Télécoms : le secteur entier est au bord de la “rupture”

Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free Mobile et les autres seraient au bord de la “rupture”. C’est le constat fait par la Fédération française des télécoms (FFT) dans son étude annuelle sur l’état de santé du secteur. En cause, toujours plus d’investissements et des prix beaucoup trop bas.

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A l’approche des élections présidentielles, le lobby des télécoms élève la voix. Régis Turrini, président de la Fédération française des Télécoms (FFT) a un message clair : le secteur ne peut plus continuer ainsi. Le portrait dressé par la fédération est pour le moins alarmant, le secteur est au bord de la rupture. Régis Turrini explique :

On est arrivé à une forme de point de rupture. C’est difficile de continuer à investir et de fournir des services sur tout le territoire : on déploie toujours plus d’infrastructures en payant plus d’impôts alors que les prix, eux, n’arrêtent pas de baisser.

Des investissements nécessaires

A travers son étude annuelle, la FFT donne un chiffre impressionnant : en 2015, hors achats de fréquences, les opérateurs ont investi 7,8 milliards d’euros contre 7 milliards en 2014. Cela représente 22% de leur chiffre d’affaires. Régis Turrini ne remet pas en cause la nécessité d’investir pour développer le réseau. Ainsi, il déclare :

Les investissements, c’est le fondement du métier. Si vous n’investissez pas, vous en subissez immédiatement les conséquences en termes de qualité de réseau (…) et donc en termes de pertes de clients et de baisse de chiffre d’affaires.

Le Président de la FFT qui est aussi secrétaire général de SFR peut en témoigner. L’opérateur au carré rouge a connu une baisse énorme du nombre de clients depuis son rachat par Numéricable. L’entreprise a en effet perdu 3 millions de clients en à peine deux ans à cause de son manque d’investissements dans le réseau.

Selon Régis Turrini ce ne sont pas les investissements qui sont à pointer du doigt mais deux autres éléments : les impôts qui sont parfois incompréhensibles et les prix des abonnements qui sont bien trop bas pour que le secteur tienne.

Des impôts qui “sont des paradoxes”

Non, le Président de la FFT ne veut pas être exonéré d’impôts. Il explique simplement que certains d’entre eux “sont des paradoxes en soi”. Il explique notamment que la taxe Ifer (Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux) est totalement incompréhensible. Pour faire simple, “plus vous investissez, plus vous payez de taxes !” s’offusque Régis Turrini.

Il souhaiterait que les pouvoirs publics, qui sont par ailleurs de plus en plus exigeants sur la rapidité des investissements (le gouvernement a demandé aux opérateurs d’accélérer sur les zones blanches), fassent un effort sur cet impôt. Le Président de la FFT espère obtenir un plafonnement mais il a peu d’espoir puisque le gouvernement considère cet impôt comme “une ressource très dynamique”. On comprend mieux pourquoi les opérateurs se sont vivement opposés à une nouvelle augmentation de la taxe télécoms pour financer l’audiovisuel public.

Et “un abonnement 4G au prix d’un café”

Plus d’impôts, plus d’investissements, et moins de recettes. C’est grosso modo ainsi que le Président de la FFT explique la situation alarmante des télécoms aujourd’hui. Car si les opérateurs investissent de plus en plus et qu’ils paient donc plus d’impôts, leurs recettes ne cessent de baisser. En cause, la chute spectaculaire des prix du mobile depuis l’arrivée de Free Mobile en 2012 dans le secteur.

Le quatrième opérateur a considérablement baissé le prix moyen d’un forfait mobile. Mais la dégringolade n’a jamais cessé. Il n’y a qu’à voir la guerre des prix que se livrent Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile en cette fin d’année avec des forfaits compris entre 3 et 10 euros par mois. Régis Turrini explique :

Pour le prix d'un café, aujourd'hui, vous avez un abonnement 4G avec appels illimités et 20 gigas de data tous les mois. Mais derrière, il y a des infrastructures… Les télécoms, c'est quand même une industrie très lourde. Mais cette industrie, elle n'est pas véritablement payée.

La baisse des prix orchestrée par Free Mobile est certes une très bonne chose pour les consommateurs, mais elle ne peut pas durer dans le temps. Pour investir dans la 5G et la fibre, les opérateurs ont besoin de marge de manoeuvre.

Comme on est obligé d'investir et que les revenus stagnent ou baissent (…) cela se concrétise par un effort considérable sur la productivité et sur des pertes d'emplois.

Les prix c’est bien, mais il faut toute proportion garder explique le Président de la FFT. Car dans cette situation, le secteur est en péril et des emplois sont menacés. SFR a par exemple dores et déjà opéré un plan de licenciement massif de 5000 postes, soit un tiers de ses équipes.

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