Haut Conseil pour le Climat : la 5G rejettera jusqu’à 6,7 millions de tonnes de CO2 en plus d’ici 2030

Un rapport du Haut Conseil sur le Climat sur l'impact carbone de la 5G en France publié le 19 décembre 2020 met en garde contre les émissions de gaz à effet de serre supplémentaires liées au déploiement de la technologie. Une étude de l'autorité estime que le surplus sera compris entre 2,7 et 6,7 millions de tonnes équivalent CO2. Cette hausse aura néanmoins pour l'essentiel lieu à l'étranger. 

Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) est une institution créée en 2018 avant la COP24 sur le climat. Elle est composée d'une dizaine de membres, dont Corinne Le Queré, climatologue et professeure qui la préside, mais aussi des responsables du CEA, de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, de l'INRA, ou encore de l'Ecole Normale Supérieure de Paris. Ses missions comprennent la rédaction de rapports autour de l'empreinte carbone de différents choix politiques.

C'est ainsi que samedi 19 décembre 2020, le Haut Conseil a publié les résultats très attendus d'une étude sur le déploiement de la 5G – une première en France, avant un déploiement d'une telle ampleur. On y apprend notamment que les émissions liées au numérique en France atteindront 15 millions de tonnes équivalents CO2 d'ici 2030, hors réseau 5G. Les émissions de CO2 liées aux usages du numériques représentent environ 2% des émissions carbone du pays.

La 5G va augmenter significativement les émissions de CO2 liées au numérique, mais cette hausse aura surtout lieu à l'étranger

Or, l'ajout de la 5G va provoquer un surplus d'émissions compris entre 2,7 et 6,7 millions de tonnes équivalent CO2 en 2030. Le HCC considère que cela représente une “augmentation significative en comparaison de l'empreinte carbone du numérique”, tout en reconnaissant dans le même temps qu'il y a une grande marge d'incertitude liée à la manière dont les opérateurs vont déployer leur réseau.

Selon le HCC, le problème n'est pas tant l'efficacité énergétique des équipements 5G. Dans une remarque pour le moins paradoxale, le rapport pointe en effet que “l'amélioration de l'efficacité énergétique conduit généralement à la consommation d'énergie” – ce qui nous fait, on doit bien le dire, nous demander ce que le HCC aurait pensé d'équipements qui auraient été, au contraire, moins efficients d'un point de vue énergétique que les équipements vieillissants des réseaux 4G, 3G et 2G actuels.

En outre le rapport explique clairement que la hausse des émissions liée aux équipements 5G n'aura pas lieu sur le territoire de France métropolitaine. Ces émissions seront en effet engrangées pour 54% par la fabrications de nouveaux smartphones – qui n'a pas lieu en France et a déjà largement commencé avec de nombreux modèles de smartphones 5G d'ores et déjà disponibles à l'achat. Les équipements de coeur de réseau et les datacenters représenteront 24% de ces émissions. Enfin, l'usage des réseaux 5G en tant que tel ne sera responsable que moins du quart de ces émissions de CO2 de la technologie.

Le HCC émet quelques recommandations

Or si le HCC s'alarme, en vérité, c'est que “contrairement aux émissions territoriales, les émissions importées ne disposent, à l’heure actuelle, d’aucune stratégie ou mécanisme de réduction”. Une solution diplomatique semble néanmoins possible, notamment avec la Chine qui produit l'essentiels de ces équipements – le pays est en effet de plus en plus sensible aux arguments environnementaux. Le HCC qui a à peine plus de deux ans d'existence, semble en fait surtout, dans les conclusions de son rapport, rappeler qu'il existe.

Le HCC “regrette que les objectifs environnementaux, dont les objectifs climatiques, demeurent absents des critères des cahiers des charges” de l'Arcep lors de l'attribution des fréquences. Et de souligner que l'étude, provoquée par une saisine du Président du Sénat Gérard Larcher en mars aurait dû être menée automatiquement en amont de l'attribution des fréquences : “seules les logiques de valorisation économique des fréquences pour l’Etat, de compétitivité potentielle des entreprises françaises, d'égalité et cohésion des territoires et sanitaires ont été considérées”, déplore le HCC.

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Selon le HCC, il faudrait ainsi durcir les conditions autour de l'attribution des prochaines bandes de fréquences 5G, en imposant la maîtrise de l'empreinte carbone aux opérateurs. L'autorité demande aussi aux pouvoirs public d'adapter l'offre d'électricité pour anticiper une hausse significative de la consommation liée à ces équipements. Le HCC recommande également de sensibiliser les usagers à une série de “bonnes pratiques” et de réfléchir à une “priorisation des usages” pour limiter les émissions de CO2 liées à l'explosion des usages numériques.

Source : Haut Conseil pour le Climat

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