Pourquoi Bouygues Telecom a refusé l’offre de rachat de SFR

Hier, mardi 23 juin, a été une journée déterminante pour le marché de la téléphonie mobile en France. Dans l'après-midi, le Conseil d'Administration de Bouygues Telecom se réunissait pour prendre une décision concernant la proposition de rachat du groupe SFR-Numéricable.

Altice, propriétaire de l'opérateur au Carré Rouge, a proposé 10 milliards d'euros pour acquérir Bouygues Telecom, mais ce dernier a pris sa décision : “c'est un non catégorique”. Pourtant l'offre de Patrick Drahi était alléchante, alors pourquoi Bouygues Telecom l'a-t-il refusée ?

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Mauvaise nouvelle pour Patrick Drahi, il ne pourra pas mettre la main sur Bouygues Telecom. Réunis hier, mardi 23 juin à 18h, les membres du Conseil d'Administration du troisième opérateur français ont refusé l'offre de rachat proposée par Patrick Drahi à hauteur de 10 milliards d'euros.

Une source proche du dossier a rapporté aux Echos les raisons de ce refus catégorique. La première est que l'offre proposée par Patrick Drahi aurait manqué “de sérieux” ce qui a engendré un vote à l'unanimité et sans hésitation de la proposition du groupe Altice. La source parle d'un “non catégorique”.

L'acheteur manquant de fonds propres et finançant l'opération par de la dette, il n'était pas en mesure de garantir le deal.

Cette même source explique que l'aspect financier a également été l'une des raisons du refus de l'opérateur. Si l'offre de 10 milliards est plus que raisonnable, c'est surtout les garanties financières d'Altice qui ont pesé sur la balance.

Ce n'est un secret pour personne, le groupe propriétaire de SFR-Numéricable est endetté jusqu'au cou. Pour le rachat de Bouygues Telecom, le groupe comptait s'endetter une fois encore. Une manoeuvre qui n'est pas du goût du troisième opérateur français.

Enfin, comme le gouvernement et particulièrement Emmanuel Macron, Ministre de l'Economie, le laissaient entendre, les conséquences sociales d'un tel rachat devaient être prises en compte. Bouygues Telecom est visiblement sur la même longueur d'ondes puisque l'opérateur a estimé qu'il était préférable de ne pas prendre une décision qui engendrerait inévitablement des licenciements.

D'ailleurs, Emmanuel Macron a demandé hier à Patrick Drahi, juste avant le début du Conseil d'Administration de Bouygues Telecom, une “évaluation claire” du rachat de SFR par Numéricable. Il souhaite que le truculent PDG lui rapporte “les résultats et les conséquences du rachat de SFR sur l'emploi, au regard des engagements pris, sur l'investissement, sur la relation avec les fournisseurs ainsi que le service fourni au client”. Autant dire qu'aux vues de ce qui est rapporté sur la nouvelle politique de l'opérateur qui est un véritable enfer, le Ministre de l'Economie risque de faire la grimace.

Martin Bouygues ne veut pas “vendre sa femme”

Ce n'est pas la première fois qu'une proposition de rachat est étudiée par Bouygues Telecom. L'année dernière, Orange et Free (Iliad) proposaient 7,5 milliards d'euros  puis en début d'année ce même Numéricable montait les enchères à 9 milliards.

Avec 10 milliards d'euros SFR-Numéricable faisait encore grimper le prix mais Martin Bouygues ne semble pas décidé à céder. En Février dernier, il déclarait lors de la présentation des résultats financiers du groupe : “vous vendriez votre femme, vous ?”

Le conseil est convaincu que le marché des télécoms est à l'aube d'une nouvelle ère de croissance portée par le développement exponentiel des usages numériques. […] Bouygues Telecom est particulièrement bien placé pour bénéficier de cette croissance sachant qu'il dispose d'un avantage concurrentiel fort et durable grâce à son portefeuille de fréquences et à son réseau 4G reconnu comme l'un des meilleurs du marché. – Communiqué de Bouygues Telecom –

Car Bouygues Telecom en est persuadé, il a un rôle à jouer sur le marché de la téléphonie mobile. Son objectif est clair : retrouver d'ici 2017 le même taux de marge qu'en 2011, juste avant l'entrée de Free Mobile sur le marché qui a eu des conséquences inattendues chez ses concurrents.

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