Et si un gigantesque astéroïde était à l’origine des deux visages de la Lune ? Voici ce que révèle cette récente étude
La face cachée de la Lune est bien différente de sa face visible et elle n’a pas encore révélé tous ses secrets. Si l’analyse des échantillons recueillis par la mission Chang’e 6 éclaircit un peu le mystère autour de l’évolution de notre satellite naturel, elle le renforce aussi.

Apollo, LuSEE-Night, RadioLuna… Nombreuses sont les missions lunaires qui prouvent à quel point notre satellite naturel est un astre fascinant. Mais l’un des aspects qui intrigue le plus les scientifiques est la face cachée de la Lune. Invisible depuis la Terre et capturée pour la première fois par la sonde soviétique Luna 3, elle présente un paysage bien différent de celui de la face visible. Cette dissemblance pousse les chercheurs à explorer les mystères qui entourent sa formation et son évolution.
Lancée le 3 mai 2024, la sonde chinoise Chang’e 6 a rapporté les premiers échantillons jamais prélevés sur la face cachée de la Lune. Leur analyse offre de nouvelles révélations qui renforcent le mystère : la disparité entre les deux faces de l’astre ne s’arrêterait pas à sa surface, mais s’étendrait profondément à l’intérieur.
Un astéroïde pourrait être à l’origine des disparités des deux hémisphères lunaires
Yang Li, co-auteur de l’étude publiée le 30 septembre dans la revue Nature Geoscience, estime qu’il s’agit de « l’un des grands mystères lunaires ». Son équipe a cherché à reconstituer la température de cristallisation des roches et d’estimer celle du matériau originel, appelé « roche-mère ». Pour ce faire, elle a associé modélisations numériques et données satellitaires.
Les résultats ont permis d’estimer que les échantillons recueillis par Chang’e 6 dans un vaste cratère inexploré du bassin Pôle Sud–Aitken (SPA) se sont façonnés à partir de lave du manteau lunaire à environ 1 100 degrés, il y a près de 2,8 milliards d’années. C’est environ 100 degrés de moins que les fragments de la face visible rapportés par les missions Apollo de la Nasa.
Ce déséquilibre pourrait s’expliquer par une migration précoce d’éléments producteurs de chaleur (l’uranium, le thorium, le potassium, le phosphore et les terres rares) vers la face visible. Mais son origine demeure floue. Plusieurs hypothèses émergent selon nos confrères de Space.com : certaines suggèrent l’absorption inégale par la Lune d’une « petite sœur », qui aurait enrichi la face visible. Cette répartition aurait également pu être influencée par la gravité terrestre.
Enfin, une hypothèse évoque un gigantesque impact d’astéroïde, qui aurait redistribué l’intérieur de la Lune. On ne peut s’empêcher de penser ici à l’astéroïde 2024 YR4 qui menace de percuter notre satellite en 2032. Les conséquences pouvant être dramatiques, les scientifiques évoquent même une destruction par arme nucléaire. Les scientifiques n’ont pas pu établir la température actuelle de l’astre, mais l’étude suggère que, s’il a perduré pendant des milliards d’années, ce clivage thermique a pu modeler le paysage lunaire d’aujourd’hui.

