Test Kingdom Come Deliverance 2 : le jeu d’aventure a son nouveau roi
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Kingdom Come Deliverance 2 a pour ambition de proposer le jeu de rôle médiéval ultime. Avec ce titre, le studio Warhorse pousse les curseurs à fond, aussi bien en termes de respect historique que de simulation de vie. En résulte une œuvre jusqu’au-boutiste, âpre, exigeante, mais aussi prenante, immense et diablement réussie. Notre test.
Ôyez, ôyez, braves gens du noble royaume de France et des contrées voisines ! Approchez-vous et prêtez l'oreille à ce que je vais vous conter ! En ce jour béni, je vous invite à plonger dans l'univers épique de Kingdom Come Deliverance 2, un jeu de rôle comme nul autre pareil. Nous l'avons mis à l'épreuve, et voici notre jugement. En toute honnêteté et sagesse, nous vous dévoilons notre avis éclairé.
Suite directe du premier Kingdom Come Deliverance sorti en 2018, ce second volet garde le même cap. Le studio tchèque Warhorse souhaite proposer la simulation médiévale ultime avec un gameplay exigeant axé sur le réalisme, mais surtout un respect infini vis-à-vis contexte historique. En résulte un titre qui sort des jalons du monde des AAA pour le meilleur… et rien que pour le meilleur.
Donjons et Capon
Kingdom Come Deliverance 2 reprend là où le premier nous avait laissé. Retour au royaume de Bohème en 1403. Nous incarnons toujours Henry, jeune forgeron devenu page de l’insupportable Seigneur Hans Capon. Nos deux héros sont envoyés à Trosky pour une mission diplomatique, une tâche simple en apparence, mais qui les plongera au cœur de la guerre civile qui déchire le pays. Une intrigue qui se met doucement en place ; il faut attendre au moins trois ou quatre heures avant que le jeu nous lâche la bride, et dix pour que l’histoire démarre vraiment. Mais une fois lancée, elle s’avère diablement bien écrite. Pas de panique si vous n’avez pas fait KCD1, l’intro résume assez habilement les événements passés.
Alors que le premier KCD peinait un peu à instaurer les enjeux de son récit, sa suite y arrive avec brio. Chaque événement recèle son lot de surprises, de dilemmes et de personnages fascinants. Il n’est pas rare d’être pris de court par un rebondissement, d’être tiraillé devant un choix impossible ou simplement d’être ému par le destin d’un compère. Même tard dans le jeu, nous sommes toujours surpris par telle ou telle situation ou idée de gameplay. Le plus admirable dans tout ça ? Tout se base sur les événements réels de l’histoire tchèque en plus d’être très terre à terre. Le respect du contexte historique, c’est bien le cœur vibrant de ce KCD 2.
Montjoie ! St Denis ! Que je trépasse si je faiblis !
Les pérégrinations d’Henry et d’Hans ne sont en réalité qu’une excuse pour dépeindre la Bohème du début du XVe siècle avec une précision quasi-scientifique. Le studio Warhorse a ainsi travaillé avec des historiens pour reproduire les châteaux, les villes et les villages parcourus (en réalisant un travail créatif pour combler les trous), n’hésitant pas à sacrifier le gameplay sur l’autel de la rigueur. Les régions présentes dans le jeu sont reproduites à l’échelle 1 :1 et tous les endroits visités sont réels. En se baladant sur Google Maps, on reconnaît facilement les coins explorés pendant nos parties ! La contrepartie, c’est que le monde ouvert (deux zones immenses équivalentes à celle du premier jeu) manque un peu de diversité au niveau des décors, avec des forêts, des champs et c'est à peu près tout. Un point faible contré par un level design malin.
Le soin incroyable sur la reconstitution ne s’arrête pas là. Les vêtements, les armes, la structure sociale, les techniques de siège, les métiers proposés… tout est reproduit fidèlement, et ce de manière quasi-obsessionnelle. C’est loin d’être un gimmick, puisque cette historicité sert le gameplay. Par exemple, Henry devra faire attention au ton employé selon l'interlocuteur, sera dans l'impossibilité d'enfiler un casque s’il n’a pas de protection en-dessous ou tout simplement utiliser intelligement l'agencement d'un château biscornu pour s'y infiltrer.
C'est bien la reproduction de Kuttenberg (aujourd'hui Kutná Hora), immense ville qui apparaît dans la deuxième moitié de l'aventure, qui nous a complètement soufflé. La cité aux rues sinueuses représente la quintessence du travail de Warhorse, avec ses bâtiments modélisées avec soin, mais aussi l'ambiance qui s'en dégage : ses marchés populeux, ses tavernes enfumées, ses églises imposantes, ses différentes strates sociales qui vivent cote à cote mais qui s'ignorent… Jamais une cité médiévale n'avait été reconstituée ainsi auparavant et nul doute qu'elle sera utilisée pour l'enseignement. Niveau immersion, nous sommes au niveau de Novigrad (The Witcher 3) ou de la Porte de Baldur (Baldur's Gate 3).
Même les combats reprennent les traités d’escrimes médiévaux, avec des bottes et des affrontements lourds presque anti-spectaculaires (et très brouillons, nous y reviendrons). Les batailles suivent aussi les stratégies de l’époque, avec ses techniques qu’on doit suivre via les objectifs de quête, comme balancer des pierres sur la tête des assiégeants ou repousser leurs échelles avec une hallebarde. Enfin, pas question pour Warhorse Studio de présenter un univers gris et boueux comme le veut le cliché, puisque tout est coloré, soigné, propre, comme c’était le cas à l’époque. Ca, c'est appréciable !
Kingdom Come Deliverance, c’est l’anti Assassin’s Creed. L’histoire n’est pas un terrain de jeu, un décor interchangeable pour raconter ce qu’on veut, mais une vraie « contrainte » qui a été sublimée par les développeurs tchèques. Leur passion pour le moyen-âge transpire dans chaque pixel. Le tout s’explore avec un gameplay qui lui aussi, mise sur le réalisme.
Red Dead Deliverance 2
Henry, notre héros, est un homme comme un autre. Pas de superpouvoir ni de capacités hors normes. Un simple roturier qui doit se faire une place dans un monde trop grand pour lui. Le gameplay, à la première personne, accompagne cette condition, en se permettant même de nous mettre des bâtons dans les roues afin de corser un peu la formule. Nous nous retrouvons littéralement nu et sans le sou après l’introduction, lâché dans une région inconnue avec pour seule arme notre détermination.
Kingdom Come Deliverance 2 embrasse pleinement son côté immersive sim, que ce soit dans la lourdeur de son gameplay ou par la vie qui se dégage du monde ouvert, avec les PNJ qui disposent d'une routine et d'un système de réputation. Aux commandes d'Henry, chaque manipulation prend une plombe et certaines mécaniques s’inspirent directement des jeux de survie : il faut prendre soin de sa santé, de son sommeil, de son hygiène, de sa faim… des besoins dont la trop grande fréquence avait été pointé du doigt dans le premier titre. Ils ont heureusement été revus à la baisse. Ces mécaniques servent le jeu, puisque notre héros sera par exemple moins affuté au combat s’il a sommeil ou s’il est affamé. Plus encore, personne ne voudra lui adresser la parole s’il pue le bouc, un passage vers les bains, ou une auge, sera donc nécessaire.
La simulation de KCD2 s’immisce jusque dans l’apparence de votre personnage. Les PNJ seront frileux à l’idée de parler à Henry s’il se présente en armure et couvert de sang. Un noble vous méprisera si vous n’avez pas les atours adéquats. Il faudra enfiler sa cuirasse avant un combat, et ne pas la garder dans les phases plus calmes.
Même vos déplacements sur la carte doivent prendre en compte les contraintes calquées sur la réalité. Se balader dans une forêt en pleine nuit ? Risqué, étant donné que brigands et loups y rôdent (Henry ne peut affronter une bande à lui tout seul). Voyager à pied ? Possible, mais fatiguant en plus d'être long. Voler un cheval ? Oui, mais le risque de finir au pilori est élevé. Le temps représente également une notion importante. Allez vous chez un commerçant à deux heures du matin ? Si vous avez un événement crucial pour une quête, il se déroulera sans vous si vous n’êtes pas au rendez-vous. Soyez ponctuels !
Pour simuler la vie médiévale, les développeurs n’ont pas hésité à multiplier les gameplays, se basant encore une fois sur les activités de l’époque. Henry peut forger, préparer des potions, meuler ses armes à travers des mini-jeux pas toujours passionnants, mais qui ont le mérite de nous immerger totalement grâce à leur « réalisme ». Faire une potion ne passe pas par un menu, puisqu’il faut préparer vous-même la base et y ajouter des herbes, et ce à la première personne. Forger une épée ou un fer à cheval ? Il faut battre le métal pendant de longues minutes, en prenant soin de frapper sur toute la longueur. Une précision parfois déroutante, mais on est toujours impressionnés par le soin apporté à cet aspect. En revanche, signalons que le mini-jeu de crochetage est aussi infâme que dans le premier KCD.
La vérité, c’est que Kingdom Come Deliverance 2 se joue un peu comme Red Dead Redemption 2. On prend plaisir à ne pas faire les quêtes, à simplement mener sa vie, travailler, se promener, se poser dans une prairie pour admirer le paysage… A profiter de tous l'univers qui s'offre à nous, à écrire nos propres histoires. Un jeu qui sait prendre son temps, c’est si rare de nos jours.
La Croisade s’amuse
KCD2 n’est pas seulement une simulation de vie, c’est aussi un jeu vidéo où l’on suit les mésaventures d’Henry. Warhose adopte une structure très classique, avec une quête principale et des quêtes secondaires. Ces dernières sont peu nombreuses, mais si bien écrites qu’elles n’ont rien à envier à la principale. Toutes ont un point commun : mettre subtilement en avant un pan de la vie au bas moyen-âge, comme une petite leçon d’histoire interactive. Par exemple, elles s'intéressent à la forge, au braconnage, à la vie dans un château, aux mariages nobles, aux superstitions, à l’agriculture, à la récolte du vin, à la condition des étrangers… Cet aspect est renforcé par un codex, aussi riche qu’instructif qui détaille tout ce qu'on voit. Aucune séquence n’est gratuite, tout est là pour renforcer le contexte historique.
Nous n’avons eu de cesse d’être surpris par la diversité des quêtes proposées, même par les plus « secondaires ». Transporter un ivrogne sur son dos dans la forêt en se basant sur ses indications farfelues, enquêter sur une disparition étrange, traquer une meute de loups, infiltrer un camp pour y voler un cheval… Ce n’est qu’un échantillon issu des premières heures. La conséquence, c’est qu’on se prend au jeu, que ces missions annexes ne sont pas une « corvée », mais des petits bonbons qu’on déguste avec gourmandise. Pas de remplissage inutile, seulement de la qualité.
Dans ces quêtes, KCD2 est assez malin pour nous lâcher la bride avec des objectifs vagues. C'est à nous de comprendre ce qu’on attend de nous pour régler telle ou telle situation. Par le combat, la ruse ou la diplomatie, selon les compétences d’Henry (qui évoluent de manière dynamique à la manière d’un Elder Scrolls). Il y a souvent plusieurs manières de faire. Un PNJ a un objet précis ? Défiez-le, volez-le, convainquez-le ou plumez-le aux dés. Chaque obstacle peut être contourné de plusieurs manières.
Warhorse se permet même des expérimentations qui font mouche. On pense notamment à un passage en particulier vers le début du jeu. Condamné à faire le larbin dans un château, on doit trouver le moyen de sauver la tête d’un autre personnage en multipliant les mini-quêtes et les énigmes qui en débloquent d’autres. Une structure en poupée russe qui ferait plus penser à un point and click qu’à un jeu d’action/aventure. Un vrai délice !
Bien d’autres passages notables par leur inventivité ponctuent le récit, comme cette enquête pour trouver une jeune fille disparue, cette mission pour voler une recette de vin ou pour découvrir l’identité d’un ermite qui affirme être un croisé. C’est toujours malin et bien pensé ; les indications sont constamment vagues, mais pas assez pour nous décourager (comme c’était parfois le cas dans KCD1). En fouillant un peu, en expérimentant et en étant attentif, on trouve toujours une solution. Jamais nous n’avons tourné en rond, bloqué par un manque d’idées. Exemple concret : une quête nous demande d’aller parler à un personnage dans un lieu qui nous est interdit. Il est possible de s’y faufiler ou d’y être accepté par plusieurs moyens. A nous de trouver lequel.
Bien entendu, l’aventure principale est ponctuée de « nœuds » narratifs qui font avancer l'intrigue. C'est dans ces moments que KCD2 montre quelques faiblesses. Si les missions sont prenantes, notamment grâce au scénario bien ficelé, elles laissent moins d'amplitude aux joueurs dans ses approches, ce qu'on regrette. On est ainsi obligés, par exemple, de s'infiltrer (un système parfois frustrant pour pas grand-chose) ou de se battre, même si vous n'avons pas du tout développé ces compétences sur notre personnage. Pour donner un exemple concret, une phase de furtivité dans une forêt nous a fait grommeler plusieurs fois. Notre héros étant plus axé sur la diplomatie et la bagarre, il se faisait constamment repérer à dix lieues. Ces phases ne sont pas rhédibitoires, mais détonnent avec le reste.
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Quelques errances qui donnent du charme
Tout n’est pas parfait au royaume de Bohème, malheureusement. Impossible de ne pas parler du système de combat, toujours aussi compliqué pour pas grand-chose, même s’il a été allégé par rapport au premier jeu. Nous avons ainsi toujours ce système de coups en étoile, mais avec cette fois moins de possibilités et l'ajout de contre-attaques. Malgré tout, il reste brouillon dans les duels et carrément incompréhensible dans les affrontements à plusieurs. Quelques passages mettent en scène des batailles à grande échelle, plus synonymes de corvée qu’autre chose. Pour s’en débarrasser, on se contentera d’attaquer les adversaires déjà occupés, tel un couard. Dommage d’en arriver là.
On déplore aussi une mise en scène trop plate, les dialogues se contentent de champs-contrechamps avec des protagonistes raides comme des piquets. On peut aussi pointer du doigt quelques étrangetés dans le game design, comme expliqué plus haut, ou encore les menus, magnifiques mais confus car surchargés. Des bugs sont aussi présents, certes moins nombreux que dans le 1 à sa sortie, mais ils s’avèrent agaçant, surtout quand un dialogue est inaudible ou qu’un objectif de quête est inacessible.
Enfin, impossible de ne pas évoquer la VF, qui est à la limite du sabotage. Si les voix des personnages principaux passent encore, on est effarés par l’amateurisme des doublages (souvent parasités par des anachronismes, qui plus est) des PNJ tertiaires. Nous avons par moment l’impression d’être revenu au début des années 2000, voire d'entendre de l'IA. Fort heureusement, ces soucis disparaîssent en VO. Evitez la VF, ce sera notre conseil. Précisons que PLAION nous a avertit être au courant de ce défaut et que le doublage VF était actuellement en train d'être en partie refait pour une prochaine MàJ.
Des écueils qui ne sont pas assez importants pour nous gâcher réellement l’expérience. De plus, ils donnent de l’épaisseur à un jeu imparfait, mais terriblement généreux. Kingdom Come Deliverance 2 offre une aventure maîtrisée d’une soixantaine d’heures à minima, un monde ouvert gigantesque mais aussi un gameplay qui laisse le joueur libre de ses choix. Plus que ça, c’est bien son incroyable respect de l’époque qu’il traite qui en fait un titre hors du commun. Un jeu qui va jusqu’au bout de sa proposition, et c’est ce qui le rend fantastique. Il ne plaira certainement pas à tout le monde, notamment à ceux qui veulent juste un divertissement simple, mais les aventuriers qui accepteront d’être bousculés seront happés. Grandiose !
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Kingdom Come Deliverance 2 est un jeu qui va jusqu’au-bout de sa proposition. Un titre rude qui n’hésite pas à bousculer les joueurs, mais qui happe par sa liberté, sa structure bien construite, sa générosité affolante et par sa capacité à constamment se renouveler. Plus encore, son obsession à reproduire le plus fidèlement possible l’époque qu’il met en scène lui donne une vraie épaisseur. Une réussite éclatante qui prouve qu’il est encore possible de faire des blockbusters intelligents, radicaux et de qualité. Grandiose.
- La reproduction historique quasi-scientifique
- Une intrigue prenante
- Un vrai immersive-sim médiéval
- Des quêtes diversifiées, mêmes les secondaires
- Une grande liberté pour accomplir ses objectifs
- Nous pousse constamment à expérimenter
- Passages avec de fantastiques idées
- Un monde ouvert gigantesque dans lequel on aime se perdre
- Même après plusieurs dizaines d’heures, il arrive toujours à surprendre
- Graphiquement à tomber
- Les combats, toujours aussi brouillons
- Mise en scène qui aurait mérité plus de punch
- Quelques missions qui laissent moins de liberté
- La VF, au secours !
- Encore quelques bugs
- Va vous priver de précieuses heures de sommeil