Amazon Ring permet à la police d’espionner des millions d’utilisateurs sans autorisation

Amazon est-il en train de construire le plus grand réseau de surveillance de masse avec Ring ? La question se pose au vu nombre de partenariats qu’a scellés la firme avec les agences de police aux États-Unis. En seulement un mois, ces dernières ont formulé 22 000 demandes d’accès aux images filmées par les sonnettes.

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Crédits : Amazon

En décembre 2019, Amazon a enregistré 400 000 ventes de Ring, sa sonnette de surveillance connectée. Un chiffre impressionnant qui n’a fait qu’augmenter avec l’arrivée de la pandémie et des confinements. Aujourd’hui, ce sont des centaines de millions d’appareils qui sont installés à l’entrée des utilisateurs, enregistrant en permanence ce qui se passe devant leur maison. Dans une lettre écrite en 2020, l’ingénieur Max Eliaser a notifié sa direction que Ring n’est « tout simplement pas compatible avec l’idée d’une société libre ».

Le problème se trouve au niveau de l’accès des forces de police aux images filmées. Pour parfaire son réseau et aider les autorités dans leur travail, Amazon a signé de nombreux partenariats avec des commissariats américains. Depuis 2018, on en compte plus de 1800 à travers tout le pays, soit autant d’agences qui peuvent visionner les images enregistrées par Ring sans avoir à demander une quelconque autorisation. En effet, à l’heure actuelle, aucune loi ne restreint la police dans son utilisation ou le stockage des images de surveillance.

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La police peut surveiller des millions de personnes grâce à Amazon Ring

Certains avocats et activistes n’hésitent pas à dénoncer les limites éthiques de cette pratique. La frontière entre le travail de police standard et la surveillance de la population semble en effet bien floue alors que les sonnettes des utilisateurs sont transformées en caméras lambda auxquelles ont accès à tout moment les autorités. Ce sont ainsi 22 000 requêtes d’accès aux images filmées par Ring qu’a formulé la police américaine, et ce, pour le simple mois d’avril 2021.

Amazon semble pourtant avoir conscient de cet enjeu de taille, puisque la firme a déjà licencié des employés ayant abusé de leur accès aux vidéos. Mais la situation n’est visiblement pas la même avec les forces de l’ordre, la compagnie ayant tenté de leur vendre une technologie de reconnaissance faciale, alors même que ces intelligences artificielles sont pointées du doigt pour leur manque d’équité envers les différentes minorités. En réponse, Amazon a repoussé d’un an son utilisation par la police. Cette limitation prendra fin en juin prochain.

Suite à la publication de cet article, Ring a fait valoir son droit de réponse. La marque affirme que les forces de police ne peuvent accéder aux images enregistrées par les caméras que si les utilisateurs ont au préalable accepté la requête. Elle précise par ailleurs que d’autres services publics, comme les pompiers, peuvent formuler cette requête « dans une plage horaire de 12 h et un rayon d’environ 800 mètres ». En d’autres termes, « les forces de l’ordre n’auront jamais accès ni aux flux en direct, ni aux informations des utilisateurs, ni à la géolocalisation de leurs appareils ».

Source : The Guardian


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