléments les plus remarquables. Si nombre de cultures y associaient un rôle et un nom spécifiques, ceux attribués à la Voie lactée par les Égyptiens étaient marqués par le sceau du mystère… jusqu’à ce qu’une récente étude vienne soulever le voile.

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Observer le ciel chez les Égyptiens anciens : entre astronomie et mythologie 

L’astronomie égyptienne est parmi l’une des premières. Dans l’imaginaire de l’Égypte antique, elle était pleinement intégrée à la culture, dont la mythologie.

Progressivement, les chercheurs en reconstituent la substance :

  • Le dieu Sah était associé aux étoiles de la constellation d’Orion,
  • Le dieu Geb personnifiait la Terre,
  • Ra incarnait le Soleil

Et c’est Nut – prononcé « Nout » –, la déesse du ciel qui les reliait. Représentée cambrée au-dessus de son époux adelphe, Geb, elle forme un dôme protecteur.

Mais le lien entre la mythologie et notre galaxie est longtemps resté mystérieux… jusqu’à récemment.

Utiliser l’astronomie moderne pour explorer le lien entre notre galaxie et Nut

Peu convaincu par les arguments avancés par les égyptologues, Or Graur, professeur agrégé d’astrophysique, s’est intéressé à une vieille hypothèse : les Égyptiens auraient considéré notre galaxie comme une manifestation de Nut.

Mais incompatibles entre elles et ne coïncidant pas avec les textes égyptiens, leurs tentatives de cartographie du corps de Nut sur la Voie lactée se sont révélées vaines.

Graur s’est donc appuyé sur des simulations de la Voie lactée de l’Égypte antique et les a comparées avec les descriptions de Nut issues de nombreux textes égyptiens. Les plus instructifs étaient :

  • les Textes des pyramides, des collections de sorts pour aider les rois à voyager dans l'au-delà sculptées sur leurs murs il y a plus de 4000 ans ;
  • Les Textes des cercueils, peints sur des sarcophages quelques centaines d’années après l’âge des pyramides ;
  • et surtout le Livre de Nut, dont la plus ancienne version a presque 3000 ans et qu’ « aucune des études précédentes n’avait utilisé », alors qu’il décrit le rôle de la déesse dans le cycle solaire.

D’après les analyses du chercheur, la déesse n’a jamais pu être cartographiée, car sa tête et son aine (respectivement les horizons ouest et est) doivent être constamment immobiles dans le ciel nocturne. Sinon, Nut ne pourrait avaler puis accoucher des étoiles « décanales » selon leur crépuscule et leur aube.

Sarcophage d'Amenhotep représentant Nut le corps constellé – Crédits National Museum of Antiquities, Leiden – Licence CC0
Crédits : National Museum of Antiquities, Leiden – Licence CC0

C’est dans la description de l’orientation des bras de Nut que Graur trouve un lien possible avec notre galaxie : grâce aux simulations astronomiques, il découvre qu’elle coïncidait avec l’orientation de la Voie lactée dans le ciel hivernal.

Ainsi, tout comme Nut a été représentée en vache pour valoriser ses attributs maternels, si la Voie lactée n’est pas une manifestation physique de Nut, elle mettrait sans doute en valeur ses attributs célestes. Mais cela ne constituait pas encore une preuve irréfutable de leur lien…

La découverte d’une interprétation visuelle précoce de la Voie lactée… 

Pendant un an, Graur poursuit ses recherches grâce à un corpus de 555 éléments issus de cercueils égyptiens de près de 5000 ans. Ses découvertes ont été publiées la semaine dernière dans le Journal of Astronomical History and Heritage.

Dans ce corpus, la vignette cosmologique du cercueil extérieur de Nesitaudjatakhet sort du lot : y figure une courbe noire, épaisse et ondulée scindant le corps constellé de Nut.

Des courbes similaires ont été retrouvées ailleurs :

  • Coupant le plafond astronomique dans la tombe de Seti I,
  • Dans les tombes de Ramsès IV, VI et IX où Nut est représentée…

Elle rappelle le Grand Rift, une nébuleuse sombre voilant une partie de la bande nacrée de la Voie lactée.

Donc, d’après Graur, cette courbe serait l’une des premières représentations visuelles de notre galaxie. Et surtout, il soutient que mrnḫ3 (Winding Waterway) serait le nom égyptien de la Voie lactée.

Et du fait de son caractère unique, si Nut et la Voie lactée sont bien liées, elles ne seraient pour autant pas synonymes : « Nous ne devrions pas considérer la Voie lactée comme une représentation de Nut, mais comme un autre phénomène astronomique qui, comme le Soleil et les étoiles, faisait partie du ciel et pouvait donc apparaître sur le corps de Nut. »

… qui éclaire la conception de l’astronomie égyptienne antique

Cette récente étude apporte donc un nouvel éclairage sur la façon dont les Égyptiens ont pu utiliser l’astronomie et interpréter la Voie lactée.

Graur en a tiré d’autres conclusions :

  • Puisque seuls 25 % des vignettes cosmologiques comportant Nut la représentent le corps décoré d’étoiles, cela suggère que les Égyptiens des 21e et 22e dynasties préféraient probablement le ciel diurne.
  • Cette étude sur Nut et son lien avec la Voie lactée vient nourrir un projet plus vaste et alimente un constat fait par le chercheur : l’existence de similitudes entre les récits sur la création de notre galaxie, à travers les âges et les cultures du monde entier.

Et si c’était en scrutant le ciel que nous découvrions notre unicité ?


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