« 90 % des films piratés ont été enregistrés dans un cinéma », vraiment ?

L’agence britannique en charge de la protection des films affirme que 90 % des œuvres piratées ont été enregistrés dans un cinéma. Une statistique qui n’aurait pas changé depuis pratiquement 20 ans et qui parait étonnante compte tenu des habitudes de consommation du cinéma et des technologies actuelles pour la diffusion et la distribution des longs-métrages.

Piratage de films
Crédits : 123RF

Depuis plusieurs dizaines d’années, le piratage est un sujet préoccupant pour toutes les industries culturelles et du divertissement : films, séries, spectacle, musique, jeu vidéo, littérature, bandes dessinées, sport, etc. Nous évoquons régulièrement les fermetures des sites spécialisés dans nos colonnes, opérées par les forces de police et les ayants droit. Le but étant, évidemment, de punir les pirates qui diffusent illégalement ces contenus, mais aussi de rendre la vie des utilisateurs de ses sites plus difficiles.

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Aujourd’hui, si vous souhaitez regarder illégalement un film ou une série, vous avez toujours plusieurs solutions, mais le streaming reste le plus simple. Il suffit de se connecter au serveur de stream et de lancer la lecture. Selon une étude du cabinet d’étude britannique Muso publiée en 2023, les sites de streaming illégal ont généré 215 milliards de visites dans le monde en 2022, en augmentation de 8,8 %. D’autant que la qualité technique des contenus proposés est bonne et variée : du 720p au 4K, en version française ou en multilingue, etc. Il est loin le temps du screener de mauvaise qualité.

9 films piratés sur 10 sont des screeners ?

Imaginez donc notre surprise à la lecture du dernier communiqué de presse de la FCPA (Film Content Protection Agency), l’agence britannique en chargée de la protection des œuvres cinématographiques. Dans ce document publié à l’occasion d’un événement organisé pour les gestionnaires de salle de cinéma au Royaume-Uni, l’agence affirme que 90 % des films piratés proviennent d’une captation sauvage réalisée dans une salle de cinéma. 9 films sur 10 en téléchargement illégal sont donc… des screeners. Voilà qui parait très étonnant. Pour deux raisons.

D’abord parce que de nombreux films sortent désormais exclusivement sur les plates-formes de streaming (Netflix, Prime Video, Apple TV+, Disney+, Paramount+, etc.). Comment peuvent-ils avoir été captés en salle ? Le site Torrent Freak affirme que les screeners concernent aujourd’hui moins d’un film sur dix. Ensuite, cette statistique parait étonnante parce qu’elle est identique à celle que divers organismes utilisent depuis des années pour alerter et dénoncer le pirate du cinéma. La MPAA, l’association américaine des majors du cinéma, utilisait la même statistique en 2004, alors que le streaming vidéo n’existait pas (YouTube est apparu en 2005).

Et évidemment, depuis, les technologies ont évolué : fibre optique et streaming nous ont amenés à changer nos habitudes de consommation. Cependant, si les agences de protection des œuvres cinématographiques utilisent encore des arguments obsolètes, doit-on estimer que les méthodes de lutte contre le piratage sont-elles aussi datées ? La question est posée.

Source : Film Distributors' Association


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