Test Xiaomi Redmi Buds 4 Pro, la technique sans la musicalité

Notre avis

La sortie d’un nouveau produit Xiaomi est toujours attendue. Un an après ses Redmi Buds 3 Pro, le constructeur chinois commercialise une nouvelle version de ses écouteurs de moyenne gamme, pour un tarif alléchant. La marque a-t-elle tiré des leçons de ses précédentes lacunes ? Montez le son, ça va envoyer.

Xiaomi étend son empire dans l’électronique grand public. Fort du bon rapport qualité/prix de ses produits, la jeune marque chinoise a conquis le monde en quelques années. Ses smartphones sont plébiscités, ses écouteurs sont prometteurs, plus performants à chaque génération. Les Xiaomi Buds 3 ou Redmi Buds 3 Pro avaient de quoi séduire. Le modèle milieu de gamme offrait déjà la réduction de bruit, un mode transparent ou encore la gestion tactile pour moins de 100 euros. Un an plus tard, les nouveaux Redmi Buds 4 Pro sont beaucoup plus sophistiqués. Des nouveautés qui se retrouvent aussi bien dans l’interface de l’app que dans l’électronique. Mais le prix public s’est également sensiblement étoffé.

Prix et disponibilité

Les Xiaomi Redmi Buds 4 Pro sont commercialisés au prix public conseillé de 99,99 euros, sur le site du constructeur et dans ses boutiques. À ce tarif, ces écouteurs rivalisent directement avec des Huawei Freebuds Pro ou des Nothing Ear 1. En dessous de la barre symbolique des 100 euros, ces écouteurs True wireless entrent également en compétition avec les « anciens » Buds 3 du même constructeur… Ces derniers sont désormais plus lourds, moins autonomes (32h avec boitier), moins efficaces (Bluetooth 5.2) et moins performants (absence de profil LDAC) que la nouvelle génération. Chez Xiaomi, les Buds 4 Pro sont assurément mieux que les Buds 3.

Fiche technique

Xiaomi Redmi Buds 4 Pro
Colorisblanc, noir
DimensionsBoitier : 63 x 45,2 x 25 mm
Ecouteurs : 27 x 20 x 16 mm
PoidsÉcouteurs : 5 grammes (x 2)
Boitier : 36 grammes
Batterieboitier : 590 mAh (2,28 Wh)
écouteur : 54 mAh (0,2 Wh) /écouteur
Codec AudioSBC, AAC, LDAC
ConnexionsUSB-C, Bluetooth 5.3 avec profils HFP, A2DP, AVRCP
Charge sans fil rapide
CertificationIP54
Accessoirescordon USB-C de 38 cm, 3 tailles d'embouts silicone

Design du boitier

En termes de look, le Xiaomi Redmi Buds 4 Pro fait dans le classicisme en reprenant le design du boitier des Airpods 3. En d’autres termes, le boitier est un pavé aux coins arrondis avec un clapet dans la longueur. Il est entièrement plastique, recouvert d’un revêtement brillant pour la version blanche ou satinée pour la version noire. La fermeture de celui-ci est parfaite. Des micro-aimants assurent l’étanchéité du boitier et le maintien des écouteurs en cas de chute inopinée. En regardant de plus près, on note une minuscule diode électroluminescente en façade, juste sous le clapet pour indiquer l’appairage. Les charnières semblent assez résistantes pour les ouvertures et fermetures répétées du clapet. On trouve également le port USB type C au centre, à la verticale et à côté le bouton d’appairage affleurant la surface du boitier. Le boitier pèse 36 g, légèrement au-dessus de l’étalon Airpods de 3e génération.

Design des écouteurs

Comme pour le boitier, en matière de design d’écouteurs, le constructeur chinois s’est inspiré du pionnier et bestseller Apple Airpods. En clair, il s’agit d’écouteurs intraauriculaires équipés d’une béquille avec insertion à la verticale dans le boitier de charge. Un liseré argenté brillant cerclé d’un autre mat souligne la branche plastique. On note par ailleurs quelques particularités. À l’extrémité basse se trouvent deux contacteurs pour la recharge. Juste à côté, on distingue un minuscule orifice dédié au microphone pour les appels. Un autre orifice de la taille d’une tête d’épingle se situe à la base des hauts-parleurs, dissimulé par l’embout silicone. Comme pour la précédente ouverture, le micro mesure le bruit ambiant.

Un troisième micro se repère sur le corps protubérant de l’écouteur, en haut, dans le prolongement de la branche. Comme il est exposé directement aux éléments (poussières, pluie, neige…), il est protégé par une plaque métallique perforée de trous de quelques centièmes de millimètres. D’ailleurs, les écouteurs sont certifiés IP54. Pour être plus pragmatique, ils offrent une bonne résistance aux éclaboussures de poussière ou d’eau. En revanche, la douche, le bain, la natation sont proscrits. Même l’eau chaude ou la transpiration prolongée sont à bannir avec ces Redmi Buds 4 Pro. Pour en revenir aux trous micros, leur action conjointe participe à l’émanation du bruit environnant puisqu’il faut bien percevoir les sons dérangeants pour les annuler numériquement.

Sur la partie ventripotente de l’écouteur, vers l’intérieur, une fois le dispositif introduit dans le conduit auditif, se remarque une ouïe plus allongée (de l’ordre de 2mm) qui détecte l’insertion dans les oreilles. Chaque écouteur ne pèse que 5g. On est donc légèrement au-dessus de l’étalon Airpods de 3e génération pour le boitier comme pour les écouteurs.

Ergonomie des écouteurs

Les embouts des Redmi Buds 4 Pro sont très souples. Trois tailles sont proposées et devraient convenir à la quasi-totalité de la population humaine. Rappelons qu’une fonctionnalité vérifie l’ajustement correct des embouts auriculaires. La légèreté de ces écouteurs garantit une bonne stabilité dans le conduit auditif. En cas de mouvements intenses et répétés, l’insertion est cependant compromise. En revanche, les tiges des écouteurs assurent une communication téléphonique de qualité puisqu’ils « pointent » vers la bouche.

L'interface est claire et très complète, désactivée quand le boitier est fermé avec les écouteurs dedans. Un widget permet de bénéficier des principales infos : génial !

App et fonctionnalités

Xiaomi ne s’est pas contentée de fournir des écouteurs True Wireless avec ANC. Le constructeur a mis les petits plats dans les grands pour l’app. Certes, Xiaomi Eardbuds n’existe que pour Android, mais elle est ultra-complète. Elle ressemble d’ailleurs à l’interface étrangement à celle de Cupertino… D’abord, elle indique l’autonomie sous la forme d’une jauge (verte au-dessus de 20%, rouge en dessous) agrémentée d’une valeur relative (en pourcentage) pour chaque écouteur et pour le boitier. C’est la base. Mais l’équipementier chinois propose un petit bonus avec un panneau résumant les basiques (autonomie et mode d’écoute) dans le panneau de notifications. Plus besoin de chercher l’app Xiaomi Earbuds, un swipe vertical depuis le haut et l’essentiel est accessible. Même de grandes marques (Samsung…) ne proposent pas ce bénéfice.

L'interface est claire et très complète, désactivée quand le boitier est fermé avec les écouteurs dedans. Un widget permet de bénéficier des principales infos : génial !

L’application mobile vérifie également que les écouteurs sont bien ajustés (avec l’une des 3 tailles d’embout silicone fourni). C’est confortable. L’app détecte automatiquement quand les écouteurs sont retirés/insérés du conduit auditif. Elle met en pause ou reprend automatiquement la musique. C’est le luxe. Par ailleurs, une option « trouver vos écouteurs » déclenche une sonnerie depuis les deux écouteurs ou seulement un seul. Très pratique ! En outre, les Xiaomi Redmi Buds 4 Pro prennent en charge le multipoint, appelé « double connexion » dans les « Paramètres supplémentaires ».

Vérification que les embouts auriculaires sont bien ajustés.

Pour des écouteurs de moyenne gamme, Xiaomi ne pouvait pas faire l’impasse sur la gestion tactile des écouteurs. Elle existe, elle est même riche, mais pas sans lacunes. Une rubrique Gestes rassemble toutes les options dans l’app. Il est possible de lire/mettre en pause une musique, de diminuer/augmenter le volume, de modifier le type d’écoute. Sur le papier c’est génial. En pratique, c’est compliqué. Ainsi, l’app contraint vos gestes. En clair, pour augmenter/diminuer le volume, l’option n’est pas proposée en appuyant deux fois un écouteur ou en restant appuyée sur un écouteur. L’option du volume n’est proposée que pour 3 appuis sur les écouteurs. Tordu, pour un geste ordinaire. Pour changer de mode d’écoute (transparent à ANC par exemple), l’option n’est permise qu’en maintenant l’écouteur (droit ou gauche) appuyé. Pourquoi ? Mystère. D’ailleurs, ce même geste est réservé pour l’assistant vocal (aka Assistant Google).

Dans l’interface graphique, on trouve également l’option pour prendre des appels automatiquement depuis les écouteurs. Malheureusement, que la case soit cochée ou non, les appels nécessitaient en pratique la validation depuis le smartphone pour les prendre (ou les refuser). Autre désillusion, un paramètre commandes vocales est visible dans les Paramètres supplémentaires. On se dit instantanément « youpi, je peux effectuer des commandes en hululant aux Redmi Buds 4 Pro ».

Une gestuelle contrainte et peu pratique

Or, la description est en chinois, au sens propre du terme ! Ne parlant pas mandarin ou cantonais, nous n’avons pas pu vérifier cette fonctionnalité. Pour terminer ce tableau de frustrations, une rubrique dans l’app intitulée Mettre à jour le micrologiciel  devrait logiquement updater le firmware des écouteurs. Voilà pour la théorie. Pour la pratique, l’app exige de se connecter à son compte Xiaomi. Une contrainte inacceptable et surtout incompréhensible. L’astuce sera de désinstaller et réinstaller l’app pour bénéficier du dernier firmware. Vraiment ennuyeux.

Pour l’écoute, les fonctionnalités ne sont pas en reste. En plus d’un mode « désactivé » qui correspond à une écoute « pure », sans modification logicielle (plus économe), il existe également un mode transparent. A l’inverse de l’ANC (active noise control), il compense l’isolation passive des écouteurs. Une option permet d’ “améliorer la voix”. En pratique, elle met en avant tout les médiums, donc même le tapotage sur votre clavier par exemple.

Une réduction active du bruit satisfaisante

L’utilisateur a le choix entre trois types d’écoute : transparent, désactivé et ANC. D’une part, un mode « annulation du bruit » qui supprimera automatiquement le bruit ambiant en mixant une sinusoïde inverse avec la musique que vous écoutez. Cette réduction active du bruit est configurable de quatre manières différentes. Soit « légère » (atténuation faible du bruit de l’ordre de 30 dB), soit « équilibrée » (atténuation modérée de 35 dB) ou encore « profonde » (atténuation maximale de 43 dB). Ces écouteurs sont sensiblement plus performants que les « anciens » Buds 3 (ANC maximale de 40 dB) du même fabricant ou les Huawei Freebuds Pro (également ANC maximale de 40 dB).

L’isolation passive est déjà notable, mais l’ANC fonctionne bien. Les bruits ambiants de faible intensité (brouhaha dans les transports en commun, voix à volume normal…) sont atténués de manière satisfaisante. Toutefois, les sons aigus tels que les grincements de métro sont encore facilement audibles. Comble du luxe, un paramètre supplémentaire active “l’annulation adaptative du bruit”. Dans ce cas de figure, une intelligence artificielle détecte la signature sonore gênante (vent, grincements…) et supprime autant que faire se peut ce bruit répétitif. Par facilité, nous avons activé en permanence cette option. Nous n’avons pas noté de différences sensibles avec ou sans activation.

D’autre part, un mode « transparence » utilise les micros externes pour percevoir mieux les sons extérieurs (et interagir avec votre environnement). Un curseur propose de passer en « améliorer la voix » pour compenser les effets d’isolation passive des écouteurs. L’effet est réel, mais à l’usage, la musique couvre tout de même la voix.

De nombreuses options pour gérer le son ambiant

Un son puissant, mais pas toujours fidèle

L’acoustique est toujours complexe sur d’aussi petits dispositifs sonores. La première impression sonore est le faible volume. Les 50% de volume utilisés habituellement pour nos tests proposent une pression sonore réduite par rapport à la majorité des autres écouteurs. Il sera donc nécessaire d’augmenter le volume (et donc de consommer plus d’électricité). Pour des écouteurs ANC à moins de 100 euros, on aurait pu s’attendre à un peu mieux des Redmi Buds 4 Pro.

Certes, pour la restitution de la voix et plus généralement des médiums, le son est clair, bien détaillé. Toutefois, pour la musique et en particulier des graves, le résultat est moins décevant. Le « nouveau système de pilotes dynamiques doubles, composé d'un diaphragme en alliage d'aluminium de 10 mm et d'un diaphragme en titane de 6 mm pour les fréquences aiguës » vanté par Xiaomi « sent le savon » (ref. André Manoukian). La basse d’un Marcus Miller manque cruellement de chaleur, les percussions de Dave Grohl sont étouffées. Les aigus couinent un peu.

Malgré un tout nouveau système audio immersif, qui utilise un algorithme audio HRTF Xiaomi, l’immersion sonore est inexistante pendant les vidéos. Des écouteurs de même gamme de prix font mieux. Les Redmi Buds 4 Pro prennent en charge le codec LDAC autorisant une transmission maximale de 990 kb/s en 96kHz/24 bits. Voilà pourquoi les musiques de qualité (MP3 320 kb/s ou plus, FLAC…), ces écouteurs s’en tirent un peu mieux. Avec du streaming ordinaire ou des MP3 128kbps, le son est passable, toujours très plat. On aura tendance à augmenter le volume pour profiter véritablement des graves et aigus, gagner de l’ampleur et s’immerger dans la musique.

Xiaomi n’a pas jugé opportun de proposer un égaliseur automatique (avec des profils musicaux) ou manuel. Il faudra donc passer par un lecteur musical qui en propose un.  Il existe bien des paramètres dans Effets audio pour renforcer les graves, les aigus ou la voix, mais le changement est quasi inaudible. Un profil avec amplification des basses, amplifications des aigus, dynamique ou simplement normal aurait été le minimum syndical.

Autonomie satisfaisante

La richesse des fonctions de l’app pourrait inquiéter sur l’autonomie. Heureusement, les Redmi Buds 4 Pro font encore mieux que les Buds 3. Xiaomi table sur 36 h d’autonomie totale avec le boitier équipées d’une batterie de 590 mAh (2,28 Wh) et jusqu’à 9 h avec une seule charge. En pratique, les résultats diffèrent. Avec le volume à 50%, sans annulation du bruit, les écouteurs (intégrant chacun une batterie de 54 mAh) supportent tout de même 6h d’écoute continue. Les Apple AirPods 3 sont au même niveau alors que les Huawei Freebuds Pro font à peine mieux (7h). Lorsqu’on active l’ANC (suppression logicielle du bruit), l’autonomie chute à 3h47. Un excellent résultat à comparer avec les 4h d’autonomie des Huawei Freebuds Pro ou les 6h des Sony Linkbuds S positionnés plus haut de gamme.

Une charge complète des écouteurs consomme environ 25% de la batterie du boitier de charge. Autrement dit, le boitier autorise 4 recharges totales des écouteurs. Avec les écouteurs déjà chargés, on atteint alors 19 h d’écoute avec annulation du bruit et même 30 h sans ANC. Pas mal pour des écouteurs commercialisés moins de 100 euros ! Pour vous indiquer que les batteries défaillent, un bip sonne lorsque la batterie atteint 20 puis 10% et enfin 5%. La charge sera alors rapide. Environ 20% en 5min, 25% 10 min, 50% en 15min, 75% en 20min et une recharge totale en 45min. Le constructeur chinois annonce « jusqu’à 2h de musique en 5min de charge ». C’est donc plutôt 1h d’autonomie à volume moyen. L’autonomie est très correcte, car on est dans les mêmes eaux que les Apple AirPods 3, qui ne proposent pas de réduction active du bruit.

Notre Verdict

Les Xiaomi Redmi Buds 4 Pro embarquent plus de fonctionnalités et assurent une meilleure autonomie que les Buds 3 Pro. De manière générale, elles proposent des options haut de gamme (ANC, gestion tactile, détection d’insertion…) pour un tarif raisonnable. Malheureusement, l’expérience sonore est en retrait d’écouteurs True Wireless comparables comme les Huawei Freebuds Pro. Pour un usage basique, à privilégier l’atténuation de bruit ou les communications téléphoniques, ces écouteurs sont satisfaisants. En revanche, pour les mélomanes, la frustration dans les aigus et surtout les graves sera grande. Malgré le support du codec LDAC, l'acoustique n'est pas à niveau. Le son immersif est anecdotique. D’autres écouteurs font mieux pour le même tarif. Xiaomi a visiblement privilégié la technicité à la musicalité.

Voir les commentaires
Ailleurs sur le web