Intelligence artificielle dans le smartphone : concrètement, à quoi ça sert ?

Les smartphones sont se plus en plus nombreux à êtres doués d'intelligence artificielle (IA) et la tendance devrait se poursuivre en 2018. Pourtant, derrière les annonces des constructeurs, il est difficile de vraiment prendre la mesure de ce à quoi peut vraiment servir un réseau neuronal dans un smartphone, ou tout du moins pourquoi il est si important que le SoC de votre prochain smartphone en soit doté… D'autant que les usages qui nous sont pour le moment semblent limités. Mais le sont-ils réellement ? L'intelligence artificielle dans le smartphone, à quoi ça sert ?

note 8 pixel 2 mate 10 pro iphone x

L'intelligence artificielle prend de plus en plus place dans notre quotidien, sans que l'on s'en rende toujours forcément compte. C'est devenu un vrai sujet qui suscite autant l'inquiétude qu'elle ne fait rêver. L'IA et le machine learning, c'est la promesse de pouvoir automatiser des tâches jusqu'ici réservées à l'être humain : reconnaissance des visages, retouche d'image intelligente, conduite autonome, synthèse vocale, mais aussi expression artistique… ne sont qu'une petite partie des usages possibles.

On lui prête d'ailleurs de provoquer à terme la suppression de nombreux emplois lorsque cette technologie sera réellement arrivée à maturité. Alors comme pour accompagner le mouvement, les grands constructeurs de smartphones proposent désormais des flagship doués d'intelligence artificielle grâce à de nouveaux SoC qui comportent une enclave spéciale dédiée aux réseaux neuronaux. Alors est-ce vraiment utile ? Quels sont les bénéfices pour le consommateur ?

Qu'est-ce que l'intelligence artificielle ?

On parle d'intelligence artificielle faible lorsqu'une machine est capable de simuler l'intelligence humaine et d'intelligence artificielle forte lorsque celle-ci est capable d’éprouver l'impression d'une réelle conscience de soi. Lorsque l'on parle, en 2018, d'intelligence artificielle, on parle du premier cas – pour l'heure, aucune machine capable d'une réelle conscience d'elle même n'a été créé. Donc pour éviter toute confusion ou fantasme lié au risque supposé d'une intelligence artificielle qui “serait capable d'éradiquer l'humanité” (on force le trait), nous parlerons d'intelligence artificielle faible : le type d'IA qui se retrouve, vous allez le voir, dans votre smartphone.

L'intelligence artificielle faible provient d'un besoin pragmatique. On sait automatiser de nombreuses tâches répétitives, mais certaines résistent – si bien qu'elles ne peuvent ou ne pouvaient jusqu'à il y a encore peu de temps être confiées à des ordinateurs. Cela a beaucoup changé grâce au machine learning, ou apprentissage machine c'est à dire l'élaboration de méthodes permettant à un ordinateur, via une approche systématisée, d'apprendre comment réaliser correctement une tâche donnée. Le machine learning s'illustre dans de nombreux tests et compétitions qui ont fait la Une des journaux.

Comme par exemple lorsque l'intelligence artificielle AlphaGo a terrassé le champion du monde de jeu de Go, un jeu réputé très complexe à simuler. Mais l'intelligence artificielle n'est plus qu'un simple objet de curiosité. Des cabinets d'avocats y ont par exemple recours pour examiner en quelques secondes la validité juridique de centaines de milliers de contrats. Ou encore les pouvoir publics britanniques pour ponctuellement repérer et verbaliser les resquilleurs du métro londonien en analysant les images du réseau de caméras de vidéosurveillance…

Galaxy Note 8, Google Pixel 2, Honor View 10, iPhone X… : pourquoi et comment l'intelligence artificielle a pris place dans le smartphone

Et voilà que l'intelligence artificielle arrive dans notre smartphone ! Elle y existait en réalité déjà avant que les différents constructeurs de smartphones ne proposent des SoC dotés d'une enclave dédiée à l'IA. Par exemple, les requêtes qui transitent par Google Assistant, Siri, ou Cortana sont traitées à chaque fois par une intelligence artificielle, ce qui améliore la reconnaissance vocale et permet dans certains cas de fournir des contenus plus pertinents. La vraie différence, c'est que ces enclaves permettent désormais de réaliser certaines opérations en local, c'est à dire sans envoyer de requêtes sur des serveurs.

Il était déjà possible en théorie d'utiliser le GPU de SoC plus anciens. Mais la présence d'une enclave permet d'optimiser le calcul nécessaire, pour éviter au passage que cela ne vide trop vite la batterie. Alors, en 2018 quels sont les SoC doués d'intelligence artificielle et les smartphones qui l'embarquent ? Il y a tout d'abord le SoC Kirin 970 dans les Huawei Mate 10 Pro et le Honor View 10. Son Neural Processing Unit permet d]améliorer la reconnaissance d'image et la reconnaissance vocale, tout en fournissant des ressources à Google Assistant et des API pour que les développeurs puissent l'exploiter.

Il y a aussi le Snapdragon 835 des Google Pixel 2 et Galaxy Note 8. Selon Qualcomm, le Hexagon DSP de ce SoC utilise une autre approche – il est réservé au machine learning et peut améliorer le rendement de certaines tâches comme la reconnaissance vocale – le GPU du SoC peut également être utilisé si besoin en complément pour une autre tâche simultanéeEnfin la mystérieuse puce A11 Bionic des iPhone 8 et X : celle-ci est entre-autres indispensable au dispositif de reconnaissance faciale Face ID, et à l'amélioration des photos et des vidéos. On sait néanmoins peu de choses sur son fonctionnement concret.

Enfin, comme le souligne l'un de nos lecteurs Plumplum, il y a aussi les SoC Mediatek Helio X20 et X30 – le fondeur spécialisé dans l'entrée/milieu de gamme faisant figure de précurseur dans le domaine de l'IA embarquée. On n'est néanmoins ici moins sur une enclave dédiée, que sur un fonctionnement optimisé de ses 10 coeurs et de son ISP pour la camera qui peut également être mis à parti pour l'intelligence artificielle. Des API et donc un SDK permettent aux développeurs d'en exploiter les possibilités. On trouve le X20 par exemple dans les Xiaomi Redmi Note 4 et le X30 dans le Meizu Pro 7.

C'est parce que les applications concrètes de l'intelligence artificielle se développent en lien avec le smartphone (photographie, VR, reconnaissance vocale, de visage, d'empreintes, d'iris, amélioration de l'enregistrement sonore…), et que la puissance des SoC monte en flèche que les smartphones haut de gamme passent tous à l'intelligence artificielle.

L'IA rend votre smartphone plus intelligent mais surtout plus sécurisé

Bien sûr, les fans d'Iron Man penseront sûrement à Jarvis à l'évocation de l'intelligence artificielle. Pourtant… n'espérez pas d'énormes améliorations du côté de votre assistant vocal. Certes, qu'il s'appelle Google Assistant, Siri ou Cortana, il peut faire de plus en plus de choses, mais il reste limité, SoC incluant la fameuse enclave ou non. Il reconnaît néanmoins de mieux en mieux la voix, et, dans le cas de Siri, la synthèse vocale monte d'un cran en qualité. Des évolutions sommes toutes assez faibles pour justifier l'achat d'un nouveau smartphone, surtout si vous n'utilisez que rarement l'assistant vocal !

Par contre, et c'est un avantage non négligeable : l'intelligence artificielle permet à un nombre croissant de tâches de s'exécuter en local, c'est à dire sur votre smartphone. Pour revenir à votre assistant vocal, lorsque vous faites une requête sur votre smartphone “dépourvu d'IA”, la requête transite par un serveur où elle sera traitée par une IA, avant d'être renvoyée sur votre smartphone. Cela implique des risques pour la vie privée, à une époque où cette question prend de plus en plus d'importance.

Sans l'intelligence artificielle directement sur le SoC, il serait également impossible de proposer des dispositifs de reconnaissance faciale, ou d'iris réellement sécurisés : là encore vos données biométriques devraient quitter votre smartphone, leur faisant courir des risques inconsidérés. Le traitement en local a beau ne pas être l'avancée la plus sexy de l'IA sur smartphone, c'est sans doute l'une des plus importantes pour l'utilisateur à cause de ses implications.

L'Intelligence artificielle, encore trop timide ?

Nous étions subjugués par les usages de Google Lens sur les nouveaux Pixel 2 : la caméra peut reconnaître en un tournemain les objets, lieux, et commerce et afficher des informations pertinentes à la volée. On pourrait imaginer demain que ce type d'usage se démocratise, ou tout du moins prenne de l'importance. Et que des développeurs trouvent des manières originales de mettre à parti le NPU dédié des derniers SoC pour proposer des applications utiles et innovantes dans ce type. Hélas, il faut encore se contenter pour l'essentiel de ce que fournissent Google, Samsung (avec Bixby) et Apple. Et les applications de ce type restent en fait assez limitées à l'usage.

Par contre, il y a d'autres apports de l'intelligence artificielle qui sautent moins aux yeux sur le moment, mais apportent un réel plus. C'est par exemple le cas en photo. Les Pixel 2 n'embarquent pas de double capteur et pourtant, selon divers tests, ont la meilleure qualité d'image du marché. Par quel tour de magie est-ce possible ? Dans les millisecondes après que vous ayez appuyé sur le déclencheur, l'IA repère toute seule les zones à éclaircir, les personnes, les arbres, les plantes, le paysages. Et retouche l'image en un clin d'oeil. Résultat : des photos superbes, sans trop y réfléchir. La chose a également été constatée dans notre test de la caméra de l'iPhone X.

Dans un futur proche (via mise à jour ?) les possibilités pourraient devenir nettement plus intéressantes. Imaginez par exemple que votre smartphone sache repérer lorsque vous êtes de mauvaise humeur, avez besoin de silence ? Ou que vous puissiez réellement discuter avec votre intelligence artificielle comme Tony Stark avec Jarvis (on ne lâchera pas le morceau…) ?

Conclusion : l'utilité de l'intelligence artificielle ne saute pas toujours aux yeux, mais cela pourrait vite changer

Oubliez le marketing : l'intelligence artificielle vaut-elle vraiment de changer de smartphone ? Pas pour le moment, sauf, évidemment si vous êtes early adopter. Certes, l'intelligence artificielle ajoute quelques plus qui aident réellement l'utilisateur, mais son implémentation reste trop timide, surtout en comparaison de celles dans le monde réel, hors de votre smartphone. La tendance qui s'empare des derniers flagship ressemble à cet égard davantage à un premier pas qu'à une intégration aboutie. Non pas que cela soit totalement inutile : mais ce n'est néanmoins clairement pas ce qui doit, en priorité, vous faire pencher pour un smartphone plus qu'un autre. Tout du moins pour le moment.

Surtout, pour le grand public, les prochains smartphones dotés d'intelligence artificielle devront proposer, sans doute, des assistants vocaux plus aboutis, pour que l'on puisse réellement “se rendre compte de ce que ça apporte” – une manière de l'incarner et d'interagir avec l'IA d'une façon plus naturelle que ne le permettent les assistants vocaux actuels. Et vous, êtes vous attiré par un smartphone doté d'intelligence artificielle ? Trouvez-vous que c'est plus utile que ce que nous avançons dans ce dossier ? Partagez votre opinion avec la communauté dans les commentaires !


Abonnez-vous gratuitement à la newsletter
Chaque jour, le meilleur de Phonandroid dans votre boite mail !
Réagissez à cet article !
Demandez nos derniers tutos !