Le lobbying de Google, Microsoft, Amazon et Meta pour empêcher les régulations contre l’IA

Google, Microsoft, Amazon, Meta… De nombreux grands groupes tech se sont réunis pour faire pression sur les dirigeants politiques. Leur objectif ? Obtenir l'interdiction de réguler l'IA pendant au moins dix ans afin de pouvoir innover à leur guise et sans contrôle. 

ia robots chatbots
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Les grands noms de la tech aux États-Unis qui s'allient pour corrompre la classe politique et réussir à remporter le droit de développer des technologies d'IA à leur gré, sans aucun contrôle, restriction ou régulation. Non, ce n'est pas le prochain film d'anticipation qui sort au cinéma, c'est la réalité.

Une enquête du Financial Times nous apprend qu'une campagne intense de lobbying a lieu outre-Atlantique pour donner carte blanche aux entreprises dans le domaine de l'IA. Cette action est menée par Incompas, une association professionnelle dont la mission est de “plaidoyer pour des lois et des politiques qui favorisent la concurrence, l’innovation et le développement économique des entreprises d’Internet, du streaming, des télécommunications et des nouvelles technologies”.

Aucune régulation envers l'IA pendant dix ans

Parmi les membres d'Incompas, on retrouve des noms bien connus de l'industrie tech, tels que Google, Microsoft, Amazon et Meta. Parmi les très gros, seul Apple est absent à l'appel. Canva, qui a largement orienté sa stratégie vers l'IA, ou encore l'opérateur télécom Verizon, font également partie de cette organisation.

Superintelligence IA
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Chip Pickering, PDG d'Incompas, est un ancien membre du Congrès. Il dispose donc de nombreux contacts au sein de l'organe législatif des États-Unis, qui regroupe le Sénat et la Chambre des représentants. Il estime qu'il est essentiel d'échapper à toute réglementation de l'IA “pour le leadership américain” et qu'une telle politique de non-régulation est “importante dans la course contre la Chine”.

Le lobbying a par exemple convaincu le sénateur républicain Thom Tillis, qui a déclaré : “Il est important d'éviter que le premier pays au monde en matière d'innovation ne prenne du retard en matière d'IA. Si l'on se retrouve soudainement avec 50 cadres réglementaires ou juridiques différents, comment une personne sensée pourrait-elle ne pas comprendre que cela constituera un obstacle ?”.

Rien est encore gagné, mais Incompas a pour l'instant réussi son coup en semant une graine et en instaurant un débat sur la question. Le projet de loi One Big Beautiful, adopté par la Chambre des représentants des États-Unis, inclut même un texte empêchant de réguler l'IA pendant une période de dix ans.

Le Sénat a encore son mot à dire

Celui-ci a d'ailleurs créé un imbroglio. Il semble que certains élus aient voté en faveur de l'adoption de ce projet de loi, sans l'avoir vraiment lu ni compris ce qu'il impliquait. “Je suis catégoriquement opposée à cela et c'est une violation des droits de l'État […] et j'aurais voté non si j'avais su que cela figurait là-dedans”, a par exemple réagi Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine. “Nous n'avons aucune idée de ce dont l'IA sera capable dans les dix prochaines années […] Il faut que le Sénat supprime cette possibilité”, affirme-t-elle maintenant. Un problème qui ne se serait pas posé si elle et certains de ses collègues prenaient connaissance de ce qu'ils votent.

Robot IA contre humain aux échecs
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La sénatrice républicaine Marsha Blackburn a déjà dit qu'elle s'opposerait au moratoire. Elle soutient une loi du Tennessee interdisant l'utilisation non autorisée de l'IA dans l'industrie musicale. D'autres sénateurs, sensibles au respect du droit d'auteur, entre autres, pourraient voter contre l'adoption du texte.

La méconnaissance des politiques quant aux enjeux de l'IA facilite le travail des lobbyistes, qui n'ont qu'à dérouler un discours que leurs interlocuteurs ne comprennent pas pour les convaincre. La peur de voir la Chine surpasser les États-Unis en matière d'IA est aussi un argument facile pour orienter l'opinion de ceux qui votent les lois.

Ted Cruz, un autre républicain, a proposé que la loi soit liée au budget fédéral, permettant de se passer des voix démocrates. Dans ce cas, les États qui refuseraient de se plier à la mesure seraient sanctionnés, en n'obtenant pas d'aides de financement pour l'accès au haut débit dans les zones rurales. Aux États-Unis, la qualité de l'infrastructure réseau est inférieure qu'en Europe, notamment à cause de l'immensité du territoire.

En Europe, un pacte sur l'IA a été signé par Google, Microsoft et Meta, mais pas par Apple. Il n'est toutefois pas contraignant, puisqu'il s'agit d'engagements volontaires. Un règlement européen sur l’intelligence artificielle doit entrer en vigueur en 2026.


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