Ce pays envoie une claque particulièrement humiliante à Google et menace de le forcer à lister des résultats concurrents
Google risque de devoir commencer à lister des résultats de moteurs de recherche concurrents dans un pays voisin. Le régulateur du Royaume-Uni reproche en effet au moteur de recherche de cultiver sa position de monopole – avec des conséquences importantes sur l'accès à l'information et sur la libre concurrence.
Il est de ces ironies post-Brexit absolument délectables. Alors même que le Royaume-Uni souhaitait s'affranchir d'une régulation trop stricte de la Commission Européenne (entre autres raisons) et se rapprocher des États-Unis, le second mandat de Donald Trump conduit à un revirement géopolitique. Ce qui semble bien partie pour conduire, in fine, le pays à réguler encore plus les firmes américaines que ce qui se fait sur le Vieux Continent – c'est à dire, juste de l'autre côté de la Manche.
La Competition and Markets Authority (CMA), l'autorité des marchés sur les îles britanniques, enquête en effet sur les pratiques anti-concurrentielles du moteur de recherche Google. Or, même si il faudra attendre la fin de la procédure (courant octobre) pour de réelles accusations, ce qui se dessine est déjà est très sérieux pour la filiale d'Alphabet. L'autorité indique en effet à la firme qu'elle a tout intérêt à se plier à une feuille de route pour ouvrir la recherche en ligne à… la concurrence.
Et si Google.com listait aussi des résultats de moteurs de recherche concurrents ?
Cela pourrait se concrétiser par des popup, au Royaume-Uni, sur Google.com – proposant aux internautes d'utiliser un autre moteur de recherche. Ou à forcer la firme à inclure des résultats de recherche de moteurs concurrents sur sa page Google.com. Deux possibilités qui pourraient sembler impensables pour un service américain qui capte encore aujourd'hui plus de 90% des recherches en ligne des internautes.
Mais si cela se concrétise, cela pourrait faire grand bruit – et aider in fine la Commission Européenne à aller exactement dans la même direction. Ce que reproche, au fond, le régulateur avec le monopole de Google sur la recherche en ligne c'est son influence, et ce que cela coûte aux entreprises. La CMA affirme que les britanniques réalisent en moyenne 10 recherches Google par jour. Et que les entreprises dépensent annuellement en moyenne 33 000 £ (38 700 €) en publicités sur le moteur de recherche.
Un montant qui pourrait être bien moins élevé selon la CMA si le marché était réellement concurrentiel. La réaction de la firme ne s'est pas faite attendre. Avec un ton quelque peu martial par moments – un porte-parole de Google explique en effet que les changements proposés par le CMA “pourraient avoir des répercussions importantes pour les entreprises et les consommateurs au Royaume-Uni” : “La CMA a réaffirmé aujourd’hui que le statut de ‘marché stratégique' n’impliquait pas forcément qu’il y ait eu des pratiques anticoncurrentielles ; néanmoins, [les changements proposés par l'autorité. NDLR] posent des défis évidents à notre activité au Royaume-Uni”, a déclaré la firme.
Et d'ajouter : « le Royaume-Uni a historiquement bénéficié d’un accès anticipé aux innovations de Google », ce qui pourrait changer en cas de « réglementations punitives » – ce qui avait d'ailleurs été déjà également suggéré en marge de la Loi sur le Numérique en janvier. Reste maintenant à savoir si la CMA ira jusqu'au bout. Affaire à suivre.