Andor saison 2 : on a vu la nouvelle série Star Wars et c’est la meilleure chose qui soit arrivée à la saga depuis une éternité
S’il y a bien une série qui surnage dans le petit monde des productions Star Wars, c’est Andor. Après une première saison extrêmement convaincante, la deuxième (et dernière) arrive enfin sur Disney Plus. Nous avons pu la voir, voici ce qu’elle vaut.
L’industrie ultra calibrée des superproductions hollywoodiennes voit parfois l’émergence de petits miracles. La première saison d’Andor en était un. Cette série Star Wars avait séduit par son ton mature, par son intrigue qui prenait le temps ainsi que par ses personnages forts. Des qualités qui contrastaient avec les autres contenus de plus en plus médiocres.
Andor est rapidement devenue l’une des productions les plus appréciée des fans, à défaut d’être la plus populaire auprès du grand public. Cela n’a pas empêché Lucasfilm de lancer une saison 2, avec un budget record de presque 300 millions de dollars. Un témoignage de confiance fort de la part de Disney qui sait qu’une telle série joue positivement sur son image. Nous avons pu voir cette toute nouvelle saison, et voici ce qu’on en pense.
Andor, l’outsider de Disney Plus
Créée par Tony Gilroy, Andor nous raconte l’histoire de Cassian Andor (Diego Luna), l’espion aussi rebelle que pragmatique vu dans le film Rogue One. Le but n’est pas vraiment de s'attarder sur ses exploits, mais bien de montrer la dictature de l’Empire Galactique de son point de vue très terre à terre, loin des Jedi et autres héros naïfs.
La première saison se déroulait cinq ans avant Rogue One (et donc Un Nouvel Espoir) et nous racontait comment Andor, vaurien à la petite semaine qui n’a que faire de la politique, décide de s’engager comme espion pour une rébellion encore embryonnaire. La seconde saison, pour sa part, fait un choix audacieux en changeant totalement de structure. Cette fois, nous suivons Andor à travers quatre missions de trois épisodes chacuns, toutes situées à un an d’intervalle. En termes de chronologie, elles font donc le lien avec Rogue One. Un choix pertinent, puisque chaque arc est presque un film Star Wars à part entière, avec ses héros, ses personnages uniques et ses lieux emblématiques. Cependant, ils ne peuvent être pris à part ni regardés dans le désordre, étant donné qu’ils forment une suite logique qui décrit la montée en puissance de la rébellion.
L’un des reproches fait à la saison 1 d’Andor, c’était son rythme parfois un peu lent. Un choix artistique qui avait du sens, et qui permettait à la série d’exploser après avoir doucement fait monter la pression (le braquage d’Aldhani, l’évasion de la prison), mais qui était peu adapté à la diffusion hebdomadaire ; certains épisodes n’étaient là que pour l’exposition. La saison 2 rebat les cartes, puisque Disney Plus a choisi de diffuser un arc (trois épisodes) par semaine. Chacun de ses arcs offre ses moments de bravoure, ses enjeux propres, ses drames et une montée en tension habile, sans pour autant sacrifier l’exposition. Exactement ce que faisait déjà la saison 1, mais en mieux et en beaucoup moins frustrant. Résultat : les événements s’enchaînent et on s’enfourne les arcs d’une traite, incapables de s’arrêter sur notre lancée.
Un rythme qui n’Andor pas
La série a beau porter son nom, Cassian Andor n’est pas au centre de l’intrigue, c’est même un personnage secondaire. C’était déjà le cas dans la première saison, mais c’est encore plus patent ici, la lumière étant toujours braquée sur une multitude de protagonistes, qu’ils soient rebelles ou impériaux. Les missions de Cassian ne représentent qu’un prétexte pour explorer une galaxie écrasée sous la botte de Palpatine. Cette saison 2 montre encore plus habilement comment un régime autoritaire étrangle petit à petit les populations et comment ces dernières peuvent lutter à leur échelle, quitte à employer des méthodes abruptes. Une zone grise qui détonne dans une saga où les limites du bien et du mal ont toujours été bien définies.
Lorsque George Lucas a créé Star Wars dans les années 1970, il a calqué l’Empire Galactique sur le Troisième Reich, tout en établissant une certaine distance avec ses atrocités grâce à une aventure naïve et optimiste. Andor prend Lucas à contre-pied en choisissant le réalisme cru. Pour étayer son propos, la série n’hésite pas à piocher dans des faits historiques réels, en s’inspirant par exemple de la résistance française, des massacres arbitraires en URSS ou encore de la léthargie des politiques occidentaux devant la montée du fascisme. C’était déjà le cas dans la saison 1, mais cette idée est encore plus développée ici, et avec maestria.
Andor est le premier contenu audiovisuel Star Wars à faire ce choix qui bouscule (en bien) nos perspectives sur les autres films. La série n’hésite pas à aborder des thèmes difficiles, comme le viol comme arme de guerre, la torture ou le génocide. Jamais un Star Wars n’avait été si direct dans sa description de la dictature et de la peur insidieuse qu’elle met en place dans le cœur de chaque civil. Le système absurde de l’Empire inspiré des régimes totalitaires bien réels est dépeint avec brio, avec ses services secrets à plusieurs niveaux, ses mensonges répétés si souvent qu’ils en deviennent des vérités, ses réunions secrètes qui statuent de la vie de millions de gens, sa bureaucratie kafkaïenne, ses hommes d’affaires complaisants ou encore ses kolkhozes surveillés insidieusement. Glaçant.
C’est bien sur ce point que la saison 2 d'Andor excelle, encore plus que la première. L’Empire n’est plus composé d’une bande de méchants caricaturaux en uniforme, comme dans les films, mais bien une menace qui met constamment mal à l’aise. Menace personnifiée par l’impitoyable Dedra Meero (Denise Gough), agente du BSI aussi cinglée que méthodique. A chaque minute, on craint pour nos personnages ; chacune de leur maladresse pouvant conduire à la mort. Paradoxalement, on jubile aussi quand nos héros mettent leur morale de côté en se servant des méthodes cruelles de l’ennemi. Après cette série, on ne regarde plus la trilogie originale de la même manière.
Ajoutons à cela une écriture juste et des personnages toujours aussi forts, avec une réalisation qui n’hésite pas à se poser quelques instants pour les développer. On apprécie par exemple toujours autant la relation conflictuelle entre Syril et sa mère, les faux semblants entre Luthen et Mon Mothma ou la relation fusionnelle qui lie Andor à Bix. Des respirations qui contribuent à toujours faire planer la menace sourde de l’Empire sur leur tête.
Une série qui prend l’univers Star Wars à revers
Bien qu’Andor ait opté pour la voie du réalisme, elle n’en reste pas moins une série Star Wars. On sent un respect infini pour cet univers de la part de Gilroy, mais aussi une volonté de le dépoussiérer, et ce sans prendre de gants. On retrouve quelques ingrédients forts de la saga, comme les combats au blaster ou les escarmouches en vaisseaux, mais de manière toujours « réaliste » à la manière d’un Rogue One. La série frappe fort dès sa première séquence avec une scène d’action qui nous scotche au fond du canapé.
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Pas de sabre laser, pas de Jedi (la Force n'est traitée que comme une bizarrerie mystique), Andor se veut terre à terre et traiter son sujet sans s’éparpiller. Difficile en effet de faire peser une menace lourde si on sait qu’à tout moment, un héros en bure peut sauver la situation avec des pouvoirs magiques. Andor nous emmène dans les recoins inexplorés de la galaxie, s’intéresse à ceux qui n’auraient même pas eu le rôle de figurant dans les films. Bref, aux gens du commun, aux personnes crédibles. Ça, on aime.
Plus encore, les décors -nombreux- sont magnifiques, mais n’ont volontairement pas la grandiloquence épique des films. Coruscant est ainsi une cité mêlant béton sale et verticalité écrasante où se côtoient pauvreté et luxe indécent. La jungle dans laquelle se perd notre héros dans le premier épisode pourrait passer pour un décor de film d’aventure, mais se transforme très vite en un enfer vert où on peut mourir en un instant. Cette planète agricole en apparence paisible vit sous le joug permanent des fonctionnaires impériaux trop zélés. Encore une fois, cela remet toute la saga en perspective. C’est loin d’être un gimmick, puisque cela contribue à créer de l’emphase avec les personnages que l’on suit, ballottés d’un lieu dangereux à l’autre pour échapper aux mâchoires invisibles de la tyrannie.
Difficile de reprocher quoi que ce soit à la saison 2 d’Andor tant elle maîtrise à la fois son sujet et y apporte une fraîcheur bienvenue. Chaque arc est un petit film Star Wars qu’on s’empressera de déguster avec gourmandise. On salue aussi le rythme, plus calibré, et une écriture toujours au top. Dernier point ? Les acteurs, impeccables, avec une mention spéciale à Stellan Skarsgård, complètement habité par son personnage de Luthen.
Andor est sans conteste la meilleure chose qui soit arrivée à la saga Star Wars depuis le rachat de Lucasfilm par Disney en 2012, voire depuis la trilogie originale. La saison 2 est à la hauteur de nos attentes, tant elle a compris son sujet tout en y apportant un nouvel éclairage. Une création qui rend un hommage vibrant à son matériau d’origine et qui n'hésite jamais à bousculer ses codes pour mieux le sublimer. Une saison qui surpasse largement la première et qui clôt avec brio une série décidément unique dans le paysage Star Wars.